Le Mouvement Populaire va-t-il quitter le gouvernement ? Les propos de son chef de file le laissaient craindre. Mais il rectifie le tir et explicite sa position, lors d’un point de presse au siège du parti.
Ce qui était au départ un simple point de presse, pour annoncer le retrait par le Mouvement Populaire de sa plainte en justice contre un journal arabophone, s’est transformé en une conférence de presse, Mohand Laenser ayant été contraint de sortir de sa réserve pour répondre aux journalistes venus nombreux. Un déficit de communication du parti, ont reconnu les Harakis, a causé cet heureux quiproquo!
Une fois la page de l’incident médiatique tournée, après les excuses du journaliste en cause (qui avait accusé un responsable du MP de corruption) et la décision des responsables Harakis de retirer leur plainte, le secrétaire général du Mouvement Populaire s’est prêté au jeu des questions-réponses avec les médias. Le bal s’est alors ouvert sur les récentes déclarations de Laenser devant le Conseil national du parti, lesquelles avaient laissé entendre l’existence d’une crise au sein de la majorité, un désaccord latent entre ses différentes composantes et, ce qui est encore plus grave, un éventuel retrait du Mouvement Populaire de la coalition gouvernementale.
Rectifier le tir
A ces questions soulevées par Le Reporter, le secrétaire général du MP a répondu que ses déclarations avaient été mal interprétées, déformées et même mises hors de leur contexte. Et de rappeler que le Mouvement Populaire (tel qu’il l’a expliqué devant le Conseil national du parti) avait accepté de participer au gouvernement Benkirane II, après avoir étudié et décortiqué l’offre et pris en considération l’intérêt suprême de la Nation, celui du parti, la conjoncture du moment et l’expérience exceptionnelle que vivait le Maroc en ce moment précis. «Nous avions alors accepté par conviction de faire partie du gouvernement dans ses deux versions I et II, fidèles au programme du gouvernement et à la charte de la majorité», a affirmé Laenser.
Une réaction logique
«Nous agissons loyalement au sein de la coalition gouvernementale, dans le respect des engagements convenus et du programme gouvernemental», a encore dit Laenser. Et, pour dissiper toute équivoque et éviter toute mauvaise interprétation de son intervention devant le Conseil national du MP, le secrétaire général a tenu à préciser: «Si nous sentons qu’on ne se comporte pas avec nous en tant que partenaires complets, que nous ne participons pas aux grandes décisions, principalement à celles qui touchent les couches populaires et que nous ne sommes pas consultés ou qu’on ne demande pas notre avis au préalable, nous aurons à ce moment-là une autre réaction. Ça peut alors aller jusqu’à nous retirer du gouvernement».
«Nuances d’approche»
D’autre part, Laenser a rappelé qu’il existe au sein de l’alliance gouvernementale ce qu’il a qualifié de «nuances d’approche», sans pour autant que l’on puisse parler de divergences ou carrément de crise comme, à titre d’exemple, les nuances existant au niveau de la réforme de la retraite. «A ce niveau, il se dégage, a-t-il dit, un accord de principe sur le fond, mais les discussions se poursuivent, en attendant les chiffres pour que nous puissions mettre sur la table les priorités sur ce volet», a-t-il précisé.
Concernant la charte de la majorité, Laenser a rappelé qu’elle a été au centre d’une brève réunion entre les leaders des partis politiques de la majorité.
Les élections en 2015
En réponse à une question sur l’agenda des prochaines élections communales, Mohand Laenser, qui avait porté la casquette de ministre de l’Intérieur dans le gouvernement Benkirane I et était de ce fait au parfum de cet épineux dossier, a quand même répondu que la date n’était pas encore connue et qu’il se pourrait qu’elles aient lieu durant le premier semestre 2015. Il a également tenu à affirmer sa solidarité avec l’équipe de Benkirane qu’il dit homogène, même si, a-t-il souligné, «l’alliance gouvernementale n’est jamais possible à 100% et qu’elle est pratiquement impossible entre quatre composantes. Il y a des nuances et des concessions sur les programmes mutuels des partis politiques». Laenser a cependant tenu à rectifier le tir: «Le bilan du gouvernement n’est pas blanc: il y a beaucoup de bonnes choses positives pour le peuple».
