CGLU 2013 : Quel futur pour nos Cités?

Cglu Rabat 2013

De Paris à Rabat, les gouvernements locaux se sont attelés à définir les meilleurs moyens d’améliorer la qualité de vie des citoyens et de mettre en œuvre une meilleure planification stratégique urbaine, doublée d’une meilleure gouvernance. Le défi est aussi grand que les ambitions.

Quatre jours durant (du 1er au 4 octobre 2013), la Cité de Rabat, sacrée par l’UNESCO «patrimoine culturel», a abrité le plus grand rassemblement d’élus locaux et régionaux du monde; un sommet mondial des maires de villes prestigieuses auquel ont pris part 3.500 délégués, dont 1.270 nationaux, représentant 120 pays, dont 34 africains.
Le menu de ce 4ème congrès mondial des Cités et Gouvernements Locaux Unis (CGLU), qui fait suite au Congrès fondateur de Paris en 2004, au sommet de Jeju (Corée du Sud) en 2007 et au 3ème congrès à Mexico en 2010, est révélateur des attentes des organisateurs et des délégués: «Imaginer la société, construire la Démocratie»; en incluant d’autres thématiques tout aussi réalistes qu’ambitieuses, dont «l’amélioration de la qualité de vie des populations des villes, la gestion et la diversité», en plus d’un thème d’actualité, à savoir «la bonne gouvernance et la solidarité entre les territoires».
La Lettre royale adressée aux congressistes, dont le Maire de Rabat, Fathallah Oualalou, a donné lecture lors de la séance d’ouverture, a été adoptée par le Congrès pour sa pertinence et sa vision à court et long termes. SM Mohammed VI y a appelé les congressistes à promouvoir le développement économique, favoriser l’investissement dans le capital humain, renforcer les liens de solidarité entre les collectivités territoriales, adopter une démarche innovante dans la gestion de la diversité au sein de ces collectivités et maîtriser l’avenir de l’essor urbanistique en cours. Autant de préoccupations d’une brûlante actualité qui ont animé les débats des multiples tables rondes thématiques et sessions parallèles, lesquelles ont été unanimes à appeler à la nécessaire accélération et consolidation des processus de décentralisation pour répondre aux urgences sociales et assurer une péréquation entre les régions pour une meilleure solidarité intra régionale, tenant compte de la nécessaire mise en œuvre de la démocratie locale, élément clé du développement local.
Une des recommandations les plus pertinentes de la plénière introductive a trait au transfert nécessaire du pouvoir et des ressources financières en direction des élus locaux, afin de permettre aux collectivités locales de compter sur leurs propres ressources et d’assurer une présence et un renforcement prioritaire des capacités des femmes et des jeunes.
Une grande partie du débat au sein des tables rondes s’est axée sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle pour les villes et les régions. Il en est ressorti que l’alimentation nutritive est un droit universel qu’il faut inclure dans l’agenda des CGLU en tant que question transversale liée à l’inclusion sociale, au développement économique local, au changement climatique et à la mobilité.
L’initiative audacieuse du Maroc, qui accorde à ses provinces du sud une autonomie permettant aux populations de la région de gérer démocratiquement leurs affaires locales dans le cadre de l’unité du Royaume, a conféré sérieux et crédibilité à ses approches pragmatiques. Le message royal a également appelé à réfléchir aux meilleures solutions qui pourraient être adoptées dans les différents domaines de gestion locale et d’identifier les voies et moyens scientifiques les plus efficients, en vue de promouvoir la bonne gouvernance dans la gestion des villes.
Sensibles aux orientations royales, les panélistes ont prôné la nécessité de développer de nouveaux processus et outils de consultation des populations locales, notamment par la mise en place d’une démocratie participative et citoyenne. L’égalité des genres ne devrait pas être considérée comme une fin en soi, mais bien comme un moyen et outil de promotion de la démocratie et de la gouvernance locales. Le message royal a tant favorablement marqué les esprits que plus d’un délégué en ont cité des extraits. Le Maire d’Istanbul s’en est largement inspiré lors de la conférence de presse qu’il a tenue conjointement avec son homologue de Rabat, Oualalou.
Pour les participants au Sommet mondial des CGLU, les objectifs sont clairement définis. Il s’agit d’innover, de construire la démocratie, d’améliorer la bonne gouvernance, de favoriser et de maîtriser l’avenir de l’essor urbanistique en cours. Certains considèrent ce sommet comme «l’ONU des villes». Ce qui fait dire au maire Oualalou que maintenir la cohésion sociale et la solidarité au sein de la ville ou du territoire n’est pas une alchimie facile et que la situation est encore plus compliquée quand on se trouve face à des villes à pauvreté majoritaire, comme c’est généralement le cas en Afrique. Mais pas le faire, conclut-il, «c’est se condamner à ne pas tirer tout le profit que les villes d’Afrique peuvent donner du potentiel économique du Continent».
Ainsi, en l’espace de quatre jours vite passés, le rendez-vous de Rabat a su mettre le doigt sur la nécessaire remise en question de l’urbanisation et les nécessaires stratégies à élaborer pour souligner le rôle que les villes sont dorénavant appelées à jouer dans le concert des nations.
A Rabat donc, une nouvelle génération de préoccupations a été mise sur la table et le dialogue a été engagé, serein, réaliste et ambitieux. Les stratégies, les solutions et les remèdes sont maintenant du ressort de l’après-Rabat 2013 et de la responsabilité des cités et des gouvernements locaux qui doivent s’y atteler dès maintenant, dans la perspective du 5ème Sommet mondial prévu à Bogota en 2016.

