L’armée et les opposants, en conflit autour de la question de la transition politique à la tête du pays, ont rouvert le dialogue, mercredi 12 juin, trois semaines après avoir interrompu leurs négociations. Ce retour au calme vient nourrir les espoirs de paix chez les habitants.
Des espoirs renforcés par la nomination d’un émissaire spécial pour la crise au Soudan par Washington, mercredi 12 juin, Donald Booth, afin de «trouver une solution pacifique» au conflit. De leur côté, les deux parties tiennent plus que jamais à défendre leurs positions. La situation est désormais suivie de près tant par les pays arabes voisins que par les Etats-Unis et le reste des pays africains. Selon le Comité central des médecins, 118 personnes sont mortes et plus de 500 ont été blessées ces dix derniers jours au Soudan.
Les événements de ces derniers jours sont le résultat de plusieurs mois de troubles. Fin 2018, le Soudan est dirigé par le président Omar el-Béchir, en poste depuis près de trente ans. La population soudanaise, déchirée par une guerre civile contre les rebelles du Sud-Soudan de 2005, vit toujours dans une extrême pauvreté, le tout dans un climat d’insécurité et de forte criminalité. Les tensions explosent le 19 décembre 2018, lorsque le gouvernement annonce sa décision de tripler le prix du pain.
La contestation dépasse très vite la crise des prix, pour s’étendre à des questions de société bien plus larges. La population réclame notamment des mesures fortes contre la pauvreté (le Soudan compte 20 millions d’habitants sous le seuil de pauvreté, pour une population totale de 43 millions de personnes) et, surtout, la démission d’el-Béchir.
P. Zehr