La régionalisation avancée, en tant que modèle de gouvernance territoriale, vise le renforcement de la participation de la population locale au processus de prise de décisions, permet d’aider la région de définir ses priorités de développement conformément à la Constitution de 2011 et de remédier aux disparités inter et intra-régionales.
Partant de cette thèse, la régionalisation avancée, en tant que chantier stratégique, revêt un caractère déterminant pour l’avenir du Maroc. Chantier dans lequel s’enchevêtrent les enjeux en termes de démocratie et de développement durable du pays.
Ce sont là quelques conclusions autour desquelles ont-été unanimes les participants à la 3ème édition du Morocco Today Forum (MTF 2018). Rencontre, initiée par Le Groupe Le Matin, sous le Haut Patronage de SM le Roi Mohammed VI, sur le thème «Disparités régionales, Écosystème pour la concrétisation d’un développement harmonieux».
En effet, la nouvelle politique territoriale du Maroc vise à doter les conseils de régions des prérogatives et des compétences pour la mise en œuvre des projets de développement à même de répondre aux préoccupations et attentes des populations en termes de création de postes d’emplois et d’amélioration des conditions de vie des catégories sociales défavorisées. Bien que nombre de défis reste encore à relever, la régionalisation avancée est devenue un modèle de développement économique et social, compte tenu de l’importance qu’elle accorde à la participation des citoyens dans la gestion démocratique des affaires des régions.
Les travaux du MTF 2018 qui est sorti avec des recommandations et des propositions concrètes pour faire de «la réussite de la régionalisation un modèle de transformation des structures de l’État et mettre en valeur ses nouveaux rôles», se sont ainsi articulés autour de quatre panels. Le premier a traité de «Régionalisation et dévolution des pouvoirs, entre compréhension du concept et mobilisation des acteurs». Le débat du deuxième panel s’est focalisé sur «Régionalisation et stratégie ascendante : quel apport pour le citoyen?», alors que le troisième a abordé le thème de «Compétitivité, complémentarité des territoires et partage de la croissance : comment y arriver?». Enfin, le quatrième panel a été consacré à «La régionalisation en culture».
L’avis des intervenants
Mohamed Haitami
PDG du Groupe le Matin
«L’objectif de cette rencontre est de créer un espace d’échange sur la régionalisation en tant que choix irréversible pour un développement harmonieux du Maroc et pouvant également répondre aux attentes de développement exprimées par des pays africains, dont des représentants de haut niveau participent à cet événement. À travers cette rencontre à dimension internationale, MTF 2018 ambitionne de participer au changement que connait le Maroc en alertant notamment sur la nécessité de redynamiser la régionalisation qui représente un projet de société, porté par SM le Roi.
A travers cet événement, le Groupe Le Matin aspire aussi à offrir une opportunité pour débattre des profondes réformes qu’a connues le Royaume en termes de gouvernance locale et mesurer le chemin parcouru et ce qui reste à réaliser pour parachever le processus de régionalisation avancée, démystifier ce concept et toucher du doigt les apports de la régionalisation pour le citoyen et démontrer que la régionalisation est un important levier de paix et de prospérité pour les États africains.
Le choix du thème de cette rencontre s’est imposé de lui-même et il devient nécessaire d’observer l’état des lieux, de faire un bilan de la situation et d’identifier les actions à mettre en place pour redynamiser le processus de la régionalisation».