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Mohammed Nafaa
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A quoi sert la CFLD ?

Présidée depuis 2009 par la ville de Rabat, la Commission des Finances Locales pour le Développement (CFLD) a pour mission de favoriser l’accès des collectivités locales aux financements. Elle représente à cet égard un outil essentiel à l’élaboration des politiques et des plaidoyers que les CGLU (Cités et gouvernements Locaux Unis) portent sur la scène internationale.
Dans un contexte d’urbanisation croissante et de raréfaction des recettes, alors que les gouvernements locaux assurent de nombreuses responsabilités visant à satisfaire les besoins essentiels de la population, les financements permettant d’œuvrer en faveur du développement local sont loin d’être à la hauteur des enjeux. Les différentes études menées sur les finances locales, notamment le rapport GOLD II, font bien ressortir l’insuffisance des ressources des gouvernements locaux.
Dans ces conditions, l’amélioration des conditions de vie des populations tarde à se concrétiser et le renforcement de la décentralisation financière s’avère incontournable pour rendre la décentralisation crédible. En effet, celle-ci risque fort d’être perçue comme un rêve irréalisable si les transferts de compétences aux gouvernements locaux ne permettent pas d’améliorer la qualité de vie des citoyens.

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A noter

60% de population urbaine en 2030
En 2030, plus de 60% des hommes et des femmes vivront dans les villes, ce qui se traduirait par une urbanisation croissante dans toutes les régions du monde et ferait que les villes, les métropoles et les régions soient au centre des problèmes, mais aussi au cœur des solutions pour traiter les grandes questions énergétiques, sociales et culturelles qui se poseraient.

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Ils ont dit…

Caroline Toha, maire de Santiago

Caroline toha
«Nous nous devons d’être pragmatiques pour permettre aux citoyens de jouir de tous les droits en les impliquant dans un processus de démocratie participative qui prend compte leur diversité».

Bertrand Delanoë, maire de Paris

Bertrand delano

«Nous attendons des collectivités locales, quelles que soient leurs différences, qu’elles soient au service de la paix dans le monde. Car, c’est au niveau de nos villes que nous devons relever le défi de la justice sociale, de l’inclusion, du développement rural et de la diversité».

Serpil Bagriacik, conseiller à la municipalité d’Istanbul

Serpil bagriacik

«Comme dans tous les pays, les femmes doivent se battre pour se faire entendre. Toutefois, les choses changent. Le gouvernement actuel turc applique un quota pour les femmes, mais il reste faible: 14% au niveau du parlement et les femmes ne sont représentées qu’à hauteur de 3% au niveau local».

Fathallah Oualalou, maire de Rabat

Fathallah oualalou

«Il serait peut-être temps d’inventer en Afrique un classement des villes spécifique aux conditions et à la qualité de vie sur le Continent, en référence aux pratiques de consommation sur le Continent. On construirait alors un indice comparatif qui donnerait une idée plus juste de l’attractivité des villes africaines».

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