Lors de l’habituelle conférence de presse à l’issue de la 3ème session de l’année, du Conseil de Bank Al-Maghrib (BAM), Le Wali de la banque centrale, Abdellatif Jouahri, à tout déballé quant à la politique monétaire et aux grandes décisions du Conseil…
Ainsi, outre le taux directeur, resté inchangé à 2,25% et le passage en revue de la situation monétaire à l’échelle internationale, continentale et nationale, le wali s’est attardé sur la décision qui aura marqué cette session, en l’occurrence la revue à la baisse du taux de la réserve monétaire.
4 à 2 % pourquoi ?
En effet, Jouahri a fait savoir que le conseil de BAM a décidé d’abaisser le taux de la réserve monétaire de 4 à 2 %. Ceci, a-t-il précisé allégera la liquidité bancaire, ce qui devra pousser les banques à servir leur clientèle. Et le wali de relever que le rythme de croissance des dépôts face à un engouement en faveur du cash, a attiré l’attention de la banque centrale. Chiffre à l’appui, il a noté le passage «d’une hausse annuelle de 6% des dépôts à environ 3,5%, tandis que le cash augmente», pour ensuite faire observer que sur les cinq dernières années, la fiduciaire augmentait annuellement de 10 MMDH, alors que maintenant elle est à quelque 17 MMDH, annuellement, ces deux dernières années.
Ceci concerne aussi bien les résidents que les Marocains résidant à l’étranger (MRE), a-t-il fait savoir, notant que «nous avons demandé au Groupement professionnel des banques du Maroc (GPBM) de suivre de près cette évolution auprès des MRE».
Dans ce sens, Jouahri a relevé que cette baisse peut s’expliquer en partie par les législations et les contrôles au titre du blanchiment d’argent et de lutte contre le terrorisme qui se font de plus en plus lourds dans les pays d’accueil.
Par ailleurs, et commentant le maintien inchangé du taux directeur, Abdellatif Jouahri, a souligné qu’il faut être «très vigilant» vis-à-vis du niveau de la dette publique et éviter aux générations à venir des endettements «insupportables». Et d’indiquer que cette décision a été prise sur la base d’un modèle, en plus d’analyses et d’enquêtes portant notamment sur les taux débiteurs et l’offre et la demande du crédit.
Pour ensuite indiquer que «si une baisse du taux directeur pourrait booster les crédits, on l’aurait fait». Dans ce sens, le wali a rappelé qu’en 2014, le conseil de BAM avait décidé d’abaisser ce taux mais le rythme du crédit n’avait pas augmenté à cette époque. «Il s’agit bien d’une politique publique. Il faut donc analyser toutes les composantes de ce qu’on va décider», a-t-il noté, ajoutant qu’en présence d’une volatilité aussi bien au niveau interne qu’externe, «on préfère avancer et garder des munitions au fur et à mesure».
Pour ce qui est de la prochaine phase de la réforme du régime de change, Jouahri a souligné qu’il veille à s’assurer que les pré-requis sont présents et que les opérateurs, notamment les PME, ont assimilé la réforme et recourent aux outils mis en place.
Après une réunion en avril dernier avec la Confédération des entreprises du Maroc et le GPBM, a-t-il expliqué, «nous avons constaté qu’il y a encore un effort à faire en matière de pédagogie, de formation et d’information».
Sur un autre registre, le wali a relevé que le statut de Bank Al Maghrib, récemment entré en vigueur, a renforcé l’indépendance de la Banque en ce qui concerne la définition et l’application de la politique monétaire.
Pour Jouahri, l’indépendance, qui veut dire aussi le renforcement de la capacité d’écoute des différents acteurs, notamment le gouvernement, le parlement, les banques, les entreprises… se fait aussi à travers la crédibilité, la transparence, la communication, la rigueur et le sérieux.
… Et la croissance de l’économie?
Pour ce qui est de la croissance, Jouahri a fait savoir qu’au niveau national, le HCP indique un ralentissement d’une année à l’autre de la croissance de 3,5% à 2,8%, résultat d’une diminution de 3,2% de la valeur ajoutée agricole après une hausse de 4% et d’une accélération du rythme des activités non agricoles de 3,3% à 3,8%. Ces dernières devraient connaître une progression de leur valeur ajoutée de 3,6% en 2019 contre 2,6% en 2018, selon les prévisions de BAM.
Tenant compte également de la révision à la baisse, par le Département de l’Agriculture, de l’estimation de la récolte céréalière de la campagne 2018/2019 à 52 millions de quintaux, la valeur ajoutée agricole reculerait de 4,7%, ramenant ainsi la croissance de l’économie nationale à 2,7% en 2019, après 3% un an auparavant. Pour 2020, la Banque table sur une amélioration de la croissance à 3,8%, avec une stabilité du rythme des activités non agricoles à 3,6% et un accroissement de la valeur ajoutée agricole de 6,3%, sous l’hypothèse d’une production céréalière de 80 millions de quintaux.
HD