L’homme qui dirige de facto l’Algérie, aujourd’hui, le Général Gaïd Salah, chef d’état-major de l’armée et vice-ministre de la défense, ne doit dormir que d’un œil, ces derniers temps.
D’abord, son plan de transition «contrôlée» est fortement contrarié.
Ensuite, il a ouvert une boite de Pandore qui peut lui coûter cher.
Enfin, il réalise de plus en plus que le Hirak algérien le pousse progressivement dans ses derniers retranchements.
En ce qui concerne la transition contrariée, il pensait que tout dans son plan était réglé comme du papier à musique. Il a mis en place un nouveau gouvernement. Il a mis en avant la Constitution, pour que l’intérim de la présidence de la République soit assuré par un Abdelkader Bensalah, président de la Chambre haute du parlement, que la rue rejetait d’avance, mais qu’il imposerait au nom de ladite Constitution, afin que l’élection présidentielle soit expédiée dans les 90 jours (prévus par la Constitution) et que tout rentre dans l’ordre le 4 juillet prochain. Il a chanté les louanges de son plan, tout en agitant la carotte et le bâton, à chacun de ses déplacements dans les régions militaires, en grand maître du pays…
Sauf que voilà… La rue continue de lui dire «Non». Et cela, régulièrement, par la marche hebdomadaire des étudiants (et leurs enseignants) les mardis ; et la marche hebdomadaire du Hirak, dans son ensemble, les vendredis.
Rien à faire. La rue réclame toujours «une transition démocratique» dont le sens exact et complet se précise au fur et à mesure… Pas d’élection présidentielle le 4 juillet… Démission du Gouvernement… Démission du Président de la République par intérim… Départ de «tous les symboles du Système»… Une Constituante pour une nouvelle loi fondamentale… Et, ce que Gaïd Salah feint de ne pas entendre, l’armée dans ses casernes et le pouvoir exclusivement civil !
Autant dire, une transition qui mettrait fin à tout ce à quoi s’est employé le Général chef d’état-major ! Comment pourrait-il donc dormir sur ses deux oreilles ?
D’autant qu’il peut encore moins goûter au sommeil tranquille, depuis qu’il a ouvert la boite de Pandore des accusations de corruption, arrestations et procès…
C’est qu’il n’y est pas allé avec le dos de la cuillère, le Général ! Les prévenus (une soixantaine !) comptent parmi eux, outre des ex-premiers ministres, des ex-ministres, de richissimes hommes d’affaires, dont il est inutile de rappeler les noms, trois ex-hommes puissants dont les réseaux au sein de l’armée et de l’Etat ne sont peut-être pas désagrégés… Il s’agit, bien sûr, de Saïd Bouteflika qui dirigeait le pays depuis l’AVC de son frère en 2013 ; du Général Médiène qui a tenu l’Algérie sous sa coupe 20 années durant, via les services de Sécurité militaire ; et du Général Tartag qui avait largement étendu son pouvoir sur l’armée ces dernières années. Tous les trois, hier tout-puissants et intouchables, aujourd’hui jetés en prison, ont des raisons de vouloir se venger de celui qui a osé leur faire ce qui n’aurait effleuré l’esprit de personne, pas même le sien, il y a quelques mois à peine.
Enfin, Gaïd Salah ne dort peut-être même pas d’un œil, depuis qu’il a pris conscience de la détermination du Hirak.
Le fait est qu’il s’est retrouvé dans une impasse et que pour en sortir, il sait qu’il n’aura pas 36 solutions. L’actualité brûlante du Soudan est sous ses yeux.
Le Général ne peut maîtriser le Hirak que de deux manières. Soit via des négociations, soit par la force.
L’opposition tente de relancer les négociations sur de nouvelles bases. Mais quelle crédibilité a l’opposition ? Et, surtout, quelle cohérence a-t-elle, n’arrivant même pas à se mettre d’accord sur un représentant commun ?
Quant au Hirak, sa force fait sa faiblesse. C’est d’une seule voix qu’il impose sa volonté dans la rue. Mais il n’a pas une seule voix pour parler en son nom.
Cela aussi empêche Gaïd Salah de dormir. Car il ne sait pas par où prendre ce Hirak qui n’a pas de tête, les intimidations et arrestations (par dizaines) pendant les manifestations n’ayant servi à rien.
En réalité, le Hirak représente le peuple algérien. Il est donc la somme de toutes ses composantes. Ce qui peut agir sur l’une n’agira pas sur les autres. Par contre, toutes ont un même objectif: en finir avec ce régime aux 1.000 (mille) milliards perdus pour le peuple algérien, à la fois le plus riche de la région et le plus pauvre.
Ce n’est donc pas demain la veille que le Général Gaïd Salah dormira tranquille. Lui qui, pour le peuple algérien, a bien sa part dans les 1.000 milliards perdus…
Bahia Amrani
Vraiment, ça ne s’améliore pas pour la dame !
Elle décrit le sommeil du vieux général, comme si elle partageait sa couche. On aura tout lu!
Oui Gaid Salah ne dort pas. Avec des voisins comme les nôtres, il n’y a pas intérêt. Quand au hirak algérien, comme son nom l’indique il ne concerne que les algériens. A notre connaissance aucun pays du voisinage n’a de trop plein démocratique pour la jouer spectateur averti. Tous les pays. Alors faut balayer devant sa porte en premier lieu, après…