Dossier Où va l’Algérie ?

Bouteflika algerie

L’Algérie, un pays victime d’une farouche guerre de clans.
«J’y suis (même malade), j’y reste». Voici la devise du Président Abdelaziz Bouteflika dont le 3ème mandat touche à sa fin. Ce qui l’«oblige» à penser à une issue pour rester aux commandes de l’Algérie…

Âgé de 76 ans et au bout de 14 ans au pouvoir, Bouteflika semble avoir pris goût à la présidence et à ce fauteuil «présidentiel» auquel il semble s’accrocher davantage depuis son retour au pays, après une absence que lui a imposée sa maladie.
Une absence qui lui a permis quand même de réfléchir au renouveau et au souffle à donner au pays, ou plutôt à son pouvoir.
Il lui est donné par la constitution algérienne de réviser celle-ci à sa guise, d’où il peut très bien revoir sa copie et prolonger son actuel mandat de deux ans. Sinon, il prendra son courage à deux mains et se présentera aux présidentielles en 2014. Le président opterait pour cette dernière option comme en augurent, d’ailleurs, tous les changements qu’il a opérés au sein du renseignement militaire et son bouleversant remaniement gouvernemental.
Le président algérien, Abdelaziz Bouteflika, bien que convalescent depuis son hospitalisation en avril dernier, ne rate plus aucune occasion pour faire comprendre aux autres qu’il est toujours là. C’est ainsi qu’il a présidé, dimanche 29 septembre, un Conseil des ministres. Un conseil qui ne s’était plus tenu depuis celui du 30 décembre 2012 pour l’adoption de la loi des finances de l’année en cours. Les travaux du Conseil ont été gelés ensuite à cause de la maladie du chef de l’Etat, évacué le 27 avril en France pour un mini-AVC (accident cardio-vasculaire).

Trop occupé pour être malade

Le Conseil devait, selon la presse algérienne, se tenir mercredi 25 septembre mais… Un malaise du président aurait empêché sa tenue. Bouteflika devait même repartir en France pour se faire soigner. La presse française est allée jusqu’à parler de l’atterrissage de l’avion présidentiel dans l’hexagone, mais… Le président n’était pas dedans. Il se préparait à répartir le gâteau, lors du conseil qui allait se tenir trois jours plus tard, pour l’approbation de la loi de finances 2014 que la constitution impose avant le 30 septembre de l’année… Voilà pourquoi, même «convalescent», le super président travaille le dimanche.
Ce qui a été approuvé lors de ce conseil relève des banalités, (objectif de croissance économique, maîtrise de l’inflation et maintien des grands équilibres budgétaires), ce qui semble plus important c’est que Bouteflika ait souligné l’importance de prendre toutes les dispositions nécessaires en vue d’aborder «dans les meilleures conditions», les prochaines échéances politiques, autrement dit l’élection présidentielle prévue en avril 2014. Les observateurs y ont vu une claire intention de briguer un quatrième mandat. Surtout avec le soutien à une nouvelle candidature du Président, déclaré par le Rassemblement national démocratique (RND), le Mouvement populaire algérien (MPA) et le Rassemblement pour l’Espoir de l’Algérie, tous des alliés du FLN comme le soulignent les médias algériens. Le Parti des Travailleurs (PT) est allé un peu plus loin en se déclarant favorable à la non-limitation des mandats présidentiels.
Un parti qui vient juste de fêter son premier anniversaire, le «TAJ» a annoncé apporter également son soutien à Bouteflika si ce dernier décidait de se porter candidat à l’élection présidentielle.

Pour ou contre le président ?

