Sukuk : Une première émission réussie

Sukuk : Une première émission réussie

En matière de finance participative, ce vendredi 5 octobre 2018 fera sans doute date. En effet, c’est ce jour-là qu’a eu lieu la première émission de certificats de Sukuk souverains au Maroc. 

Elément manquant, à ce jour, à cet écosystème nouvellement né dans le monde de la finance, les certificats de Sukuk, objet de cette émission inaugurale, sont de type Ijara et portent sur un montant de 1 MMDH, amortissable sur une durée de 5 ans. Cette précision a été apportée par le ministère de l’Economie et des Finances qui a, à l’occasion, souligné que ces certificats offrent un rendement annuel de 2,66%.

C’est quoi au juste?

Ces Sukuk souverains sont adossés à un droit d’usufruit constitué, sur des actifs immobiliers appartenant à l’Etat, au profit du fonds de titrisation créé à cet effet. Ce fonds procède à la location de ses actifs sur une période de 5 ans et les loyers annuels générés seront distribués aux porteurs de ces certificats de Sukuk.
Cette première émission a été réservée aux investisseurs résidents, dont principalement les banques participatives et conventionnelles, les compagnies d’assurance, les Caisses de retraite et les Organismes de placement collectif en valeurs mobilières (OPCVM).

Les demandes de souscription se sont élevées à près de 3,6 MMDH et ont été servies à hauteur de 28%, soit un taux de sursouscription de 3,6 fois. Le ministère a fait savoir, à cet effet, que les investisseurs institutionnels participatifs ont été servis à hauteur de 35%. Il a aussi souligné: «Ces certificats de Sukuk sont d’une importance capitale pour le développement de la finance participative au Maroc. Ils permettront aux différents acteurs de la finance participative de gérer leur liquidité et d’optimiser la gestion de leurs ressources». Ces certificats servent de référence pour les acteurs financiers, de manière générale et les acteurs de la finance participative, en particulier. Ce nouvel instrument permettra, par ailleurs, à l’Etat de diversifier ses instruments de financement et d’élargir sa base d’investisseurs.

Et le dépositaire est… Al Akhdar Bank

En effet, c’est Al Akhdar Bank, Banque participative filiale du Groupe Crédit Agricole du Maroc (GCAM) et de la Société islamique pour le développement du secteur privé (ICD PS), qui a été désignée en tant qu’établissement dépositaire, pour accompagner cette première émission de Sukuk souverains au Maroc.
Al Akhdar Bank sera ainsi tenue de garder et de conserver les actifs du Fonds de Titrisation qui va émettre les premiers certificats de Sukuk au Maroc, sous forme de Sukuk Ijara.

Sukuk : Première émission en juillet

C’est à la suite d’un appel d’offres restreint lancé par Maghreb Titrisation, auquel ont participé plusieurs banques participatives, qu’Al Akhdar Bank a été sélectionnée comme le seul dépositaire du fonds Sukuk.

Le choix du dépositaire s’est appuyé sur une évaluation technique des capacités organisationnelles et humaines des banques en concurrence et plus spécifiquement de l’organisation de leur activité dépositaire et des moyens humains et techniques qu’ils y ont alloués. Al Akhdar Bank s’est ainsi distinguée  par une offre à la hauteur des exigences pour cette première émission souveraine. Elle se trouve, à cet effet, chargée d’assurer la garde et la conservation des actifs du fonds et de ses compartiments, ainsi que de la tenue des comptes de paiement qui doivent être ouverts pour tous les compartiments prévus.

En se positionnant comme un acteur clé dans cette émission souveraine de Sukuk, cette filiale du GCAM et de l’ICD PS confirme sa volonté de participer activement dans la mise en place d’un écosystème solide pour l’industrie de la finance participative. Elle vise, en même temps, à étendre ses activités pour accompagner l’essor prévu des instruments de placement et d’investissement participatifs au Maroc.

Les raisons d’un engouement

Si l’émission de Sukuk a été fortement attendue par les professionnels de la finance participative, c’est parce que ces instruments financiers sont considérés comme la meilleure alternative pour la mobilisation de l’épargne à moyen et long termes et des placements des investisseurs à la recherche d’instruments conformes aux principes de la finance participative.

Ces certificats devraient également être utilisés par les banques participatives et les compagnies d’assurance Takaful, comme un instrument de gestion de la liquidité, si leur caractère négociable se confirme après la validation du Conseil Supérieur des Oulémas (CSO).

Cette première émission permettra également de créer un nouveau marché des Sukuk et constituera une référence en termes de structuration et de coût de levée de fonds; ce qui devrait encourager d’autres émetteurs privés à envisager les Sukuk comme un instrument alternatif pour diversifier leurs sources de financement.
Al Akhdar Bank, qui a commencé son activité en novembre 2017 avec comme objectif d’être une banque participative pour tous les Marocains, est aujourd’hui représentée sur le marché à travers 8 agences bancaires à Rabat, Casablanca, Agadir, Nador, Berkane et Benslimane. La banque compte étendre son réseau pour atteindre une quarantaine de points de vente d’ici 2021, en assurant une couverture territoriale large pour servir tous les segments de clients ciblés (particuliers, professionnels, entreprises et agriculteurs).

Sukuks Ce gisement de financement...

Elle offre actuellement, à travers son réseau, tous les services bancaires (comptes de dépôt et d’épargne, moyens de paiement, cartes monétiques, banque en ligne, etc.), ainsi que des solutions de financement destinées aux personnes physiques et morales, pour le financement de l’immobilier, des véhicules et de l’équipement, principalement à travers la Mourabaha et, depuis le 5 octobre, Ijara, en attendant le Salam

Selon une étude de l’Autorité Marocaine du Marché des Capitaux (AMMC) intitulée «Sukuk, quel potentiel de développement au Maroc?» les Sukuk sont définis comme des «certificats d’investissement adossés à des actifs spécifiques corporels ou incorporels, dont la propriété est transférée au porteur. Ce dernier s’expose ainsi au risque de l’actif et est rémunéré en fonction de ses performances».

Dans cette étude qui a porté sur un échantillon d’émetteurs et d’investisseurs institutionnels marocains, l’AMMC a évalué le potentiel de l’épargne institutionnelle pouvant être drainée par les instruments financiers islamiques.

Les résultats ont fait ressortir que 90% de l’échantillon pourraient envisager d’émettre un Sukuk, si le cadre légal et réglementaire au Maroc le permettait; tandis que 62% estiment que c’est un instrument complémentaire aux produits de financement déjà existant et 25% le considèrent comme étant un substitut à l’obligation classique.
L’étude indique également que 50% de l’échantillon choisiraient d’émettre des Sukuk à la place d’une obligation classique, si les coûts relatifs à chaque instrument étaient identiques, 13% opteraient pour des Sukuk sans considération de coût, 92% déclarent connaître la finance islamique et les Sukuk et 75% portent un avis positif sur cet instrument, en insistant sur son attractivité pour drainer une épargne potentielle, non captée par la finance conventionnelle.

H. Dades

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