Pour ce qui est du volet concernant la décompensation des produits pétroliers, Laenser a rappelé que les précédents gouvernements y faisaient allusion et que l’actuel s’est montré courageux en prenant la décision de la décompensation. Et le SG du MP d’annoncer que le chef de gouvernement, Abdelilah Benkirane, présentera bientôt le bilan de l’action gouvernementale.
Mohammed Nafaa
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Dérapage médiatique
Lors d’un point de presse tenu au siège du Mouvement Populaire à Rabat, Mohand Laenser a annoncé à la presse que l’incident (fausses accusations contre les ministres harakis) est clos et a appelé à de meilleures relations avec les médias.
Les 13 et 14 février 2014, l’affaire dite du chocolat et celle du ministre -toutes les deux harakies- qui aurait remis la modique somme de 300 millions de centimes à une dirigeante du parti pour lui assurer le fauteuil de ministre ont été au centre de la réunion hebdomadaire du Conseil de gouvernement et d’une conférence de presse tenue au siège du Mouvement Populaire. Durant les deux réunions, le chef de gouvernement et le leader du parti haraki ont catégoriquement démenti ces accusations répercutées par la presse et, du coup, blanchi les deux ministres harakis. Des accusations qui ont porté préjudice à l’Exécutif et terni quelque peu son image auprès des contribuables.
Le Mouvement Populaire, malgré le fait qu’il ait pris du retard en réagissant à ce qu’avait publié la presse, avait réuni ses instances et décidé de traduire en justice le journaliste et le support. Il avait exigé une somme faramineuse pour réparer le préjudice causé au ministre Mohamed Mobdie et à Halima Assali que la presse qualifiait de «Dame de fer». Mais tout de suite après, la machine médiatique s’est mise en marche pour obtenir du MP le renoncement au procès intenté au journaliste, contre des excuses de ce dernier en bonne et due forme.
Eviter le bidonnage
C’est lors d’un point de presse, tenu vendredi 14 février 2014 au siège du Mouvement Populaire par son secrétaire général, Mohand Laenser, que ce dernier, en compagnie de Mohamed Mobdie, de Abderrahim El Guerrouj et de Halima Assali, a informé les médias de l’issue positive de la médiation. Il a rappelé un récent précédent qui avait opposé la harakie Halima Assali, alors députée, à l’hebdomadaire «Tel Quel», qui, blessée dans son amour propre, avait fini malgré tout par renoncer à cent millions de centimes pour réparation du préjudice. Et de souligner que le parti n’a jamais cherché à se venger des journalistes, ni de la presse. Il a appelé ces derniers à ne pas tomber dans le bidonnage, ce qui n’est pas pour arranger les affaires de la presse et des journalistes.
Visiblement très ému et conscient du tort causé, le journaliste s’est excusé auprès des Harakis concernés et les a remerciés d’avoir retiré leur plainte.
L’incident est clos
Successivement, Moubdie, Assali et El Guerrouj ont rencontré tous ceux qui avaient participé, de près ou de loin, au dénouement favorable de cette affaire. Ils ont réitéré leur volonté de tisser les meilleures relations avec la presse. Mme Assali a pointé du doigt «les peureux qui se cachent derrière la presse pour attaquer», allusion à la cuisine intérieure du parti.
Pour sa part, M. Moubdie a affirmé considérer cet incident clos en précisant: «Je suis pour la réconciliation». Et d’ajouter: «Li bghani, iji âandi nichane» (Qui me cherche, qu’il vienne directement vers moi).
MN
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L’USFP pourrait remplacer le MP au gouvernement A un éventuel retrait du Mouvement Populaire du gouvernement et ce qui en découlerait, Mohand Laenser a répondu: «Si nous quittons le gouvernement, l’USFP pourrait peut-être y entrer ou un autre allié, ou encore, on pourrait aller vers de nouvelles élections. Mais quoi qu’il en soit, rien aujourd’hui ne laisse présager que nous quitterons l’actuel gouvernement». |
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Laenser se prononce sur le cas El Guerrouj A la question de savoir s’il s’est avéré que le ministre haraki, Abderrahim El Guerrouj, s’est fait payer sa commande de chocolat (33.000 DH) par l’Etat, donc par les contribuables, Mohand Laenser a été prompt et catégorique: «Si El Guerrouj avait été reconnu coupable (sous-entendu, il ne l’est pas), le parti ne l’aurait pas couvert, c’est sûr». |