Mohamed Madimi, président du Centre national des droits de l’Homme

«Etre différent ne veut pas dire perdre ses droits»

Mohamed Madimi, président du Centre national des droits de l’Homme

Le Centre national des droits de l’Homme est intervenu dans l’affaire du travesti de Marrakech. Pour Mohamed Madimi, président de cette ONG, l’agression dont a été victime un jeune homme à Marrakech, à cause de sa tenue vestimentaire, est une atteinte grave et inacceptable à la liberté individuelle. Madimi a précisé que le Centre a mandaté un avocat, pour assurer la défense de la victime.   

Le Centre national des droits de l’Homme que vous présidez s’est intéressé à l’affaire du travesti de Marrakech. Avez-vous été sollicités, en tant qu’organisation, dans le cadre de cette affaire?   

Le dénommé Chafik,  qui porte, malgré lui, l’étiquette de «travesti» a contacté notre Centre au sujet du calvaire qu’il vit au quotidien, depuis l’éclatement de cette affaire. Il a expliqué qu’il a été choqué de voir sa vie privée étalée sur les réseaux sociaux. Aujourd’hui, il ne peut plus circuler sans être montré du doigt et il craint pour sa vie; ce qui n’est pas normal dans un pays, comme le Maroc, connu pour son ouverture et sa tolérance.   

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Quelles sont les mesures que vous avez prises pour accompagner la victime et pour que justice lui soit rendue?   

Nous avons porté plainte en tant que partie civile, pour atteinte à la dignité et à l’honneur d’autrui. Par conséquent, une convocation à comparaitre a été adressée à la victime par le Procureur général. Lors de son audition, la partie que nous représentons a livré sa version des faits, expliquant qu’elle vit un véritable calvaire, depuis l’éclatement de cette affaire. Dans son témoignage, le jeune travesti, victime de violence physique et psychologique, a affirmé qu’il a été conduit dans plusieurs commissariats de police de la cité ocre, où plusieurs photos de lui ont été prises. C’est inacceptable!  

La personne concernée a-t-elle fourni des preuves, pour corroborer ses dires?  

En effet, la victime a présenté un certificat médical attestant que son état de santé nécessite un suivi psychologique et un repos de 30 jours. L’injustice dont le jeune Chafik a été victime entre dans le cadre d’une discrimination inqualifiable. Etre différent ne veut pas dire perdre ses droits en tant que citoyen marocain.   

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La Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN) a pris des mesures disciplinaires à l’encontre de quatre responsables à la préfecture de police de Marrakech, impliqués dans cette affaire. Comment avez-vous accueilli l’annonce de ces mesures?   

Les mesures disciplinaires prises par la Direction générale de la Sûreté nationale ont été accueillies avec satisfaction par le Centre national des Droits de l’homme, mais aussi par la personne concernée. Je saisis cette occasion pour remercier le Directeur général de la DGSN pour sa mobilisation et sa réactivité. La corrélation entre la responsabilité et la reddition des comptes est un principe constitutionnel de base qu’il faut respecter dans notre pays.   

Le travesti de Marrakech a annoncé son intention de quitter le Maroc. Approuvez-vous cette décision?  

C’est une décision personnelle. Nous espérons que cette affaire trouve un dénouement heureux. Ayons confiance en la justice marocaine. Certainement, elle finira par tirer cette affaire au clair et rendra justice à la victime. De notre côté, concernant cette affaire, nous resterons mobilisés.   

Propos recueillis par Mohcine Lourhzal

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