Bank Al-Maghrib Quelles prévisions pour l’économie marocaine ?

Abdellatif jouahri bank al maghrib

Le taux d’inflation devrait atteindre 2,1% en 2013 et 2,5% en 2014. Ces prévisions tiennent compte de l’évolution prévue des cours internationaux des produits pétroliers et de la charge de compensation programmée dans le projet de loi de Finances 2014.

Le Conseil, tenant compte de l’évolution prévue des cours internationaux des produits pétroliers et de la charge de compensation programmée dans le PLF 2014, a pris note des projections d’inflation qui font ressortir un taux de 2,1% en 2013 et de 2,5% en 2014. Au terme du premier trimestre 2015, il serait de 2% avec une moyenne de 2,3% sur l’ensemble de l’horizon de prévision. C’est ce qu’a entre autres précisé le wali de Bank Al-Maghrib (BAM), Abdellatif Jouahri, lors d’un point de presse tenu à l’issue de la réunion trimestrielle de la banque centrale. «Ces prévisions restent donc globalement en ligne avec l’objectif de stabilité des prix à moyen terme», a-t-il ainsi souligné.

L’inflation maîtrisée

Jouahri a également fait savoir que le maintien de l’inflation à des niveaux modérés dans les pays partenaires laisse entrevoir, pour le Maroc, une absence de pressions inflationnistes significatives d’origine externe au cours des prochains trimestres.
L’inflation, mesurée par la variation de l’indice des prix à la consommation, est revenue, en glissement annuel, de 1,7% en moyenne au troisième trimestre à 1,5% en octobre, enregistrant ainsi un taux de 2,1% sur les dix premiers mois de l’année, a rappelé le wali.
Pour ce qui est de la composante sous-jacente de l’inflation, elle s’est établie à 1,6% en moyenne au deuxième trimestre et à 1,5% entre janvier et octobre 2013, sous l’effet d’une baisse de 2,1% à 1,6% du rythme de progression des prix des biens non échangeables et du maintien à 1,5% de celui des biens échangeables, a encore expliqué Jouahri.

Soutien à l’appareil productif

Le wali de BAM a ajouté, concernant la sphère monétaire, que la masse monétaire s’est accrue de 6,1%, après 5,8% un trimestre auparavant, tandis que le crédit bancaire a enregistré un accroissement annuel de 3,1%, après 2,6% au troisième trimestre. Jouahri a par ailleurs précisé qu’à fin décembre 2013, la croissance du crédit devrait se situer autour de 3,5%.
L’essentiel de la croissance provenant des activités agricoles, les autres secteurs ont encore du mal à retrouver de la vigueur. C’est ce qui se traduit par la faible croissance du crédit. Après une hausse de 4,5% en 2012, la progression du crédit s’est ralentie depuis le début de l’année pour s’établir à 3,1% à fin octobre. La dégradation du portefeuille des banques (hausse de 16% des créances en souffrance à fin octobre) a poussé la profession à être plus sélective sur les dossiers de crédit. En outre, le coût moyen du crédit s’est renchéri au 3ème trimestre 2013 (6,31%).
En même temps, la demande est jugée moins vigoureuse que par le passé, compte tenu du manque de visibilité des entreprises elles-mêmes sur les perspectives économiques. Une baisse du taux directeur ne résoudra donc pas la question de la décélération du crédit. En revanche, BAM pourrait prendre d’autres mesures d’accompagnement pour soutenir le financement de l’économie. A cet effet, Jouahri a encore réitéré la disposition de la banque centrale à continuer son soutien au financement de l’économie à travers la mise à disposition du secteur bancaire des fonds nécessaires pour ainsi maintenir la dynamique de l’appareil productif constitué essentiellement d’entreprises qui contribuent à la croissance économique et à la création d’emplois.

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Plus proche des PME

Afin de bien cibler celles-ci, Jouahri a annoncé que BAM lancera, début 2014, l’Observatoire de la PME. Ce dernier devra regrouper l’ensemble des banques, aux côtés de BAM. Son objectif principal est d’accompagner les petites structures du Royaume. La première démarche consistera en un tour de piste pour rencontrer les porteurs de projets et connaître leurs doléances et attentes.

