Sécurité des frontières L’inutile boycott de l’Algérie

Conference securite frontieres sahelo sahariennes novembre 2013

Parce qu’elle n’a pas réussi à mettre à exécution son plan machiavélique de neutraliser le rôle du Maroc dans la région du Sahel -mais ne pouvant pas bouder totalement la Conférence régionale ministérielle de Rabat sur les frontières- l’Algérie s’est contentée de s’y faire représenter par un haut fonctionnaire des Affaires étrangères, alors que les règles de bienséance privilégiaient plutôt son ministre de l’Intérieur, ou celui des Affaires étrangères.

Qu’à cela ne tienne ! Même si ni l’un ni l’autre de ces deux responsables algériens n’a fait le déplacement au Maroc, de là où ils étaient, ils ont dû être contrariés en constatant la réussite de cette rencontre et, surtout, le rapprochement de Rabat avec les frères libyens, sous le regard bienveillant de la France qui y a dépêché le Chef de sa diplomatie, Laurent Fabius.
Celui-ci a enfoncé un peu plus le clou en soulignant (sans citer l’Algérie): «Je me réjouis que nos amis marocains et libyens nous aient conviés à cette Conférence. Nous partageons des intérêts et une histoire commune». Et Fabius de préciser, lors de son intervention devant la Conférence sur les frontières: «La France, comme vous tous, est très attentive au destin de la zone saharo-sahélienne».
La conférence a abouti à de très importantes décisions (Déclaration de Rabat) qui souligne, si besoin en était, l’inutilité du boycott algérien.
Le Sahel et toute la région sahélo-saharienne doivent-ils avancer ou non ?
Faut-il qu’ils restent prisonniers des rivalités et états d’âme superflus ? … Non, les pays de cette zone méritent mieux que cela !

Relever les défis

Réunis pendant deux jours (13-14 novembre 2013) à Rabat, les participants à la deuxième conférence (la première en Libye) ministérielle régionale sur la sécurité des frontières se sont concertés pour apporter une réponse régionale aux défis de la sécurisation des espaces frontaliers, convaincus qu’ils étaient, comme l’a précisé la Déclaration de Rabat, que la sécurité des frontières dans cet espace nécessite la mise en œuvre d’une approche globale. Celle-ci doit inclure les dimensions politique, socio-économique, sécuritaire et législative et favoriser une coopération agissante, solidaire et coordonnée sur la base du principe de la responsabilité partagée, dans un environnement régional qui facilite l’échange des marchandises et la circulation des personnes.

Développer les régions frontalières

Les participants ont été unanimes sur les mesures à prendre et l’ont crié à l’unisson. C’est dire que la gestion des espaces frontaliers ne peut être abordée seulement à l’échelle nationale de l’établissement de l’Etat de droit et qu’elle ne peut se résumer à une simple approche sécuritaire. C’est ce qui a fait dire au chef de la diplomatie française, Laurent Fabius qui a fait le déplacement à Rabat, que «les aspects sécuritaires, politiques, sociaux et économiques doivent être traités en parallèle afin de permettre à l’Etat d’assurer les fonctions régaliennes, économiques et sociales dans les espaces frontaliers». Tout cela, ont convenu les participants, passe inévitablement par le développement économique des régions frontalières. C’est pour cela qu’«il est capital de prendre en compte les populations dans les zones frontalières», a souligné Laurent Fabius. «Il faut donner aux jeunes et aux moins jeunes un autre choix que la participation aux trafics en développant les opportunités économiques et l’éducation», a-t-il ajouté.

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Problématiques sécuritaires

C’est dans cet esprit, a dit Salaheddine Mezouar, ministre marocain des Affaires étrangères, que la Conférence de Rabat constitue un maillon essentiel dans la recherche des voies idoines pour répondre aux problématiques de la situation sécuritaire que traverse la région qui nécessitent responsabilité, franchise et objectivité pour évaluer le bilan des expériences précédentes avec leurs réalisations et leurs échecs.

Soutien réitéré de Paris

La participation du chef de la diplomatie française à la Conférence ministérielle régionale de Rabat sur la sécurité des frontières a permis de réitérer le soutien sans réserve de la France pour le retour de la stabilité et de la paix dans les pays sahéliens. Fabius a rappelé que la contribution de son pays pour le seul Mali s’élève à 280 millions d’euros sur la période 2013-2014. Elle cible particulièrement la gouvernance, l’éducation, la formation professionnelle et l’accès aux services de base. La mobilisation de l’ensemble de la communauté internationale a permis de recueillir, le 15 mai dernier à Bruxelles, plus de 3,28 milliards d’euros de promesses d’aide en faveur du Mali de la part de 56 bailleurs internationaux. Même son de cloche chez le chef de la diplomatie marocaine, Salaheddine Mezouar, qui considère que la sécurisation des frontières est viscéralement liée au développement économique et social et au respect des droits de l’homme.

Entraîner les officiers

La Conférence a adopté une Déclaration dite de Rabat. Elle a prévu de mettre en place des mécanismes de coopération opérationnelle. Les participants ont ainsi convenu de créer un centre régional de formation et d’entraînement au profit des officiers chargés de la sécurité des frontières dans les Etats de la région. Ils ont également décidé l’accélération de la constitution d’un secrétariat prévu par le Plan d’action de Tripoli et la Déclaration de Rabat.

Assurer la stabilité de la Libye

La Déclaration de Rabat a par ailleurs réitéré l’engagement de poursuivre le soutien des participants à la Conférence aux efforts des autorités libyennes dans l’achèvement de la transition politique en Libye par davantage de mobilisation, pour assurer la stabilité du pays et la sécurité de ses frontières.