Khalid Safir
Wali, DG des Collectivités Locales-Ministère de l’Intérieur
«Le processus de décentralisation représente pour le Maroc un choix irréversible et un chantier prioritaire’’. Ce processus a fait l’objet de plusieurs réformes permettant aux citoyennes et citoyens de disposer d’une administration de proximité, efficace, autonome, efficiente et à leur écoute. Ce processus, qui a été entamé dès les premières années de l’indépendance par la mise en place des structures fondamentales en 1960, s’est accentué avec la promulgation de la charte communale de 1976, puis s’est revigoré avec la naissance de la région comme nouvelle collectivité locale dont l’organisation était régie par la loi 47-96 avant de s’affirmer, récemment, avec la consécration de la régionalisation avancée par le texte constitutionnel de 2011.Aujourd’hui, les collectivités territoriales occupent une place primordiale dans les politiques et les programmes public. Le Maroc, sous la conduite éclairée de SM le Roi, a su capitaliser sur l’expérience vécue et ses acquis en matière de la démocratie locale, et ce à travers la construction d’un modèle de régionalisation basé essentiellement sur les spécificités institutionnelles et culturelles du pays. Ce Modèle est reconnu à l’échelle internationale».
Nizar Baraka
Président du Conseil Economique Social et Environnemental (CESE)
«Le processus de régionalisation, qui va bien au-delà d’une simple décentralisation, a été pensé comme un moyen et un objectif de modernisation de l’État. Ce processus constitue ainsi l’épine dorsale d’un Maroc nouveau permettant d’approfondir la démocratie locale, d’élaborer, au niveau régional, des stratégies et des plans spécifiques et adaptés de développement social, économique et environnemental et d’assurer une intégration et une véritable proximité dans l’élaboration, l’exécution et l’évaluation des politiques publiques.
La nouvelle Constitution est venue apporter un cadre institutionnel à la vision royale relative à la régionalisation avancée, faisant de la région une collectivité territoriale prépondérante, aussi bien du point de vue juridique que sur le plan des compétences, et accordant aux instances régionales la primauté ainsi qu’une grande marge de manœuvre administrative et financière dans le cadre d’une application vertueuse du principe de la subsidiarité. A travers un découpage administratif de 12 espaces régionaux équilibrés et complémentaires, la régionalisation est venue constituer un instrument de développement, et un véritable vecteur de territorialisation des politiques publiques».
Mustapha Bakkoury, Président de la région Casablanca-Settat
Les régions sont aujourd’hui confrontées à de multiples défis et en particulier les fortes disparités à la fois intra- et inter-régionale. Trois régions, dont en tête Casablanca-Settat, réalisent à elles seules plus de la moitié du PIB du Maroc et concentrent l’essentiel de la richesse, des infrastructures, des entreprises et des services dans le pays. Outre les écarts existant entre les régions, les disparités sont également notables au niveau de la même région comme il est constaté à Casablanca-Settat (exemple Sidi Bennour) ou encore à Drâa-Tafilalet (province de Tinghir).
Partant de ce constat, la régionalisation avancée est un chantier structurant à long terme qui constitue un levier gagnant. Il y a donc lieu de conjuguer les efforts à tous les niveaux afin d’en assurer le succès».
MTF 2018 Intense activité parallèle En marge du Forum, plusieurs événements majeurs ont été organisés à savoir la deuxième édition du Hackathon «Morocco Social Tech», organisée sur le thème ‘’Initiatives pour une smart région’’, avec la participation de jeunes porteurs de projets issus des différentes régions du Royaume. Les gagnants ont été primés lors de la séance plénière. Groupe Le Matin a aussi lancé un Creathon axé sur la thématique de la Smart Région, qui a connu la participation d’une brochette d’acteurs d’ONG locales et de chercheurs universitaires. De même, MTF 2018 a fait le point de la question, jeudi, dans le cadre du «Strategic African Conclave» qui a réuni les présidents de différentes régions marocaines, dont Mohand Laenser, président du Conseil de la région Fès-Meknès, et maires de métropoles africaines, autour du thème «La Régionalisation accélérateur de développement : quelles recommandations pour l’Afrique ?». Un autre fait marquant est l’organisation d’une table ronde regroupant des young thinkers, membres de think tanks de plusieurs pays, qui traitent de la thématique «Régionalisation : comment répondre aux problématiques de la jeunesse ?»