Croissance en ligne avec les prévisions

Relatant la croissance, Jouahri a souligné qu’elle s’est établie à 4,4% au premier semestre, avec une progression de 20,3% de la valeur ajoutée agricole et une décélération des activités non agricoles, après 4,5% en moyenne pour l’année 2012. Au deuxième semestre, le PIB devrait enregistrer une progression de 5% liée à la forte augmentation de la valeur ajoutée agricole et à une relative amélioration des activités non agricole qui devraient croître de 2,8%. Au total, la croissance devrait ainsi, selon le wali, se situer entre 4,5 et 5%. Pour 2014, sur la base des prévisions préliminaires de BAM et sous l’hypothèse d’une campagne céréalière moyenne de 70 millions de quintaux, elle devrait s’établir dans une fourchette allant de 2,5% à 3,5%, recouvrant une amélioration du PIB non agricole entre 3,5% et 4,5%. Dans ces conditions, l’output gap non agricole continuerait d’afficher des valeurs négatives dans les prochains trimestres, laissant présager, globalement, de faibles pressions sur les prix à court terme.

Déficit à près de 5,5% du PIB

Sur le plan des finances publiques à fin octobre, il est fait état d’un creusement du déficit budgétaire à 46,8 MMDH, contre 40,6 MMDH un an auparavant. Cette évolution s’explique, précise encore Jouahri, par l’augmentation des dépenses globales, notamment celles d’investissement et des autres biens et services, parallèlement au recul des recettes fiscales, principalement celles de l’IS et des droits de douane. Les charges de compensation, en particulier, ont accusé une baisse de 22,4% à 35,6 MMDH. A fin décembre 2013, sous l’effet de l’effort de régulation des dépenses, de la mobilisation des dons et de la baisse des charges de compensation, le déficit devrait avoisiner 5,5% du PIB.
S’agissant des comptes extérieurs, les données à fin octobre dénotent d’une atténuation de 3,4% du déficit commercial, en liaison avec le fléchissement de 2,4% des importations, suite aussi bien à la diminution de 3,3% des achats des produits énergétiques qu’à celle de
2,1% des importations des autres produits. Les acquisitions de biens d’équipement ont toutefois enregistré une hausse de 6%. Les exportations, quant à elles, ont accusé une baisse de 1,4%, recouvrant un repli de 21,7% des ventes de phosphates et dérivés et une progression de 6,1% des autres exportations. Dans ces conditions, le déficit du compte courant devrait s’établir à 7,4% à fin 2013, contre 10% en 2012. Compte tenu des autres éléments du compte capital, l’encours des réserves internationales nettes s’est situé à 145,4 MMDH, soit l’équivalent de 4 mois et 5 jours d’importation de biens et services et devrait s’y maintenir d’ici la fin de l’année, a aussi précisé le wali de BAM.

Colloque : Et de deux pour Coface Risque Pays-Maroc

Hamid Dades
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Innovation
Un Fonds de soutien aux PME et ETI

Grande annonce de Abdellatif Jouahri: la création, pour le 1er trimestre2014, d’un Fonds de soutien aux PME et Entreprises de taille intermédiaire (ETI). En effet, le wali, qui rappelait la rencontre prévue avec les entreprises marocaines, a souligné que ce fonds devra récupérer la contribution des banques au fonds de garantie des dépôts (déjà existant et qui totalise 15 MMDH). Cette contribution, qui tourne autour de 1 MMDH, sera versée à ce fonds de soutien. Sur cette période, il sera question de mettre en place quelque chose comme 4 MMDH. Il y aura aussi le recours à des organismes auprès desquels seront mobilisées des sommes pour ce fonds de soutien. «Nous pensons à la BERD, qui peut aussi apporter une contribution en termes d’assistance technique. D’ici le 1er trimestre 2014, on finalisera tout le contour de ce fonds de soutien financier», a souligné le wali, précisant qu’il ne s’agira pas d’une «Bad Bank»… «Nous n’achetons pas n’importe quel crédit». L’objectif est de soutenir les entreprises solvables et viables, mais qui connaissent des difficultés conjoncturelles. Ce soutien consistera soit en une restructuration, soit se fera par l’octroi d’une dette subordonnée, soit encore par l’octroi d’une garantie supplémentaire de la part de la Caisse centrale de garantie (CCG). Cette dernière est une composante du fonds aux côtés de BAM, du ministère des Finances et du système bancaire. Il s’agit là «d’une expérience où nous avons innové. Notre benchmarking a montré qu’aucune initiative n’a été prise dans ce sens-là. Il est ainsi essentiel que nous puissions travailler ensemble avec la Caisse centrale de garantie et bien sûr avec le secteur bancaire de façon à ce que cette expérience puisse tempérer les difficultés auxquelles est confrontée cette catégorie d’entreprises», a noté Jouahri.

HD

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