Le ministre français de l’Europe et des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a assuré que «l’objectif prioritaire» de son pays en Libye était de «combattre le terrorisme», estimant par ailleurs nécessaire une solution politique pour sortir ce pays de l’impasse actuelle.
Combattre le terrorisme est «notre objectif prioritaire dans la région, et depuis longtemps», a affirmé le chef de la diplomatie française dans un entretien publié vendredi par Le Figaro, rappelant que «dès l’opération française au Mali -«Serval», 2013-, nous nous sommes aperçus que la plupart des armes venaient de Libye et que beaucoup de groupes y avaient des bases arrière, à commencer par Aqmi».
Après avoir évoqué certains développements sur le terrain, le ministre a fait état de l’occupation de plusieurs villes libyennes par Daech qui, a-t-il dit, «menaçait même, à une époque, de mettre la main sur les ressources pétrolières». Selon lui, plusieurs attentats commis par des djihadistes ces dernières années – celui du Bardo à Tunis en 2015, l’exécution de 21 chrétiens coptes cette même année à Syrte, l’attentat de Manchester dans une salle de concert en 2017 – «ont des ramifications en Libye».
D’après M. Le Drian, «des djihadistes venus de Syrie ont gagné des villes libyennes, notamment Syrte et Sabratha. D’autres se sont disséminés dans le pays». «Malgré sa défaite en Syrie, Daech continue à revendiquer des attentats. Il ne faut pas sous-estimer cette menace», a-t-il souligné.
Le responsable français a expliqué l’engagement français par la volonté d’«assurer la sécurité des pays voisins, qui sont, comme l’Égypte et la Tunisie, des pays essentiels pour notre propre stabilité et sur lesquels le chaos libyen a fait peser un gros risque».
«Mais si la France est aussi active en Libye, c’est également pour lutter contre les trafics, y compris le pire, celui des êtres humains», a-t-il ajouté en déplorant que ce pays soit devenu «le carrefour des risques et des menaces».
«Enfin, en tant qu’acteurs de l’intervention militaire de 2011, et parce que le suivi politique n’a pas été effectué après la chute de Kadhafi, nous avons aussi une forme de responsabilité dans cette crise. Sans compter que son siège de membre permanent au conseil de sécurité de l’ONU donne à la France une responsabilité particulière dans les grandes crises internationales», a-t-il poursuivi.
M. Le Drian a insisté, par la suite, en évoquant des entretiens avec les parties libyennes, qu’«il ne pouvait y avoir de solution militaire» au conflit et que seule une solution politique pouvait dénouer la situation, observant qu’ «aujourd’hui, personne ne peut prétendre détenir un mandat des Libyens». «C’est une des raisons majeures de la crise actuelle», a-t-il relevé en regrettant que «l’absence de perspective politique a entraîné l’immobilisme des uns (Sarraj) et l’imprudence des autres (Haftar). On retourne toujours au même point».
«Sans élection, aucun acteur libyen ne peut prétendre être totalement légitime», a jugé le chef de la diplomatie française qui a prôné, pour sortir de l’impasse, la promotion d’«une solution politique qui permettra la formation d’un gouvernement issu des urnes, doté d’une légitimité interne et externe, c’est-à-dire ayant l’aval des Libyens et donc la reconnaissance internationale».
«La France n’a pas varié de politique depuis qu’en juillet 2017 le président de la République a pris l’initiative de réunir à La Celle-Saint-Cloud les deux principaux responsables libyens», a-t-il assuré.
«La solution politique a été réaffirmée par la conférence internationale de l’Élysée en mai 2018, puis celle de Palerme, et enfin par les accords d’Abu Dhabi en novembre dernier», a-t-il ajouté.
«Nous poursuivons donc aujourd’hui nos efforts pour obtenir un cessez-le-feu et la réouverture d’une solution politique sur la base du processus d’Abu Dhabi, par l’intermédiaire de Ghassan Salamé, l’envoyé spécial de l’ONU en Libye», a souligné le responsable français.
Avec MAP