Politique étrangère : la nouvelle orientation du Maroc

Roi Mohammed VI Obama

En matière de politique étrangère, 2013 aura été essentiellement marquée par cette nouvelle vision qu’a adoptée le Maroc et sa sortie sur la scène internationale avec une attitude qui a rompu avec les anciennes pratiques.

Plus offensive, la nouvelle politique se veut plutôt plus prévisible et anticipative. Issue essentiellement de la feuille de route qu’a constituée la Lettre royale adressée aux ambassadeurs du Royaume, le 30 août 2013, en tenant compte des principales mutations au niveau mondial, cette nouvelle diplomatie a permis de voir le Maroc en tant qu’acteur principal dans des domaines importants, notamment la sécurité régionale, la promotion de la coopération Sud-Sud et l’intermédiation. La position géostratégique aidant, le Maroc a donc su mettre en place des processus tripartites reliant l’Afrique à l’Europe, à l’Amérique et à l’Asie.

L’Europe

L’Europe, à commencer par l’Espagne, pays avec lequel les relations sont aujourd’hui guidées par la confiance mutuelle et la coopération renforcée et surtout marquée par des contacts réguliers et une collaboration globale plus étroite que jamais. L’Europe encore, via la France, partenaire historique du Maroc, l’Allemagne avec laquelle le Royaume a scellé le pacte d’amitié et de coopération lors des fêtes marquant les 50 ans de rapprochement, le Royaume-Uni avec lequel les relations ont 6 siècles et l’Union européenne où le Maroc est aujourd’hui un acteur important. L’Union européenne qui a d’ailleurs salué dernièrement, à Bruxelles, le rôle actif du Maroc dans l’intégration maghrébine tout en considérant que l’émergence d’une coopération régionale renforcée contribuerait à la prospérité et à la stabilité de la région. «À la lumière des développements dans la région, un renforcement de la coopération entre les pays du Maghreb dans les domaines politique, économique et de la sécurité est en effet indispensable», ont ainsi souligné les 28 Etats membres de l’UE dans la Déclaration finale sanctionnant les travaux du 11ème Conseil d’association Maroc-UE. L’UE dit donc prête à apporter son plein soutien à un tel rapprochement. Par ailleurs, les relations entre le Maroc et le Conseil de l’Europe ont aussi été caractérisées, en 2013, par une dynamique de consolidation dans le cadre d’un partenariat empreint de confiance et de sérénité, couronné en ce mois de décembre par l’élection du Royaume à la vice-présidence du Centre Nord-Sud et son adhésion à l’Observatoire européen de l’audiovisuel.

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Les Etats-Unis d’Amérique

Pour les Etats-Unis, l’on retiendra essentiellement pour 2013 l’historique visite de travail de SM le Roi Mohammed VI à Washington, le 22 novembre dernier, à l’invitation du Président Barack Obama. Cette visite a été l’occasion de consolider l’axe Rabat-Washington en faveur du développement et de la stabilité dans la région, en particulier en Afrique. Comme retombées de cette démarche royale caractérisant la nouvelle approche diplomatique du Maroc, il y a eu, entre autres, le soutien «clair» et sans équivoque des Etats-Unis d’Amérique au plan d’autonomie au Sahara, sous souveraineté marocaine; une posture qui reconnaît la justesse de la position du Maroc bâtie sur le socle des droits historiques inaliénables, ainsi que sur une réalité sur le terrain attestant de la crédibilité du Royaume en tant que partenaire écouté et respecté dans le concert des Nations, sous la conduite clairvoyante et pondérée de Sa Majesté le Roi Mohammed VI. Une position réitérée par le Président américain, Barack Obama, à l’issue de la visite royale.

L’Afrique

En Afrique, le Royaume a entamé un repositionnement certain caractérisé par les différentes visites de Sa Majesté dans différents pays africains et le soutien apporté à d’autres, notamment le Mali. Au-delà de son caractère politique et humanitaire incontestablement important, la visite effectuée en septembre dernier par SM Mohammed VI, pour assister à l’investiture du Président élu Ibrahim Boubacar Keita, a été l’occasion de traduire dans les faits l’engagement sans faille de Rabat en faveur de la coopération Sud-Sud. Une coopération érigée comme priorité de la politique étrangère du Royaume et ouvrant un nouveau chapitre dans le développement fructueux, évolutif et mutuellement avantageux des relations ancestrales entre Rabat et Bamako.
Puis, ce fut au tour des relations entre le Maroc et l’Angola, deux pays africains stratégiques qui entretiennent depuis longtemps des relations empreintes d’amitié et ne cessent d’afficher leur volonté d’aller de l’avant et de conférer à leur coopération bilatérale un nouvel élan prometteur. Leurs relations sont de nature à contribuer de manière significative à asseoir un axe incontournable d’une coopération entre l’Afrique du Nord et l’Afrique australe et, partant, à donner corps à celle Sud-Sud tant escomptée.

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Les pays du Golfe

Sur ce plan, particulièrement en matière de relations avec les pays membres du Conseil de coopération du Golfe (CCG), la diplomatie royale porte déjà ses fruits. Il y a deux ans, le Maroc et les pays du Golfe se sont mis à dessiner les contours d’un cadre plus poussé de coopération. Le Royaume a ainsi pu s’imposer en tant que partenaire fiable et plaque tournante pour un club d’investissement parmi les plus en vue au monde.

Des résultats probants

Ce qu’il faudra aussi retenir, c’est que cette action a eu des effets positifs qui prouvent que le Maroc est vu autrement par la communauté internationale, ce qui explique encore sa présence et son élection dans différentes instances. En effet, 2013 fera date dans l’histoire diplomatique du Maroc comme étant celle de son grand retour au Conseil des droits de l’Homme des Nations Unies (CDH), au bout de deux ans bien remplis au sein du Conseil de sécurité.
Le Royaume a aussi été élu au Comité des Nations Unies contre la torture, au Conseil de l’Organisation Maritime Internationale (OMI) et au Conseil exécutif de l’Organisation des Nations Unies pour l’Education, la Science et la Culture (UNESCO).
Selon la diplomatie marocaine, le choix de ces candidatures n’est pas fortuit et s’inscrit dans le cadre des objectifs que le Maroc s’est assignés en matière de coopération multilatérale, notamment dans le cadre de l’Organisation onusienne. Il confirme également la cohérence claire et l’adéquation parfaite entre les actions menées au niveau interne et celles déployées au niveau international. Autre effet de cette politique agissante concernant la question de l’intégrité territoriale: la décision de Panama de suspendre sa reconnaissance à la fantomatique «rasd» et de soutenir la proposition marocaine d’autonomie dans les provinces du sud. Le gouvernement panaméen a ainsi réparé une erreur historique commise sous l’ère de la dictature militaire et s’est rangé du côté de la légalité internationale opposée à la création d’une entité fantoche dirigée par un groupuscule de séparatistes ayant des ramifications avérées avec les bandes du crime organisé et les groupes extrémistes qui menacent la stabilité dans la région sahélo-saharienne.

Hamid Dades

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