Le parcours politique du Président Bouteflika montre qu’il s’agit d’un homme «accro» au pouvoir. Ce qui l’a amené à s’entourer d’hommes de confiance et d’hommes de main qui soutiendront son initiative et porteront sa candidature.
Les médias algériens évoquent de plus en plus la piste d’une nouvelle alliance présidentielle qui commence à se dessiner entre le FLN, le RND, le MPA et le REA.
Le peuple algérien, lui, est tenu à carreau et son avis ne semble pas être d’une importance majeure.
Mais si le Président Bouteflika a des alliés qui sont pour sa candidature, il a aussi des opposants. À commencer par le Mouvement de la société pour la paix (MSP, parti islamiste) qui rejette la réforme constitutionnelle «avant l’élection présidentielle» surtout que «les conditions actuelles ne permettent pas une entente politique» sur cette question, selon le président du MSP.
Sur un autre volet, les dégoûtés du favoritisme né de «l’ère Boutef», refusent de voir encore une fois le Président aux commandes, ce qui servirait plutôt les intérêts de son frère Saïd Bouteflika qui aspire aussi à la présidence et que beaucoup d’Algériens jugent inapte à ce poste et n’ayant pas l’étoffe de l’homme politique qu’il faut pour l’Algérie.
Bien que, pour certains, c’est lui qui gère et orchestre toutes les manigances du clan. L’on dit même dans la presse algérienne qu’il était derrière la mise en scène de la première parution du Président, après son hospitalisation et que «son ombre se reflétait clairement sur la vitre d’une armoire…», le spectre du vrai Président qui fait tout.
Mais, le Président Bouteflika semble, malgré tout, conscient du rejet que provoque chez certains Algériens une éventuelle succession de son frère. Voilà pourquoi il prend tout son temps pour préparer un autre «successeur». Celui-ci pourrait être son actuel premier ministre, Abdelmalek Sellal.
Ces manœuvres du clan Bouteflika ou «Clan d’Oujda», en référence à la ville natale du Président, sont suivies de très près par le clan d’en face. Celui, bien entendu, du DRS et de ses généraux, avec à leur tête Médiène et Béchir qui veulent à tout prix exploser le Clan Boutef mais qui paraissent, tout comme lui, affaiblis, car rattrapés par les handicaps de l’âge et de la santé.
En somme, si, à coup de matraques, le printemps arabe n’a pas rattrapé l’Algérie, le chaos pourrait bien s’y préparer pour cause d’un mandat présidentiel de plus.
Ceci, bien sûr, tient le peuple algérien loin des grandes questions se rapportant aux richesses du pays, à qui se les accapare, qui en profite et qui en bénéficie, aux conditions sociales de toute une population en proie au chômage, à la misère et à la précarité, à un pétrole dont nul ne sait rien, à part ceux qui se le partagent… Et enfin, au devenir de l’Algérie sœur, prise en otage par ses «commandeurs» trop occupés par la défense de leurs propres intérêts.

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Dossier réalisé par Hamid Dades

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Guerre des clans
Les armes du Président

Très instructive, la presse algérienne, partagée entre les clans et qui, pour enfoncer l’un ou défendre l’autre, ne s’empêche pas d’étaler certains scandales touchant les hautes sphères du commandement algérien. Il y a aussi la presse, la vraie, tel cet article qui souligne que le général Athmane Tartag (dit Béchir), (numéro deux du Département du renseignement et de la sécurité (DRS) géré d’une main de fer par l’autre général Médiène, alias Taoufik), «est déterminé comme jamais à faire imploser le clan Bouteflika et à empêcher le raïs de briguer un quatrième mandat en 2014». L’article ajoute: «Auréolé de ses succès dans la lutte anti-terroriste en Kabylie puis à In Amenas, ‘Béchir’ se lance à l’assaut de la Mouradia… Et c’est en toute conscience qu’il s’apprête à faire éclater la paix précaire conclue entre son patron Mohamed ‘Toufik’ Médiène et le chef de l’Etat».
Le chef d’orchestre des enquêtes anti-corruption qui secouent Alger, Tartag s’attaque à l’entourage direct d’Abdelaziz Bouteflika, jusqu’alors épargné. En témoigne l’annonce de l’audition prochaine du secrétaire particulier de Bouteflika Mohamed Rougab (dans le cadre d’une affaire d’attribution de logements sociaux). Autre victime du général, l’ex-ministre de l’énergie Chakib Khelil, passé entre les mailles de la première affaire Sonatrach, pourrait être rattrapé par ‘l’épisode deux’, qui s’appuie largement sur le travail des magistrats du parquet de Milan et est consacré aux commissions générées par les contrats passés entre le géant pétrolier et l’italien Saipem», (Conf. Maghreb Confidentiel).
Aucun avis de Taoufik sur la question n’a été relaté. Taoufik, tenu à l’écart ces derniers temps, si l’on en croit certains médias, ne saurait déclarer la guerre ouvertement parce qu’il redouterait les armes «administratives» aux mains du Président qui pourraient servir à des fins de vengeance.
Ainsi, Tartag a essayé, mais il a vite été poussé à la retraite, ainsi que d’autres responsables du DRS, récemment remplacés. Il s’agit du général-major Rachid Lallali, dit Attafi, en charge de la Direction de la documentation et de la sécurité extérieure (DDSE). Tartag lui, a été remplacé par le général Ali Bendaoud, qui était attaché militaire à l’ambassade d’Algérie à Paris.
Le colonel Zoheir, qui était en poste à l’ambassade d’Algérie en Espagne a pris la place de Rachid Lallali, âgé de 75 ans. Le changement a concerné même le commandement de la Gendarmerie nationale, puisque le général-major Ahmed Bousteila a été, lui aussi, admis à la retraite. C’est son adjoint, le général Mohamed Menad, qui assumera désormais la fonction de commandant de la Gendarmerie nationale.

