Tant pis pour les rabat-joie, toujours prompts à s’indigner des défaites et jamais disposés à reconnaître un exploit ! Mais c’est en se qualifiant aux demi-finales que l’équipe du Raja réalisait le véritable 1er exploit qui allait pousser les Marocains,
fous d’espoir, à imaginer les diables verts vainqueurs des deux «petits matchs» qui les séparaient de la coupe… Et puis, tant pis si ce n’était pas le cas… L’espoir était né !
Pour les Marocains, le vrai espoir est né ce soir-là. «Vae victis», malheur aux vaincus! Et les vaincus de ce soir du 13 décembre 2013 à Agadir ont été les joueurs du très grand et prestigieux club mexicain CF Monterrey, représentant de toute la zone dite Amérique du Nord, Centre et Caraïbes. Ils ont été vaincus par… le Raja de Casablanca. Très tristes, les joueurs mexicains ont vite fait leurs bagages et sont rentrés prématurément chez eux!
Les Diables verts -et avec eux tous les Marocains- étaient aux anges. Car le match gagné (2-1) de la plus belle manière n’était pas seulement une compétition internationale tournante, mais une étape incontournable vers les demi-finales de cette Coupe du monde des clubs FIFA. Ainsi, les Rajaouis, parvenus pour la première fois au carré des as, sont entrés dans l’histoire du football mondial par la grande porte. Et, par ce succès sans précédent, ils vont empocher la coquette somme de deux milliards de centimes, c’est certain!
Certes, la motivation était de taille et, devant «le nerf de la guerre», on est tenté de tout faire pour gagner.
Mais le Raja a voulu aussi renouer avec les années de gloire du football marocain, question de se réconcilier avec ses supporters et de redonner de l’espoir au public marocain déçu de longues années durant. Et c’était la surprise divine, car la victoire était au rendez… malgré tout. Ni la réputation du FC Monterrey et sa supériorité technique, ni l’impétuosité de ses joueurs, ni encore leur ferveur et leur ambition de renouer avec leur passé n’ont pu venir à bout d’un Khalid Askri et de ses coéquipiers déterminés à réaliser ce qu’ils n’ont jamais fait. Résultat: l’histoire les a accueillis à bras ouverts. En 90 minutes, les poulains de Faouzi Benzarti (le nouvel entraîneur succédant à M’hamed Fakhir) ont fait oublier leurs résultats décevants à la Botola. Peut-être qu’ils feraient désormais mieux…
Mais il fallait voir aussi ces foules de gens exprimant leur joie. Non seulement les supporters rajaouis et non seulement à Agadir. La liesse était partout au Maroc. On dirait un certain juin 1986, quand tout le Maroc était descendu dans la rue, après la fameuse qualification, juste et méritée, au 2ème tour de la phase finale de la 13ème Coupe du monde de football, organisée justement au… Mexique.
Cette fois-ci, encore, grâce au Raja de Casablanca, les Marocains ont fait la fête. Ils ne pensaient même pas au match suivant de Marrakech contre le club brésilien, l’Atletico Mineiro (mercredi 18 décembre). Car, pour eux, l’essentiel a été fait: la première qualification d’un club marocain aux demi-finales de cette Coupe du monde. Pour le reste, le foot n’est pas une science exacte… Gagner la coupe n’est ni totalement garanti, ni totalement exclu. En tout cas, le Raja (en français: «Espoir») n’aura jamais aussi bien porté son nom, aux yeux du pays tout entier et non plus de ses seuls supporters.
