La filière bio marocaine

Biofach Fevrier 2014

En marge du Biofach 2014 : La filière bio marocaine prend de l’élan

Du 12 au 15 février, à Nuremberg, en Allemagne, a été organisé l’un des plus grands salons bio au monde, le Biofach. Le pavillon marocain présent à l’occasion, pour la seconde année consécutive, à l’initiative de Maroc export, y a mis en valeur les atouts d’un Royaume au mille couleurs et saveurs, selon l’Association marocaine des professionnels de la filière bio (Amabio).

Le Biofach de Nuremberg rassemble des professionnels dans le secteur de la production biologique, spécialisés dans l’alimentation, les produits frais et produits transformés, les semences, le cosmétique, ainsi que dans les domaines de la technologie, du packaging et du marketing.
Selon Amabio, le Maroc a aujourd’hui une place comme producteur bio pour l’export mais également comme destination sur la carte des pays en plein développement de la filière. La production marocaine est en pleine effervescence et en particulier pour le terroir bio.
L’implication de Maroc Export dans cet élan consiste en la promotion de la filière et le soutien des intervenants quant à la présentation de leur produits à l’étranger et aussi à la création de canaux d’échange, de partenariat, de commercialisation et de distribution de produits marocains.

Où en est-on au juste au Maroc?

Au Maroc, il existe deux types de produits biologiques à savoir: les produits des plantes aromatiques et médicinales (PAM) spontanées et les produits des plantes cultivées. Dans ce dernier type, il existe les espèces fruitières (oranger, clémentinier, olivier, pommier, prunier, vigne, noyer) et les espèces maraîchères (tomate, poivron, melon, aubergine, carotte, courgette, haricot) en plus des PAM, notamment le câprier, le safran, la verveine, le henérosa, la lavande le jasmin et la citronnelle. Mais aussi, romarin, thym, sauge, cumin, origan, coriandre laurier rose, fenouil, lavande, marjolaine basilic, pin, camomille, armoise. Les non-cultivées comptent une seule espèce à savoir l’arganier. En 2009-2010, la superficie totale exploitée pour les deux types de productions citées ci-dessus est estimée à environ 622.500 ha.

Régions de production

Huit régions principales sont concernées par la production biologique. Les plantations cultivées sont localisées à Rabat, Azzemour, Fès, Taza, Béni Mellal, Marrakech, Agadir et Taroudant. Les plantes médicinales et aromatiques se retrouvent au niveau de presque toutes les régions, avec cependant une spécificité de la région de Marrakech pour la verveine, Taroudant (Taliouine) pour le safran et Fès pour le câprier. La vallée de Souss-Massa ressort comme la principale région maraîchère, en raison de son climat subtropical propice aux productions hors-saison. Certaines régions côtières (Azemmour et Rabat) sont également qualifiées pour ce genre de production.
Les productions fruitières émanent de deux régions essentielles : Marrakech et Agadir. Les autres régions fruitières du royaume telles que Meknès, Azrou, Midelt et Errachidia sont encore exclues du paysage agro-biologique actuel. Ces régions présentent cependant un potentiel énorme à exploiter.

Situation des exportations

Au cours des neufs dernières années, les exportations des produits biologiques ont connu une évolution remarquable, en passant de 1 895 tonnes à 7 230 entre 1998/1999 et 2006/2007 pour atteindre 12 500 tonnes en 2012/2013.
Les primeurs représentent la première catégorie exportée des produits biologiques avec une contribution annuelle de l’ordre 77 % dans le volume global. Durant la campagne 2010/2011, le volume de primeurs exporté était de 7512 tonnes, soit une évolution de 13% par rapport à la campagne précédente.
De façon générale, les exportations marocaines des produits biologiques se caractérisent par une forte concentration de ces exportations sur le marché français, un faible niveau de diversification des produits exportés, quatre produits représentent la majorité des exportations (tomate, courgette, navel et Maroc Late) et une forte fluctuation du tonnage total exporté.

Un ingénieur Allemand de retour en Chine testé positif au COVID-19

Mise à niveau de l’agriculture biologique

Un contrat programme d’un montant de 1,121 milliard de DH a été signé en marge des Assises de l’agriculture tenues le 26 avril 2011 à Meknès. Ce contrat programme engage la profession de la filière biologique, représentée par l’Association marocaine de la filière des productions biologiques (Amabio) et trois ministères ; à savoir celui de l’économie et des finances, celui de l’agriculture et de la pêche maritime et celui du commerce extérieur. L’objectif est d’améliorer la productivité de la filière biologique et sa compétitivité sur les marchés national et international. Pour cela, le programme de mise à niveau de la filière biologique s’articule autour de 4 axes concernant le développement de la composante recherche – développement, l’amélioration des conditions de valorisation, de commercialisation et de promotion des produits biologiques sur le marché intérieur, le développement et promotion de la filière à l’exportation et l’amélioration des conditions cadre de la filière.
Pour accompagner le développement de la filière dans le cadre du contrat programme, le groupe Crédit Agricole du Maroc (CAM) et l’Association Marocaine de la Filière des Productions Biologiques (Amabio) ont signé une convention de partenariat. Cette convention offre aux professionnels du secteur les moyens nécessaires pour développer leurs activités et améliorer leurs revenus au niveau national et international.

