Il faudra du temps, beaucoup de temps aux dizaines de milliers de supporters qui ont accompagné cette sélection marocaine en Russie, ainsi qu’aux millions de Marocains qui ont gardé les yeux rivés sur leurs écrans de télévision, scrutant une réussite de cette équipe à laquelle ils n’ont que «trop» cru et de laquelle ils attendaient beaucoup; pour oublier cette sortie, au 1er tour. Une sortie dont le moins que l’on puisse dire est qu’elle a été «injuste» sur tous les plans…
Si notre équipe ne s’était pas montrée à la hauteur, ou si ses joueurs avaient failli à leur mission, ou bien si le sélectionneur nous avait trompés, ou encore si la FRMF avait négligé cette équipe, on aurait dit que c’est la faute à tel ou tel élément de ce système…
Mais là, tout y était. L’équipe était on ne peut plus performante, les choix d’Hervé Renard étaient aussi indiscutables (sauf parfois, mais de sa position, il en avait toute la latitude, d’autant qu’il avait le courage d’assumer ses choix) et la Fédération veillait à offrir à cette équipe tous les moyens et les conditions qui lui ont permis d’être au top.
Il était vraiment navrant de voir une aussi bonne équipe sortir dès le premier tour. Experts, commentateurs, chroniqueurs, analystes et journalistes sportifs de par le monde (même chez les adversaires: TV et journaux espagnols et portugais, entre autres), s’accordent aujourd’hui à dire que le Maroc ne devait pas quitter la compétition si tôt. Une sortie qui reste incompréhensible sur le plan footballistique…
Surtout pour une équipe qui renouait avec cette prestigieuse compétition, après 20 ans d’absence et qui était décidée à aller le plus loin possible. Mais l’on en a décidé autrement…
Il restera que le Onze national a, durant ses trois matchs, produit du très bon football et les joueurs ont été derrière deux des meilleures (sinon les meilleures) prestations du Mondial russe. Sur le terrain, cette équipe à bien donné du fil à retordre aux stars galactiques du football et deux des favoris au sacre final, le Portugal (champion d’Europe) et l’Espagne (championne du monde).
Quand la défaite se fête
Face à l’Iran, une simple mauvaise passe et un manque de chance et de concentration avaient un peu compliqué les choses. Mais il fallait prendre en considération le fait que ce match était le premier en Coupe du monde après deux décennies d’absence et cela a aussi un peu joué. Pourtant, le match a été équilibré, bien négocié. Un match dont le résultat final (0-1) ne reflète pas vraiment le niveau tant technique qu’artistique…
S’ajoutera par la suite une force de caractère dont l’équipe a fait preuve, pour retrouver toute la confiance nécessaire et la totale possession de ses moyens, en vue de hisser son niveau au plus haut et briller de mille feux, poussée par un fantastique public qui, en harmonie avec ses protégés, a aussi établi un record d’affluence.
Lors des deux autres matchs, ils ont fait trembler la planète football avec, à la clé, un jeu plein.
Avec leur premier but, ils ont, certes, sauvé l’honneur en trouvant le chemin des filets, sur leur 29ème tentative depuis le début du tournoi. Preuve qu’ils n’ont jamais cadenassé les couloirs, ni la dernière ligne, imprimé du rythme et adossé leur philosophie sur l’offensive, leur style de jeu. Avec le point du nul, ils évitent le zéro pointé, en quête de cette valeur ajoutée pour se projeter dans l’avenir encore plus forts.
Au bout du compte, les Portugais, champions d’Europe, complètement maîtrisés avec un Ronaldo déséquilibré dans le jeu, au point de rater à deux reprises des coups-franc qu’il a l’habitude de mettre facilement dans la lucarne et un Pepe déchaîné, perdaient le nord et se montraient à la portée au fil du match… Là, commençait alors la partialité et l’arbitre américain sortait ses griffes, convaincu que s’il fallait un gagnant ce soir-là, ça ne pouvait être que le Portugal. Ce dernier qui a «bénéficié» d’une panne du «VAR» et auquel l’arbitre a refusé de recourir, après avoir fermé les yeux sur un penalty incontestable!
Ces erreurs d’arbitrage ont aussi avantagé l’Espagne que la sélection marocaine s’était fait un point d’honneur de gagner. Les poulains de Renard ont sorti le grand jeu, au point de neutraliser les Ramos, Piqué, Iniesta et autres grands noms de la «Roja», au point aussi de mener au score (2-1) durant la dernière partie du match. Mais cela n’a pas empêché l’Espagne de l’emporter en arrachant in extrémis et dans la douleur le partage des points, validé par l’assistance vidéo à l’arbitrage (VAR) et même sur «une énorme erreur d’arbitrage», puisque le corner du but égalisateur a été tiré du mauvais côté d’où la balle est sortie et ce, contrairement au règlement de la FIFA qui stipule que le «ballon doit être positionné dans la surface de coin la plus proche de l’endroit où le ballon a franchi la ligne de but»… C’est à croire que cette sélection marocaine était celle qu’il fallait à tout prix abattre et tout faire pour stopper sa montée et l’éliminer dès ce premier tour!
Le cumul de l’injustice d’arbitrage envers les Marocains n’a ainsi pas manqué et la dernière allait être même la faute la plus flagrante, le referee ayant sifflé le corner à gauche, mais ne réagissait pas quand les Espagnols le jouaient rapidement à droite.
Même déjà hors circuit pour la suite, les Marocains ne sont pas allés sur la pointe des pieds. Au contraire, l’effervescence et l’intensité ont été à leur comble quand ils ont fait montre d’un mental de combattant pour jouer le jeu, sans complaisance, ni concession et avec la volonté de faire vivre le ballon, de relever le challenge de ne point rentrer bredouilles et de donner force et énergie, obligeant les Ibériques à courir derrière le résultat, à sentir le boulet de la défaite et à travailler plus intensément que prévu; alors que la menace d’élimination rodait tout autour des champions du monde 2010 qui sont passés par toutes les émotions.
Et, avec du spectacle en plus et du punch, tout en allant braver les risques, l’équipe marocaine a traversé une bonne dynamique, réalisant des démonstrations de force et des prestations presque abouties. Il fallait apprécier à sa juste valeur l’embellie qui s’est dessinée au fil des sorties. L’équipe a répondu présente, a bien été des trois parties, même si les résultats ont fait défaut. Elle a indéniablement transformé le tout, pour se libérer un tant soit peu de cette pression «négative» paralysante des débuts.
Il faut dire que ces «glorieux» joueurs marocains ont eu, durant toute cette course du 1er tour, à affronter des équipes qui comptaient parfois 13 joueurs. Onze en face sur le terrain, un douzième qui est l’arbitre, venu pour ne siffler qu’en faveur des adversaires. Et ce 13ème élément qui n’est autre que la VAR, en panne d’abord, puis qui n’a marché que quand il s’agissait d’avantager l’autre équipe que tout le monde semblait ménager, car favorite! Et durant les 3 matchs, «dame» chance a tout fait pour rater son rendez-vous avec les Marocains en Russie…
Compte tenu de tous ces éléments, cette sortie des Lions de l’Atlas garde un goût de victoire. Et comme toute victoire, il est légitime de la fêter, car le Maroc a fini grâce, en premier lieu à Hervé Renard, à gagner une équipe nationale digne de ce nom et c’est déjà ça.
Hamid Dades