Aziz Akhannouch met en avant à Oslo la gestion durable du secteur halieutique au Maroc

Le ministre de l’Agriculture, de la pêche maritime, du développement rural et des Eaux et forêts, Aziz Akhannouch, a mis en avant, mercredi à Oslo, l’approche marocaine de gestion durable du secteur halieutique et les efforts du Royaume en matière de lutte contre le changement climatique.

“Le Maroc a intégré la durabilité au coeur de sa stratégie sectorielle de la pêche et a oeuvré pour encourager un changement de paradigme en matière de production, en passant d’un mode quantitatif à un mode qualitatif”, a indiqué M. Akkhannouch, qui s’exprimait lors d’un panel intitulé “Faire face aux défis : Agir contre le changement climatique”, organisé dans le cadre de la 6ème Conférence Our Ocean, en Norvège.

Dans ce cadre, le ministre a rappelé que la production halieutique du pays atteint 1,4 million de tonnes annuellement alors que les exportations se sont élevées à 2,4 milliards de dollars en 2018, ajoutant qu’au total, 200.000 personnes vivent directement de la pêche, dont 50.000 de la pêche artisanale.

Au cours des dernières dernières, des moyens considérables ont été mis en œuvre pour renforcer la recherche halieutique nationale, dont la mise en place d’une série de plans d’aménagement des pêcheries, le contrôle des navires de pêche par VMS et la traçabilité des captures, a-t-il affirmé, soulignant que grâce à ces efforts, 96% des captures débarquées au Maroc sont gérés durablement suivant une batterie de mesures, notamment par des quotas.

Grace à ce système de plans d’aménagement, le Maroc a connu une reconstitution de plusieurs stocks de manière inédite, en particulier des gisements de macro-algues qui ont un rôle important dans l’absorption du CO2, a-t-il assuré, notant qu’en l’espace de 5 ans, la biomasse a augmenté de plus de 30%.

M. Akhannouch a fait savoir que pour les mêmes raisons, le Maroc développe l’algoculture de macro-algues tout au long du littoral pour une production cible de 40.000 tonnes, ajoutant qu’un autre projet de production de micro-algues, tout aussi ambitieux, est déjà opérationnel au sud du Maroc, lequel vise à terme une production annuelle de 150.000 tonnes de micro-algues destinées à l’industrie de l’aliment de poisson.

En plus de son rôle évident d’absorption du CO2 et d’atténuation du changement climatique, il contribuera très fortement à constituer une alternative à la farine de poisson pour la production d’aliment et jouera par conséquent un rôle décisif vers la durabilité, selon le ministre.

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De manière générale, a-t-il soutenu, le Maroc a fortement investi ces dernières années dans le développement de l’aquaculture, à travers la mise en place de plans d’aménagement aquacoles pour fournir un cadre et une offre pour les projets d’investissements, faisant état d’un potentiel de production aquacole de 350.000 tonnes “qu’il s’agira de développer”.

“Désormais, on peut dire que l’aquaculture constitue une source de diversification économique importante et réelle, en particulier pour les communautés littorales. Pour accélérer ce processus, plusieurs projets d’aides aux coopératives artisanales ont été réalisés notamment en algoculture et en conchyliculture”, a-t-il estimé.

Dans l’effort d’adaptation au changement climatique et à la dégradation des stocks halieutiques, le ministre a relevé que le Maroc accompagne des communautés des petits pêcheurs artisanaux et côtiers particulièrement vulnérables, précisant qu’un investissement très important a été engagé pour l’amélioration de leur performance et de leurs systèmes de production à travers les points de débarquement aménagés et des villages de pêche le long du littoral tous les 50 km.

Il a expliqué que ces infrastructures améliorent les conditions de travail des marins pêcheurs et leur permet de valoriser leurs captures en les écoulant dans les halles modernes, notant que les 43 sites réalisés concentrent plus de 60% du chiffre d’affaires de la pêche artisanale.

Selon lui, l’action du Maroc a également ciblé l’amélioration des revenus des petits pêcheurs avec l’équipement des barques en caissons isothermes permettant la préservation des captures et l’amélioration de leur valorisation, le but étant de favoriser la qualité plutôt que la quantité et contribuer de facto à la durabilité des stocks halieutiques.

Lors de cette conférence, M. Akhannouch a annoncé l’acquisition pour 61 millions de dollars d’un nouveau navire de recherche océanographique, précisant que ce navire de 48m, destiné à la recherche multidisciplinaire de l’écosystème marin et aux problématiques du changement climatique, sera livré en 2021 et pourra embarquer plus de 15 scientifiques, en totale autonomie d’une durée de 30 jours.

S’agissant des défis posés par le changement climatique, il a indiqué que cette question est “d’une importance cruciale pour le Royaume, grand producteur halieutique, qui fait que notre pays est plus qu’attentif à cette problématique dont l’enjeu principal est de garantir la durabilité de ce secteur”.

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“Nous devons tous être conscients d’une chose, un océan préservé est un océan qui continue de remplir un rôle de régulateur du climat, à savoir celui d’absorber l’excès de chaleur et de CO2 générés par les activités humaines”, a-t-il dit, ajoutant qu’il s’agira, en d’autres termes, de maintenir l’océan peuplé de sa faune et de sa flore, de tous ses stocks halieutiques en bonne santé, pour qu’il puisse atténuer l’impact du changement climatique.

L’action du Maroc ne se limite pas à l’échelle nationale mais s’étend au niveau régional, a-t-il relevé, rappelant, à ce titre, le lancement durant la COP22 de l’initiative de la Ceinture Bleue qui a pour objectifs de mettre en place des mécanismes de coopération et de mobilisation d’appuis techniques et financiers pour répondre simultanément aux défis du changement climatique, de la conservation des océans et d’un développement durable de la pêche et de l’aquaculture, éléments clés de la sécurité alimentaire en Afrique et dans le monde.

Dans ce sens, le ministre a indiqué que plusieurs projets sont d’ores et déjà lancés et sont en phase d’expérimentation au niveau local avant de les reproduire à l’échelle régionale dans le cadre de l’initiative de la Ceinture Bleue, citant à titre d’exemple le projet de pêche sentinelle actuellement en cours d’expérimentation où les pêcheurs artisans et industriels contribuent à la collecte d’informations et à l’observation des océans pour alimenter un observatoire halieutique national.

Organisée par le ministère norvégien des Affaires étrangères, la 6ème Conférence Our Ocean réunit 500 délégués d’une centaine de pays, dont le Maroc, qui partageront, deux jours durant, leur expérience pour identifier des solutions et agir en faveur d’océans propres, sains et productifs.

Le Maroc est présent en force à cette grand-messe par une délégation conduite par M. Aziz Akhannouch, et composée notamment de Mmes Lamia Radi, ambassadeur du Maroc en Norvège, de Zakia Driouich, Secrétaire générale du Département de la pêche maritime, Majida Mâarouf, directrice de l’Agence nationale pour le développement de l’Aquaculture, et de M. Abdelmalek Faraj, directeur de l’Institut national de recherche halieutique.

Avec MAP

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