Ils sont venus, ils étaient tous là… Les professionnels de la pêche au Maroc ont tenu un point de presse, vendredi 27 septembre, à Rabat, pour répondre à l’inventaire critique de la Cour des comptes.
Décidément, le dernier rapport annuel de la Cour des comptes ne finit pas de faire des remous. Il ne manque pas d’ailleurs de secouer les professionnels de la pêche qui semblent vraisemblablement mécontents de l’inventaire critique de la Cour des comptes ayant révélé des « dysfonctionnements et des failles importantes» dans la stratégie Halieutis. Un projet initié, il y a dix ans, pour développer et moderniser le secteur de la pêche au Maroc.
Rassemblés vendredi 27 septembre, les présidents des quatre Chambres des pêches maritimes, de la fédération des chambres de pêches maritimes et des deux Confédérations de la pêche côtière au Maroc, sont sortis de leurs gonds pour soutenir le ministre Aziz Akhannouch et répondre aux critiques de l’Instance dirigée par Driss Jettou.
«Le rapport ne parle guère de dilapidation des deniers publics, comme cela a été véhiculé par certains journaux», ont tenu d’emblée à souligner les professionnels, lors d’un point de presse tenu à Rabat. Ils ont indiqué, dans ce cadre, que les dysfonctionnements relevés par le rapport sont attribués à une mauvaise gestion de l’administration qui n’a pas assumé sa responsabilité».
Devant un parterre de journalistes, les représentants de la pêche ont souligné au passage que l’inventaire effectué par les magistrats de Driss Jettou a porté uniquement sur la période s’étalant entre 2008 et 2016. Or, disent-ils, le Plan Halieutis n’a commencé à porter ses fruits sur le terrain qu’à partir de l’année 2017.
«Depuis la conception de la stratégie Halieutis, nous avons tenu avec le ministre quelque 150 réunions. A noter que plus de 80% des plans d’aménagement ont d’ailleurs vu le jour avec la contribution des professionnels», tenaient à souligner les professionnels, lesquels ont défendu «les résultats positifs de la gestion du secteur, depuis la mise en place de la stratégie Halieutis».
Il y a des indicateurs positifs que personne ne peut ignorer, selon eux.
Explication: «Avant l’année 2008, le secteur était géré de manière anarchique. Il n’y avait ni plan d’aménagement, ni repos biologique, ni contrôle, ni suivi. Un certain nombre de sociétés de pêche (hauturières et côtières) étaient en difficulté financière. Certaines d’entre elles étaient même au bord de la faillite, au point qu’elles ont voulu quitter le secteur», disent les opérateurs de la pêche.
Et d’ajouter: «A l’époque, la situation était très critique. Au point où on pensait que certaines espèces qui étaient surexploitées allaient même disparaitre. C’était en particulier le cas du poulpe, une espèce pour laquelle un premier plan d’aménagement a d’ailleurs été instauré en 2004. Mais aujourd’hui, les choses se sont beaucoup améliorées, en particulier après la mise en œuvre du Plan Halieutis. D’ailleurs, actuellement, les professionnels n’ont plus peur d’investir dans le secteur».
Pour les représentants du secteur, ce dernier est plutôt sur la bonne voie. En attestent, disent-ils, les chiffres relevés par le rapport lui-même et qui assurent que le secteur de la pêche maritime contribue de façon significative à l’économie nationale. D’ailleurs, précisent-ils, le PIB de la pêche a presque doublé en passant de 8,3 MMDH en 2007 à 15 MMDH en 2015. De même, les exportations des produits de la mer ont quasiment doublé en valeur, passant de 9,26 MMDH en 2007 à 19,81 MMDH en 2015, soit près de 64,5% de l’objectif final du plan (30,71 MMDH) visé à 2020, a-t-on indiqué.
Pour les professionnels, le projet, porté par le ministre de l’Agriculture et de la Pêche maritime, Aziz Akhannouch, séduit donc toujours, au point qu’un Plan Halieutis 2 est actuellement en préparation pour la période 2020-2030.
«Il est vrai qu’on ne peut pas être parfait à 100%. Il faut reconnaître que certains objectifs de la stratégie n’ont pas encore atteint les résultats escomptés. Mais cela va être rattrapé dans le plan halieutis 2», estiment les présidents des instances professionnelles.
Naîma Cherii