Electrique et mouvementée, c’est ainsi qu’observateurs, analystes et médias ont qualifié l’actuelle rentrée politique. En cause, la guerre des déclarations entre les deux alliés de la coalition gouvernementale, le PJD et le RNI.
Elle a failli faire sauter en éclat une majorité que le chef de gouvernement et secrétaire général du parti de la lanterne, Saâd-Eddine El Othmani, a peiné -et peine toujours- à consolider et à pérenniser. C’est le discours de Rachid Talbi Alami qui a mis le feu aux poudres, soutenu plus tard par Aziz Akhannouch et Mohamed Aujjar. Les frères d’El Othmani ont tout de suite réagi, en tête et le plus virulent, Mustapha Ramid. Ne démordant pas, celui-ci a mis la barre très haut en appelant les RNIstes à faire des excuses au PJD.
La réaction verbale de nombre de PJDistes, en tête Souleiman Amrani, membre du secrétariat général du PJD, a mis de l’huile sur le feu et embarrassé El Othmani qui a mis le paquet pour sauver son gouvernement et maintenir une coalition fragilisée à outrance par les partenaires. Ce qui a obligé le chef de gouvernement à intervenir sur tous les fronts, pour se voir transformé en pompier, avec pour mission, d’éteindre le feu des déclarations menaçant la majorité gouvernementale. D’autant plus que certains analystes estiment qu’El Othmani fait face à des difficultés pour remettre le train en marche et, pour ce, il n’hésiterait pas à se débarrasser du legs de son prédécesseur, Abdelilah Benkirane, à savoir neutraliser ou carrément éliminer du gouvernement les partis avec lesquels il n’a pas d’affinités idéologiques. Il s’agit en premier lieu du parti de l’allié «d’hier et d’aujourd’hui», Nabil Benabdallah qui n’a pas hésité à poser, au PJD, de nouvelles conditions pour continuer à siéger au gouvernement.
Initiatives concrètes
Plaçant la barre très haut, le PPS, par la voix de son patron, exige des initiatives concrètes pour «améliorer la situation au Maroc sur les plans social et politique». C’est à ce prix, a dit Benabdallah, que le parti restera au gouvernement et il appartiendra alors au Comité central du parti de déterminer la position du PPS.
Eteindre l’incendie
En se maintenant sous la casquette de pompier pour éteindre l’incendie qui risque d’emporter la majorité gouvernementale, le chef de gouvernement a convoqué une réunion dans sa résidence, à laquelle il a invité les partis de la majorité. Pour garantir le succès de cette réunion, El Othmani a tout fait pour éviter que les sujets qui fâchent, à savoir les conflits issus des guerres de déclarations, ne soient pas évoqués et que les protagonistes tournent la page et se focalisent essentiellement sur la situation dans le pays, le volet sociopolitique plus particulièrement; une manière de caresser dans le sens du poil l’égo des citoyens qui n’ont plus confiance en les politiciens et désertent de plus en plus la scène politique, supportés en cela par le déchaînement sur les réseaux sociaux qui fonctionnent à plein régime.
L’appel de l’USFP
Si le chef de gouvernement, Saâd-Eddine El Othmani, a peu ou prou réussi à neutraliser le débat, au cours de cette réunion, sur la guerre des déclarations (PJD-RNI), il n’a pas pour autant apprécié l’appel de l’USFP à augmenter de 500 DH/mois les salaires des fonctionnaires.
Quel conseiller?
Une autre question a empêché la bonne marche de la réunion de la majorité gouvernementale: le désaccord sur le choix, à la mi-octobre au Parlement, du nouveau président de la Chambre des conseillers. L’actuel président (PAM), en l’occurrence Hakim Benchemas, ne cache pas son désir de rempiler, alors que son concurrent d’hier et d’aujourd’hui, l’Istiqlalien Ali Kayouh, espère prendre sa revanche, lui qui avait été si près de la victoire avec une seule voix d’écart.
Face à cette impasse, El Othmani pourrait tenir une ultime réunion, soit pour trancher -entre les partis de la majorité-, soit pour laisser la liberté de manœuvre aux conseillers pour voter en leur âme et conscience.
Mohammed Nafaa
Les 5 crises qui ont failli faire éclater la majorité Cinq crises ont failli faire éclater la majorité gouvernementale. Il s’agit, d’abord, d’une déclaration on ne peut plus fracassante de l’ex- chef de gouvernement, Abdelilah Benkirane, qui a considéré que le chef du RNI, Aziz Akhannouch, constitue un danger pour l’Etat. La deuxième crise n’est autre que le dossier brûlant des projets d’Al Hoceima. La troisième crise, c’est cette patate chaude de la retraite des parlementaires. La quatrième, à laquelle Saâd-Eddine El Othmani a eu à faire face, a été la décision d’éliminer le département ministériel de Charafat Afailal (PPS). Et la cinquième, c’est cette affaire ayant mis face à face deux important alliés de la majorité gouvernementale, le PJD et le RNI.