Les membres de la délégation marocaine qui a pris part à la 2ème table ronde de Genève
Genève a abrité, les 22-23 mars 2019, les travaux de la deuxième table ronde sur le Sahara. Tenue à l’invitation de l’Envoyé personnel du Secrétaire général de l’ONU, avec la participation des parties (Maroc, Algérie, Mauritanie et polisario) concernées par ce conflit régional, cette rencontre n’a pas été une grande réussite. Elle a cependant permis au Maroc de réitérer son attachement à ses valeurs et aux constantes qui conditionnent le traitement de ce dossier, sous l’égide des Nations Unies.
Deux jours durant, les quatre délégations, réunies autour de l’Envoyé personnel du SG de l’ONU, Horst Köhler et dirigées par les ministres des Affaires étrangères, Nasser Bourita (Maroc), Ramtane Lamamra (Algérie) et Ismaïl Ould Cheikh Ahmed (Mauritanie) et Khatri Addouh (polisario), ont échangé autour des moyens à même de permettre la réussite du processus onusien, en parvenant à une solution définitive de ce dossier qui constitue un obstacle freinant le développement régional.
Köhler fait le bilan de Genève II
A l’issue de la deuxième et dernière journée de cette table ronde, Horst Köhler a d’emblée annoncé la tenue prochaine d’une troisième table ronde sur le Sahara, selon «le même format». Dans un communiqué qu’il a lu devant la presse, il a affirmé que les délégations du Maroc, de l’Algérie, de la Mauritanie et du polisario se sont engagées, lors de cette deuxième table ronde, tenue conformément à la résolution 2440 du Conseil de sécurité, «courtoisement, ouvertement et dans une atmosphère de respect mutuel», à adhérer aux efforts onusiens visant à trouver une solution définitive à ce différend d’ordre régional. Köhler a ajouté que les parties ayant pris part à cette deuxième table ronde de Genève «ont salué le nouvel élan impulsé par la première table-ronde en décembre de l’année dernière et se sont engagées à continuer d’adhérer au processus de manière sérieuse et respectueuse».
Dans le compte rendu des deux jours de discussions qu’il a présenté, l’émissaire onusien pour le Sahara a indiqué que les débats ont été marqués par leur caractère profond et sincère. Horst Köhler a souligné à ce propos: «Les délégations des parties au conflit sur le Sahara ont eu des échanges approfondies sur les moyens à même de parvenir à une solution politique mutuellement acceptable à ce dossier». Il a par ailleurs estimé que toute solution à ce conflit régional doit être basée sur le réalisme, le pragmatisme et le compromis, conformément aux dispositions de la dernière résolution 2440 du Conseil de sécurité.
Dans le même sens, l’Envoyé personnel du SG de l’ONU pour le Sahara s’est félicité de la volonté mutuelle exprimée par les délégations ayant participé à la deuxième table ronde de Genève. Köhler a ainsi précisé que ces délégations ont «convenu de poursuivre les discussions, afin d’identifier des éléments de convergence», ajoutant qu’il y a eu «consensus qu’une solution à la question du Sahara bénéficiera à l’ensemble du Maghreb».
Le Maroc réitère ses positions constantes
Côté marocain, le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Nasser Bourita, a rappelé, lors du point de presse qu’il a donné à l’issue de la deuxième journée de la table ronde de Genève II, les points essentiels qui représentent, pour le Maroc, la base de toute discussion ou solution concernant le dossier du Sahara. Dans un souci de précision, le chef de la diplomatie marocaine a été catégorique pour dire que «toute solution en dehors de la souveraineté du Maroc sur son Sahara est exclue».
La deuxième table ronde de Genève sur le Sahara a-t-elle atteint ses objectifs? Pour le Maroc la réponse est diplomatique. Le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale a affirmé que cette rencontre, la deuxième du genre après celle de décembre 2018, a au moins permis de déconstruire certains mythes entretenus par les séparatistes du polisario. Ces affabulations se rapportent, entre autres, au soi-disant «droit à l’autodétermination», au «référendum» ou encore à «l’indépendance». Toutefois, le Maroc n’insulte en aucun cas l’avenir, a expliqué en substance Nasser Bourita, indiquant que le Royaume demeure attaché à l’espoir d’une adhésion de toutes les parties au conflit sur le Sahara, dans le cadre de la volonté du Conseil de sécurité et du SG de l’ONU, Antonio Guterres, de tourner définitivement cette page, loin du langage du passé, des approches éculées et des solutions irréalistes.
Certes, le Maroc a participé aux tables rondes de Genève I et II et compte bien prendre part à la troisième rencontre qui se déroulera certainement durant l’été 2019. Il n’acceptera aucune solution basée sur le référendum ou l’indépendance. Cette position n’est pas seulement celle du Maroc, mais correspond aussi aux résolutions du Conseil de sécurité, depuis 2007. Les mots «indépendance» ou «référendum» n’ont à aucun moment figuré dans la résolution 2440 du Conseil de sécurité sur le Sahara, adoptée en octobre 2018. D’ailleurs le chef de la diplomatie marocaine l’a si bien expliqué quand il a rappelé que l’initiative d’autonomie présentée par le Maroc en 2007 est perçue par la communauté internationale comme «une solution en totale adéquation avec tous les principes annoncés dans le deuxième paragraphe de la résolution 2440».
La deuxième table ronde de Genève a permis à l’Envoyé personnel du Secrétaire général de l’ONU de tâter le pouls des parties du conflit. Pour le Maroc, il a prouvé, une fois de plus, son engagement pour parvenir à une solution définitive à ce différend régional, conformément à la résolution 2440 du Conseil de sécurité. Pour de nombreux observateurs et spécialistes des questions sahariennes, la proposition d’autonomie présentée par le Maroc est en parfaite adéquation avec le principe d’autodétermination tel que souligné dans les résolutions onusiennes relatives à la question du Sahara.
Depuis le lancement du processus de dialogue, en vue de trouver une issue favorable à ce différend régional, le Royaume reste engagé en toute sincérité. Aujourd’hui, il espère que la table ronde de Genève III soit une occasion véritable d’aller de l’avant, en passant à la vitesse supérieure.
Mohcine Lourhzal