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Gouvernement
Les commandes changent de mains

Le président algérien, Abdelaziz Bouteflika, a procédé, mercredi 11 septembre 2013, à un important remaniement ministériel portant sur plusieurs ministères de souveraineté…

À l’heure où une opposition à son éventuelle candidature à la présidentielle d’avril 2014 se déclare, le Président se montre combatif et limoge ou démet de leurs fonctions tous les ministres susceptibles de déranger ses plans de préparation d’une relève.
Si Abdelmalek Sellal a été maintenu à son poste de chef de gouvernement, les ministres de l’Intérieur, de la Défense, des Affaires étrangères et de la Justice ont été changés. Ainsi, Tayeb Belaïz, président du Conseil constitutionnel, a été nommé ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur et des collectivités locales, Ahmed Gaïd Salah a été désigné vice-ministre de la Défense nationale, tout en restant au poste de chef d’état-major de l’armée algérienne (ANP). Le diplomate Ramdane Lamamra a été désigné ministre des Affaires étrangères (c’est l’homme censé faire trembler le Maroc) et Tayeb Louh, ancien ministre du travail, a été nommé ministre de la Justice. Alors que l’on disait de ses multiples consultations avec le Premier ministre et le chef de la diplomatie, constatées depuis son retour de Paris, qu’elles étaient destinées à faire un point sur «la rentrée sociale et scolaire» et sur la situation internationale, il s’est avéré que le Président préparait ce remaniement. Tous les nouveaux ministres sont de son clan et lui sont dévoués. L’Intérieur et la Justice reviennent directement au premier cercle d’amis de Said Bouteflika. Les walis nouveaux entrants sont également, indépendamment de leur compétence professionnelle, connues pour être proches de la famille présidentielle.
Autre remarque, le remaniement ministériel ne semble pas avoir été négocié par le Président avec Taoufik, comme c’est le cas depuis 1999. Le clan Bouteflika semble aussi avoir sévèrement sanctionné des ministres qui n’ont pas montré leur soutien au projet présidentiel d’un 4ème mandat, ni au Président lorsqu’il était hospitalisé.

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Clan Bouteflika
Un cercle bien fermé

En plus de ses deux frères, Saïd et Nacer, conseillers spéciaux de Bouteflika, le clan du Président se compose du trio Mohamed Rougab, secrétaire particulier du chef de l’État, Mokhtar Reguieg, son directeur général du protocole et Logbi Habba, secrétaire général. Les instructions présidentielles, passent la plupart du temps par Mohamed Rougab.
Logbi Habba fait état d’interface avec la classe politique et entretient des contacts réguliers avec les différents leaders, puis rend compte au Président. Chef suprême des forces armées, le Président reçoit souvent les généraux de corps d’armée: Gaïd Salah, chef d’état-major et Mohamed Mediène, dit «Toufik», patron du Département du renseignement et de la sécurité (DRS). Bouteflika rencontre aussi régulièrement son présumé «successeur», Abdelmalek Sellal. En dehors, depuis un certain temps, de Toufik, c’est à ce niveau et au sein de ce cercle très réduit que se décide le sort de tout le pays, l’Algérie qui compte un peu plus de 38 millions d’habitants.