Pour une approche régionale

Les participants ont en outre réaffirmé leur soutien à une approche régionale permettant de relever les défis de la sécurité des frontières à travers les stratégies des organisations internationales et régionales concernées. La Déclaration recommande ainsi d’identifier et de mettre en œuvre les projets prioritaires sur la sécurité des frontières en prenant en compte toutes les stratégies et les initiatives pertinentes émanant des diverses entités des Nations Unies et des organisations internationales et régionales. Elle appelle également à appliquer les mécanismes de lutte contre le terrorisme et le crime transnational organisé, de constituer des groupes de travail sectoriel dans les domaines de la sécurité, de renforcer l’échange entre les Etats de la région, d’établir une coopération en matière de lutte contre la falsification des documents…
Enfin, il a été convenu de réunir la troisième conférence ministérielle au 2ème semestre 2014 en Egypte, en vue de renforcer le dialogue politique et sécuritaire et d’évaluer les progrès réalisés dans la mise en œuvre des décisions adoptées.

Reconfinement en France à partir de vendredi (Emmanuel Macron)

Mohamed Nafaa
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Entretiens express

Laurent Fabius, ministre français des AE
«Accompagner… Pour stabiliser la région»

Laurent-fabius

Quelle action pour stabiliser la situation dans la région?

Il faut arriver à favoriser le développement des pays. Arriver aussi à coordonner notre action. C’est ce que permet la Déclaration de Rabat que nous avons élaborée ensemble.

Et l’action au Mali? Et la Libye?

Pour le Mali, elle a été extrêmement spectaculaire.
Aujourd’hui, on parle de la Libye parce que, compte tenu de la situation dans ce pays, il y a un certain nombre de risques.

Quelle action ou résolution pour éradiquer le terrorisme dans la région et partout ailleurs?

Je pense que c’est le point de vue commun de toutes les délégations présentes à cette Conférence sur les frontières, mais aussi celui de l’Europe et de la communauté internationale, d’agir pour faire en sorte que le terrorisme soit combattu.

Et l’action économique? Notamment en Lybie ?

Oui, il y a aussi une action économique. Il appartient cependant aux Libyens de décider. Mais nous voulons les accompagner pour une stabilisation de la situation en Libye.

Une aide française concrète à la Libye?

Nous avons signé un accord pour la formation de 1.000 policiers libyens, ce qui va permettre d’agir dans la lutte pour la protection des frontières. Il y a aussi un nouvel accord à venir pour la formation de 400 policiers libyens pour lutter contre le terrorisme.

Propos recueillis par MN
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Habib Ben Yahia, Secrétaire général de l’UMA

Habib ben yahia secretaire general UMA

«Une vision commune pour régler les problèmes maghrébins»

Quelle appréciation faites-vous de cette 2ème édition de la Conférence régionale de Rabat sur les frontières?

C’est une bonne réunion qui arrive à point nommé pour voir d’une façon globale les défis transfrontaliers, sécuritaires et autres, à un moment où la liste des participants qui n’ont pas été invités s’allonge et où le terrorisme s’implante et le commerce de la drogue et autres stupéfiants se développe.

A quels défis devez-vous faire face pour sécuriser les frontières?

Il y a énormément de défis auxquels nous devons faire face pour les résoudre de façon collective.

Le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, a dit à la Conférence que le combat pour éradiquer le terrorisme est l’affaire de tous. Y a-t-il une stratégie pour ce faire? Allez-vous dans ce sens, en particulier sur le plan maghrébin?

Absolument! Les ministres de l’Intérieur des pays de l’UMA se sont réunis à Rabat, la Commission du suivi aussi et quatre commissions vont se réunir. Donc, on sent la nécessité de développer et de relever le taux du dialogue entre les Maghrébins d’abord, mais également avec nos amis de la CEDEAO pour résoudre la problématique de la sécurité sahélo-saharienne. Il y a aussi avec nos partenaires européens. Donc, c’est une action à trois dimensions.

Et pour ce Sommet maghrébin qui tarde à venir?

Ça va venir parce qu’il s’agit d’un problème qui se pose à tout le monde. Je pense qu’il va y avoir bientôt une approche consensuelle pour développer une démarche d’ensemble en vue d’avoir une vision commune qui nous permettra de régler les problèmes et d’augmenter nos intérêts communs.

Propos recueillis par MN

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2 Commentaires

  1. « le rapprochement de Rabat avec les frères libyens, sous le regard bienveillant de la France ». Encore une preuve que les Marocains sont d’indécrottables béni oui oui.
    Vive l’Algérie indépendante et fière.

  2. Pour les bien de la région, il est nécessaire que des adultes et des sages qui prennent la responsabilités et non des gens malades de la supériorité.
    De même il faut comprendre que l’argent ne donne pas le pouvoir sur des Etats indépendants sinon comment faire la différence entre la colonisation et la volonté de dominer les autres.=devenir leader contre la volonté des autres.
    La sécurité de la frontière d’un pays ne peut pas être réalisée si on cherche à déstabiliser les frontières du pays voisin.
    Pour les individus, le proverbe dit » le voisin est avant la maison=le choix de la maison est strictement lié à ses voisins pour vivre en paix globale
    Mais, concernant les Etats, ils sont voisins pour l’éternité donc doivent être plus solidaire que les mariés et plus compréhensibles.
    Ainsi, la fraternité et l’amitié entre les peuples algériens et marocains ne doivent être soumises à des pressions de haine de de minimiser l’autre.

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