Les actes de mauvais traitement et d’harcèlement dont auraient été victimes certaines ouvrières marocaines travaillant dans les exploitations agricoles espagnoles « restent très isolés, et ce genre d’abus n’épargne pas des ouvrières agricoles de différentes nationalités’’, a indiqué, mardi à Rabat, le ministre de l’Emploi et de l’Insertion professionnelle, Mohamed Yatim.
S’exprimant sur « la situation des ouvrières saisonnières marocaines dans les exploitations agricoles espagnoles », devant la commission des secteurs sociaux à la chambre de Représentants, M. Yatim a fait savoir que les informations recueillies auprès des différents sources et parties officielles montrent que les enquêtes diligentées par la garde espagnole ont permis d’auditionner 800 femmes marocaines et que les investigations ont permis d’enregistrer 12 cas de tentative d’harcèlement dont les auteurs sont 7 (4 Marocains et 3 Espagnols). Deux individus ont été arrêtés puis relâchés dans l’attente de la clôture de la procédure, tandis que les autres sont toujours soumis à l’enquête, a-t-il dit.
Le ministère suit, depuis le premier jour ainsi que les départements ministériels concernés et les autorités espagnoles, l’opération consistant à employer des ouvrières agricoles pour en garantir le succès, affirme le ministre soulignant l’engagement du département de tutelle à poursuivre la mobilisation et à prendre toutes les mesures visant à protéger et améliorer l’emploi des saisonnières marocaines.
M. Yatim a également souligné que son département est déterminé, aux côté des autres départements ministériels marocains et espagnols, à assurer le suivi de l’enquête menée par les autorités espagnoles au sujet des actes de mauvais traitement et d’harcèlement commis par des individus contre certaines travailleuses et à agir avec responsabilité.
M. Yatim a, en outre, rappelé qu’en application des recommandations de la 17-ème réunion de la commission mixte permanente sur la migration, tenue en avril dernier à Madrid, une délégation conjointe maroco-espagnole a effectué, les 10 et 11 mai courant, une visite de terrain dans la province espagnole de Huelva, pour s’enquérir des conditions de travail et de logement des ouvrières dans les exploitations agricoles espagnoles, de s’assurer des différentes prestations qui leur sont fournies pour les accompagner et faciliter leur intégration, ainsi que des contrats de travail sur place.
Concernant les résultats de cette visite, le ministre a indiqué qu’il a été procédé à l’examen avec la partie espagnole des différentes questions liées à la migration de la main-d’œuvre saisonnière, conformément à la volonté et la disposition affichées par les associations des entreprises espagnoles d’accorder davantage d’opportunités aux travailleuses marocaines au cours des prochaines années, de prolonger les permis de travail et de leur garantir la protection et le soutien nécessaires si elles font face à de telles pratiques.
Au niveau de suivi de l’opération de recrutement des ouvrières saisonnières dans la province de Huelva, M. Yatim a relevé que le ministère chargé des marocains résidant à l’étranger et des affaires de la migration a effectué fin mai une deuxième visite dans la province, tout en mettant l’accent sur la coordination des efforts entre les parties concernées, en vue de tenir des rencontres régulières entre le ministère de l’Emploi et de l’Insertion professionnelle et l’ambassade d’Espagne au Maroc.
Il a, en outre, indiqué que le retour au Maroc des ouvrières marocaines avait débuté le 25 mai 2018 et que l’opération se poursuivra jusqu’à juillet, précisant que l’accueil des ouvrières marocaines au niveau du port de Tanger est assuré par un staff relevant de l’Agence nationale de promotion de l’emploi et des compétences (ANAPEC) qui les sonde sur leur condition de travail et de séjour dans la ville espagnole.
Le ministre a également souligné la nécessité de mettre en place un mécanisme pour accompagner ces saisonnières durant toute la période de cueillette, à l’instar du système de « intermédiaires » adoptée en 2008 et 2009, évoquant le système de « médiatrices » (femmes marocaines maitrisant la langue espagnole) chargées du suivi des conditions des travailleurs sur place et la mise à la disposition des ouvrières d’une ligne verte pour contact ces intermédiaires en cas de besoin.
Il a, dans ce sens, mis l’accent sur l’amélioration des conditions de séjour des ouvrières dans certaines exploitations agricoles, dont le nombre demeure très limité, notant que les entreprises concernées qui attirent la main-d’œuvre étrangère sont tenues ainsi de respecter le cahier des charges fixé par les autorités espagnoles, tout en appelant à renforcer les campagnes de sensibilisation en faveur des ouvrières saisonnières candidates à l’émigration avant leur sortie du territoire national.
Pour leur part, les députés ont indiqué que les conditions sociales défavorables des ouvrières issues des zones rurales les mènent à travailler dans les exploitations agricoles espagnoles, notant que d’un point de vue juridique, ce type de contrat ne prévoit pas une protection suffisante pour elles, étant donné que les jours fériés ne sont pas rémunérés et leur régime de retraite n’est pas réglementé, compte tenu de la durée limitée du travail, de même qu’elles n’ont pas le droit à une représentation syndicale pour défendre leurs intérêts.
Ils ont également appelé d’agir d’urgence en vue d’apporter la protection à ces migrantes qui souffrent en silence des conditions sociales difficiles et des agressions et mauvais traitements inhumains, tout en veillant à respecter la dignité humaine, saluant les démarches entreprises par la justice espagnole afin d’agir convenablement avec les résultats de l’enquête judiciaire ouverte à ce propos et de rendre justice aux victimes.
(MAP)