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DRS
L’épée de Damoclès

Les services secrets existent en Algérie depuis 1958. En septembre de cette année, le MALG, ancêtre des services secrets algériens, a été créé par Abdelhafid Boussouf.
En 1962, sous la présidence Boumediène, la Sécurité militaire a été créée. En 1965, le service est alors confié par le Président à Kasdi Merbah, jusqu’en 1979.
En 1981, Chadli Benjdid déstructure la direction centrale de la Sécurité militaire, dirigée un moment par Yazid Zerhouni (un des fidèles et dévoués, lâché plus tard par Bouteflika) et crée la Direction générale de prévention et de sécurité (DGPS), dirigée par Lakehal Ayat. Ce dernier et limogé en octobre 1988 et remplacé par Mohamed Betchine.
Le 4 septembre 1990, l’actuel DRS a été créé avec à sa tête le colonel Toufik, sous l’égide du ministre de la Défense de l’époque, Khaled Nezzar.
Si les ancêtres du DRS n’avaient pas de main sur «le pouvoir», c’est bien depuis Benjdid et la création de la DGPS que les services sont devenus très actifs et très influents, au point qu’ils représentaient même une sérieuse menace pour le pouvoir. D’où leur force de décision et d’intervention, adossée à près d’un quart de siècle d’existence et de commandement assuré par le général Taoufik. Général dont Bouteflika a aujourd’hui beaucoup de mal à évincer. Et ce, bien qu’il l’ait «surpris» avec ce dernier remaniement ministériel. Taoufik est encore là et prépare sûrement sa riposte, puisque, depuis 23 ans déjà, en Algérie, le pouvoir est aux mains des généraux et l’Etat c’est le DRS.

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e-réactions
Boutef «Dégage»!

Voilà ce que l’Algérie dit dans sa presse électronique. Pas si crûment mais avec une ironie qui traduit toute l’amertume d’un peuple qui n’en peut plus.
«Merci Monsieur le président, mais partez! Monsieur le président, nous tenons à vous dire MERCI pour tout ce que vous avez réalisé depuis presque 15ans ! Mais aujourd’hui vous êtes malade, fatigué et il est temps de se reposer, il est temps de prendre votre retraite, des vacances bien méritées…» lit-on dans un article paru sur «lematindz.net». L’article remercie en effet Bouteflika pour les scandales financiers, la gestion catastrophique du système éducatif, la contribution à la dégradation de la culture et du patrimoine algériens, en gaspillant des milliards dans «des événements pourris et sans continuité !» et pour le secteur de la santé et les millions de malades traités avec une médiocrité assurée!
Il évoque ensuite les scandales financiers de Sonatrach et le pillage de l’argent du peuple… Pour conclure sur la même note et supplier le Président de partir!
Les commentaires sur cet article étaient tous aussi expressifs et sont partis sur le même rythme, remerciant encore le Président «d’avoir créé la prostitution, la misère et d’avoir incité les jeunes à se droguer… ». Ils évoquent tous les malheurs du peuple, ses harraga, ses désespérés et ses suicidés… En plus de la corruption qui gangrène le pays et du chômage…
Dans un autre commentaire, il est dit que les Algériens peuvent bien vivre en Algérie sans «Monsieur» le Président… Voilà qui prouve qu’en Algérie ça ne va pas vraiment, sinon, ça ne va plus du tout, que l’heure est grave et que les «citoyens» en ont assez! Sinon comment comprendre ce commentaire «ce n’est pas avec la salive qu’on éteint les incendies, le pays brule de toutes ses composantes à cause d’une poignée de pyromanes. 36 millions de pompiers n’arrivent pas à maitriser la situation. Faute de quoi? d’ARMES citoyens!!!!!». C’est clairement un appel à la révolte de citoyens excédés que poursuit d’ailleurs cet autre commentaire: «Vous avez exprimé la pensée de « la majorité silencieuse »… Qui se cache encore…».
Il s’agit là d’avis d’Algériens et non de propos propagandistes, qu’une certaine presse d’Algérie devrait prendre le temps de méditer, au lieu de s’acharner sur le Maroc, oubliant qu’avant de vouloir balayer chez les autres, il faut commencer par balayer chez soi !

 


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