Les responsables de la contestation au Soudan ont annoncé dimanche la suspension des discussions avec les militaires, et appelé à intensifier les manifestations réclamant un pouvoir civil.
« Nous suspendons nos discussions avec le Conseil militaire » de transition, a déclaré un porte-parole des organisations représentant la contestation, Mohamed al-Amine, qui s’adressait à des milliers de personnes rassemblées devant le QG de l’armée à Khartoum.
« Nous considérons le Conseil militaire comme un prolongement du régime » de l’ex-président Omar el-Béchir, destitué le 11 avril dernier, a-t-il ajouté en appelant à « poursuivre et intensifier les manifestations jusqu’à ce que nos demandes soient satisfaites ».
Les manifestants massés devant le QG militaire agitaient des drapeaux soudanais, et inondaient de lumière les bâtiments avec les lampes de leurs téléphones portables.
« Liberté, paix, justice » scandait la foule. « Notre révolution est civile, elle est protégée par le peuple » lançaient aussi des manifestants.
Le chef du Conseil militaire de transition, le général Abdel Fattah al-Burhane, a fait monter la pression sur les manifestants en « condamnant le blocage de routes et la fouille de personnes sans en avoir l’autorité », lors d’une rencontre avec des officiers de haut rang. Il faisait référence aux barrages et points de contrôle établis par les manifestants aux abords du QG de l’armée.
Samedi, les dirigeants militaires et les leaders de la contestation avaient eu des discussions et convenu de les poursuivre. D’autres séries de discussions avaient également eu lieu auparavant, selon un responsable de la contestation.
Plus tôt dans la journée, le général Burhane avait affirmé à la télévision son « engagement à remettre le pouvoir au peuple », et promis que l’armée répondrait dans la semaine aux demandes des manifestants.
Annonce « dans quelques jours »
Il avait également indiqué que l’équivalent de 113 millions de dollars, en devise américaine, euros et livres soudanaises, avaient été saisis dans la résidence de M. Béchir. Le président déchu a été arrêté puis emprisonné après sa destitution par l’armée sous la pression de la rue.
Et le nouveau procureur général, al-Walid Sayyed Ahmed, en place depuis quelques jours à peine, a de son côté annoncé des dispositions pour contrôler les biens des hauts responsables du régime de M. Béchir et de leurs familles.
Mais ces annonces n’ont pas apaisé la foule qui campe depuis plus de deux semaines devant le siège de l’armée pour réclamer un transfert rapide du pouvoir à une autorité civile, seule à leur yeux à même de garantir une véritable transition politique.
L’annonce de la composition d’un Conseil civil censé remplacer le Conseil militaire, qui était attendue dimanche, interviendra « dans quelques jours », a indiqué un porte-parole de la contestation, Madani Abbas Madani.
Avec AFP