Abdelkader Jamali
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Déclarations
Aziz Bouderbala, ex-joueur international
«L’événement lui-même est une aubaine. Comme je suis à Marrakech, dans le cadre du Salon du Football, j’ai pu rencontrer des membres de la FIFA et des anciens professionnels du football mondial. Ils pensent que l’organisation de la Coupe du Monde des Clubs de la FIFA 2013 est une réussite à 100%, surtout grâce à la participation et la prestation du Raja qui représente le football marocain et arabe. L’impact est énorme. Les résultats réalisés par le Raja durant les deux premiers matchs sont dignes des grands clubs mondiaux. Les joueurs ont présenté un football moderne et de haut niveau. Les Marocains sont tous au courant des problèmes dont souffre le football national ou, le sport national, mais le Raja a mis du sien pour embellir cette image terne. On est fiers d’eux ; Je suis »widdadi », mais maintenant je suis »rajaoui », il faut les épauler et les motiver jusqu’au bout de cette belle expérience».
Jawad Milani, entraîneur
«En ce qui concerne la participation du Raja dans la Coupe du Monde des Clubs de la FIFA 2013, elle est très bénéfique en ce moment, grâce à sa prestation. Et c’est sa prestation qui attire l’engouement de tout le monde. Et cela nous donne une bonne leçon, pace que quand on veut on peut. Ces résultats donnent plus de sécurité à nos joueurs puisqu’ils donnent le meilleur d’eux même. L’attention est braquée sur eux. L’événement en lui-même regroupe un plateau de haut niveau dont des clubs qui étaient champions d’Europe à l’instar de Bayern Munich. Les résultats du Raja nous donnent une autre chance d’organiser cette coupe mondiale dans notre pays. Mais il faut être champion d’Afrique, comme ça, on aura une belle équipe marocaine de football. Le challenge est donc lancé».
Abdelkader Youmir, entraîneur
«Le Raja a fait un bon parcours. Le fait qu’il gagne les deux premiers matchs de cette Coupe du Monde des clubs est un grand exploit. Lui, qui n’est pas un champion d’Afrique, s’est mesuré à des équipes de taille qui ont des titres continentaux, et a pu s’imposer. Espérons qu’il assure aussi en demi-finale et il le mérite bien. Inscrire quatre buts en deux rencontres, c’est très bénéfique aussi, pourtant leurs adversaires sont très grands. Le Raja était à la hauteur du point de vue technique et tactique. Les joueurs »rajaouis » n’ont rien à perdre. Ce sont des héros. Durant les prochains matchs, ils doivent continuer de jouer librement. Ils doivent jouer leur jeu. Le reste n’est que bénéfique. Mais ils doivent aussi penser au match du classement, s’ils veulent se classer troisièmes».
Abdelkhalek Louzani, entraîneur
«Tout est bénéfique pour le Raja. Mais du moment que c’est un bénéfice, il ne faut pas mettre beaucoup de pression sur les joueurs. Ces derniers ont joué contre des équipes qui ont des budgets et des structures énormes et ils ont assuré et ont donné le meilleur d’eux-mêmes. Ils se sont battus avec un esprit d’abnégation et ils ont redoré le blason de leur équipe et de la trésorerie de leur club. Le Bayern Munich est une grande équipe malgré les élans du Raja et même si parfois le meilleur ne gagne pas. Mais de grâce, il ne faut pas trop gonfler la bulle de peur qu’elle n’éclate. C’est, en fait, le réalisme du football».
Déclarations recueillies par Badia Dref
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Micro-trottoir
Enfin, la victoire !
«Franchement, je ne m’attendais pas à cette victoire des Rajaouis sur l’équipe mexicaine. Je suis Wydadi, mais quand il s’agit du Maroc et d’une compétition internationale, on oublie tout. Donc, cette victoire m’a empli de joie. Ça me rappelle le bon vieux temps quand nous étions vraiment un grand pays du football. J’espère que ça continue».
