A notre grande surprise, le discours royal prononcé le 11 octobre dernier devant le Parlement, à l’occasion de l’ouverture de la session d’automne, a eu en Algérie plus d’écho qu’au Maroc-même.
Pour être plus précis, ce discours comportait essentiellement 2 volets. Le 1er avait trait à la mauvaise gestion de Casablanca et le second au dossier du Sahara.
Au Maroc, on a surtout réagi à la situation calamiteuse de la capitale économique, dénoncée par le Souverain. Tandis qu’en Algérie, le feu nourri de la presse (citant parfois de hauts responsables qui ont voulu garder l’anonymat) nous a révélé la grosse colère de nos voisins de l’Est, en réaction au discours royal.
Pourtant, pas une seule fois l’Algérie n’a été citée dans ce discours. Le Roi s’est adressé exclusivement aux Marocains qu’il a «exhortés -tous encore une fois- à une forte mobilisation, une vigilance de tous les instants et des initiatives efficaces, aux niveaux interne et externe, pour contrecarrer les ennemis de la nation où qu’ils se trouvent», déplorant «quelques défaillances dans la manière d’aborder notre cause nationale». Notamment celle qui consiste à ce «que la majorité des acteurs ne se mobilisent avec force qu’en cas de danger imminent menaçant notre intégrité territoriale». Et le Souverain de rappeler que: «la question du Sahara n’est pas seulement la responsabilité du Roi, mais elle est également la cause de tous et de chacun: institutions de l’Etat, parlement, Conseils élus et tous les acteurs politiques, syndicaux et économiques, les organisations de la société civile, les médias et l’ensemble des citoyens».
Pourquoi l’Algérie s’est-elle sentie visée par ces propos, au point que le lendemain, les médias pro-pouvoir de ce pays aient groupé leurs tirs, tantôt fustigeant de présumées «attaques du Roi du Maroc», tantôt y voyant «une peur panique» du Maroc ? Se reconnaîtrait-elle donc expressément comme seule vraie partie prenante dans le conflit du Sahara qui oppose le Maroc à ses «adversaires», elle qui n’a eu de cesse de s’en défendre. Pourquoi chaque fois que le Maroc évoque la question du Sahara –qui est pour lui une question d’intégrité territoriale- l’Algérie se sent-elle obligée de rétorquer ?
Le journal algérien «L’expression» du 13 octobre jubilait: «La question du Sahara occidental tourmente le Maroc». Oui, ceci est entièrement vrai. La question du Sahara tourmente le Maroc. C’est le contraire qui serait anormal, puisque le combat du Maroc consiste à défendre son territoire que d’aucuns lui contestent. La vraie question c’est: «pourquoi la question du Sahara tourmente-t-elle l’Algérie ?». Si elle la concerne à ce point, pourquoi alors, chaque fois que le Maroc propose que le dossier soit discuté avec elle, déclenche-t-il une levée de boucliers, côté Alger ? Quelle est la logique de l’Algérie ? Ses responsables politiques s’expriment rarement directement sur cette question (sans doute, parce que n’ayant pas de réelle légitimité pour en parler). Généralement, ils laissent leur presse le faire à leur place. Contrairement au Maroc où le Roi monte au front, que la presse suive ou pas…
Et si le Roi est monté au front, tirant la sonnette d’alarme, à l’occasion de son discours au parlement, c’est que l’actualité à ce sujet était brûlante.
D’abord, au parlement européen, les adversaires du Maroc tentaient de faire passer le rapport Tannock (du nom de l’eurodéputé Charles Tannock, un conservateur britannique, acquis aux thèses de la partie adverse), sur «la situation des droits de l’Homme dans la région du Sahel», qui accablait le Maroc à propos de la question des droits de l’homme au Sahara (l’antienne favorite des lobbies anti-Maroc). Rapport dont la mouture a finalement été corrigée par 138 amendements (un record !), avant d’être adoptée le 22 octobre.
Ensuite, Christopher Ross, l’envoyé personnel du Secrétaire général de l’ONU, entamait une tournée dans la région qui commençait par le Maroc. Et, comme à leur habitude, les Commandos séparatistes commençaient à mobiliser les habitants du Sahara, pour l’organisation de manifestations dont ils savaient qu’elles allaient immanquablement provoquer une réaction des forces de l’ordre. L’objectif, partiellement atteint du reste, étant que le Sahara soit secoué par une déstabilisation simultanée des villes où Christopher Ross devait se rendre (Laayoune, Smara). L’accusation contre le Maroc de violation systématique des droits de l’homme serait alors confirmée.
Ce qui, enfin, devait, aux yeux des séparatistes et de leurs supporters, pousser Christopher Ross à «enfoncer» le Maroc dans le rapport sur la question du Sahara qu’il doit présenter au Conseil de Sécurité, ce 30 octobre.
A cette date, nous verrons jusqu’à quel point ce plan a réussi.
En attendant, les adversaires du Maroc (qui se reconnaîtront ici) poursuivent leur travail assidu de sape. Ils travestissent l’Histoire. Ils battent en brèche, progressivement mais avec détermination, les arguments juridiques du Maroc. Ils installent un vocabulaire qui, à lui seul, plaide pour les séparatistes (forces d’occupation, décolonisation…). Ils déterminent des thèmes d’attaque récurrents (violation des droits de l’homme, exploitation des ressources naturelles…). Ils mobilisent des plumes connues de grands journaux américains, espagnols et britanniques (chaque fois que la source est remontée, elle nous conduit à eux). Mais aussi des ONG, des cinéastes, des chantres autoproclamés de défense des droits (une défense des droits sélective qui ignore totalement les Sahraouis unionistes pour ne jouer qu’en faveur de leurs parents séparatistes).
On le voit, le Roi a amplement raison de secouer les Marocains qui donnent de plus en plus l’impression de se contenter d’une ligne défensive et qui ont urgemment besoin de repenser l’anticipation et la mobilisation, dans le cadre d’une stratégie novatrice et pugnace.
Bahia Amrani
bien sur que l algerie est parti prenante,le maroc doit arreter toute relation avec l algerie c est une guerre que nous a declare le pouvoir algerien,nous devont reagir de la meme facon financer les kabyle au nord et les touareg au sud agrandir l influence dans les pays du sahel