Hamid Dades
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Législation
Une loi pour tous


Adoptée en décembre 2012, la loi 39-12 relative à la production biologique des produits agricoles et aquatiques définit le champ d’application, les règles de production, de préparation et de commercialisation des produits biologiques, la Commission Nationale de la Production Biologique, le système de contrôle et de certification des produits biologiques et les conditions d’étiquetage se rapportant aux produits issus du mode de production biologique.
En vertu de cette loi, les intervenants dans le système de la production biologique vis à vis des opérateurs sont le Ministère de l’Agriculture et de la Pêche Maritime (MAPM) en tant qu’autorité compétente pour l’homologation des cahiers des charges types et la gestion du système d’accréditation des organismes certificateurs et les organismes de contrôle et de certification privés et/ou étatiques agréés par le MAPM, après avis de la Commission Nationale de la Production Biologique. La Commission Nationale de la Production Biologique en tant qu’entité consultative.

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Entretien avec Mouslim Kabbaj, Vice-président de l’Amabio

Mouslim kabbaj amabio

«Tout commence par le marché national»

Partenaire de la participation marocaine au Salon Biofach 2014, l’Amabio qui n’a que 3 ans d’existence œuvre pour imposer le bio comme une conso-habitude ancrée dans la société. Comment? C’est ce qu’explique au Reporter, le professeur Mouslim Kabbaj.

Tout d’abord qu’est-ce que l’Amabio?

L’Association Marocaine des professionnels de la filière Bio, est née il y a trois ans, elle a rapidement regroupé les différents intervenants du secteur qui convergent autour du bio, bien qu’elle ait commencé à travailler très doucement. Elle a su fédérer les efforts de plusieurs personnes qui font du bio depuis des années déjà mais qui procédaient individuellement. Ces gens-là ont rejoint l’association qui compte aujourd’hui quelque 80 membres avec autour d’eux des entreprises qui regroupent des dizaines, voire des centaines de personnes…

Quels sont les objectifs et la mission de l’association?

Satisfecit marocain du message du président allemand à SM le Roi (Baitas)

Les grands objectifs étaient de faire vivre l’Amabio avec comme priorité l’export. On produit, on investit et le marché du bio est porteur. En Europe, c’était, pendant des années, une croissance à deux chiffres. Donc il y a une demande… Cependant, on a laissé de côté de grandes possibilités de développement. Il n’empêche qu’on a commencé à apprendre les procédés de production, à mieux connaître les semences, à différencier les goûts…etc. Ceci a créé une certaine ambiance mue par l’idée que «le bio égal la santé», ce qui est déjà très bien.
Et voilà que depuis un an, tous les intervenants ont lancé un mot d’ordre dont je suis le porte-parole et qui est «le marché national».
Il faut se rendre à l’évidence qu’on ne peut pas se développer, ni exporter, si nous n’avons pas un marché national qui procure toute sa crédibilité à notre action à l’extérieur… L’idéal serait de réussir sur les deux plans. Mais il ne faut pas oublier le marché national et le consommateur marocain qui doit exploiter sa production nationale.

Existe-t-il une stratégie d’action pour l’Amabio?

Il est vrai qu’à ce jour, on naviguait à vue. Il nous manquait une stratégie et une vision claire qui doit être porteuse de toutes les composantes de la filière, c’est-à-dire, la production, les semences, la formation, la certification, le marché national, les magasins, les supermarchés, la distribution, etc. Et là, nous sommes en train, au sein de l’Amabio, d’étudier cette stratégie, avec une feuille de route qui va permettre à tous les acteurs d’y trouver leur intérêt. Il faut dire qu’on ne peut créer l’intérêt collectif qu’à partir de l’intérêt particulier… Nous partons de l’idée de déclarer l’année 2014, «l’année du bio». C’est une décision symbolique autour de laquelle toutes les actions que nous allons faire seront placées sous ce signe. Ainsi, nous allons prendre part cette année au Salon de l’Agriculture (SIAM), nous participerons aussi à Marrakech au Salon des officines (Salon des pharmaciens), en plus d’un certain nombre d’activités, notamment une journée nationale, des journées régionales, l’organisation de ciné-débats autour de projections de films pour sensibiliser la population. Il faut que le consommateur marocain sache que le pesticide est toxique…

Et qu’en est-il du cadre législatif?

A ce niveau il y a déjà une loi, la loi 39-12, adoptée il y a un an et demi et publiée dans le Bulletin Officiel. Mais ce qui prend du temps, ce sont plutôt les décrets d’application et les arrêtés. Il faut savoir qu’au début du mois de février 2014, la première réunion de la commission nationale du Bio a été tenue. Cette commission dérive de ladite loi. Et je pense que 2014 va être une année déterminante. Il faut mettre en place tous les textes nécessaires qui vont servir à réguler, contrôler et superviser ; et en même temps, qui serviront à dire qu’on ne peut plus utiliser le mot «bio» à tort et à travers. Car Bio ne veut pas dire naturel, ou «Beldi» ou écologiste… ça veut dire qu’il y a un organisme certificateur indépendant qui a été accrédité par le gouvernement marocain et la Commission nationale et qui peut accorder la certification selon un cahier des charges très exhaustif et très restrictif… Ce qui veut dire qu’on protège et le consommateur et la filière. Je pense qu’on y arrivera d’ici la fin de 2014, voire à la mi-2015.

Propos recueillis à Nuremberg par H.D

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