Mourad, tenancier d’un salon de thé
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Quand on veut, on peut
«Vous savez, battre au football le Mexique, l’Argentine ou toute autre équipe d’Amérique du Sud est un exploit. Et cet exploit a eu lieu samedi dernier (14 décembre) à Agadir. Les joueurs du Raja de Casablanca, surtout le gardien de but Khalid Askri, ont vraiment été à la hauteur. Cela veut dire que quand on veut, on peut. En effet, les Verts ont fait preuve d’une très grande combativité. Ils ont joué en donnant le meilleur d’eux. Ils avaient à l’esprit qu’ils jouaient pour tout le Maroc. Et ils ont fini par gagner. Je vais vous faire un aveu: bien que je sois rajaoui jusqu’à la moelle, je boycottais les matchs du RCA en protestation contre ses mauvais résultats au début de la Botola. Maintenant, tout est oublié et Dima, Dima Raja».
Abdenbi, instituteur
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Il a acheté un drapeau marocain
«Je ne suis pas trop sportive et je ne m’intéresse au football qu’à l’occasion des grandes rencontres de l’équipe nationale. Maintenant qu’une équipe marocaine est arrivée aux phases finales de la Coupe du Monde des clubs FIFA, c’est excitant. Surtout quand elle gagne. C’est le cas du Raja. Il a gagné deux fois, contre le club new zélandais et celui mexicain de Monterrey. Mon fils Adil (16 ans), qui le plus souvent se désintéresse du football, fréquente maintenant les rajaouis. Il a acheté un drapeau marocain et un tee-shirt vert. Quand le Raja a gagné l’équipe mexicaine, il était déjà dans la rue, avec ses amis pour manifester leur joie. Il n’est rentré que tard la nuit. Je suis heureuse pour lui, mais aussi pour les nôtres qui ont renoué avec la victoire. Que Dieu les aide».
Lalla Rabia, femme au foyer
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Et maintenant, la finale !
«Bien sûr, on ne doit pas trop rêver, mais une équipe qui a gagné le Mexique peut gagner la France en finale. Il faut y arriver ! Nous sommes tous derrière le Raja. La finale, la finale…».
Aziz, électricien
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Le Maroc, en demi-finale !
«Vous savez, nous les jeunes, on n’a jamais vu notre pays arriver en demi-finales. Alors, c’est extraordinaire ! Mais maintenant qu’on sait de quoi est capable l’équipe, on veut la coupe ! On veut rêver plus encore ! On veut oublier toutes les défaites et les humiliations, comme celle de ne pas être présents au Mondial !».
Ali, jeune lycéen
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Il faut garder la tête sur les épaules
«C’est la fête pour nous les Rajaouis. Après la victoire de notre club casablancais, qui s’est qualifié en quarts de finales et demi-finales avec brio, on ne peut que prier pour que notre équipe préférée ait la coupe de la Coupe du monde des clubs. Certes, les joueurs ont fait un bon score devant les Mexicains, mais ils doivent garder la tête sur les épaules. On espère aussi que le Raja ne sera pas pénalisé par l’arbitre du prochain match. Car, l’on se souvient encore que le Raja lors de la première édition au Brésil avait été pénalisé par un but des Brésiliens de Corinthians validé par l’arbitre, alors que la balle n’avait pas franchi la ligne de but».
Mohamed
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Qui l’aurait cru ?
«Deuxième participation et première demi-finale. Le Raja Casablanca dans le carré final, qui l’aurait cru? Et pourtant les Verts nous sortent un gros match et ont pu s’imposer devant les Mexicains. L’international Askri était fantastique contre les Mexicains. Il mérite toutes nos félicitations et aussi tous nos remerciements, car il est l’un des grands artisans du succès des Verts en quart de finale. Un bel exploit qui fait du bien au moral, surtout en ce moment… Bravo les Diables Verts qui ont su donner la confiance au peuple marocain qui en avait vraiment besoin ».
Mustapha
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C’est un grand honneur
«C’est un grand honneur pour nous les Marocain de gagner ce match que les Rajaouis ont gagné contre les Mexicains avec grand mérite. Cela nous fait oublier les échecs de l’équipe nationale. Bravo au Club du Raja Casablanca».
Brahim