Périple royal en Afrique
Tout pour gâcher la fête, mais…
Complot algéro-polisarien au Mali, affaire du DGST Abdellatif Hammouchi, insultes au Maroc et parasitage des relations maroco-Françaises… De nombreuses péripéties ont émaillé la tournée royale en Afrique… Mais sans réel impact sur cette tournée.
Sa Majesté Mohammed VI a pris l’avion pour le Mali le mardi 18 février au soir, 1ère étape d’une tournée de deux semaines qui devait le conduire, après le Mali, en Côte d’Ivoire, en Guinée et au Gabon.
Accompagné d’une impressionnante délégation (une centaine de personnes: conseillers du Roi, ministres, grands patrons du secteur public et privé…), le Souverain entamait ainsi quatre visites d’amitié et de travail, devant toutes contribuer à renforcer les liens bilatéraux des pays visités avec le Maroc et, plus généralement, élargir et/ou renforcer la coopération sud-sud.
La 1ère étape, celle du Mali, avait un objectif supplémentaire: l’échange entre les deux chefs d’Etats –le Roi Mohammed VI et le Président Ibrahim Boubacar Keita- sur l’intégrité territoriale du Mali et la sécurité dans la région sahélo-saharienne.
Or, sur ces deux questions, l’Algérie tente de garder la haute main, voire l’exclusive supervision.
Dès lors, le périple royal ne pouvait être une promenade de santé. Côté Maroc, tous les observateurs en étaient conscients.
Première tentative de sabotage
La première tentative de sabotage est racontée par un site malien (Maliweb) qui qualifie l’histoire d’«abracadabrantesque». Ce site rapporte que six individus sont arrivés au Mali, une semaine avant la visite royale. Ils se sont d’abord installés dans un hôtel trois étoiles, sous la nationalité algérienne, déclarant être membres d’une ONG du nom d’«Entraide» qui s’occupe d’aide aux personnes démunies. «Ils ont loué deux véhicules privés. Lors de leur rencontre avec un responsable malien de l’association des droits de l’homme, le chef de la délégation s’est informé sur les couches les plus défavorisées du Mali et le respect des droits de l’homme», ajoute le site qui poursuit: «Mais très rapidement, ces ‘droits-de-l’hommistes’ assez particuliers ont été surveillés par les forces de sécurité du Mali… Ils étaient soupçonnés de vouloir faire capoter la visite du roi du Maroc et étaient surveillés comme le lait sur le feu». Ne se doutant de rien, raconte encore Maliweb, ils ont changé de costume, pour se présenter comme une ONG chargée de renforcer les relations entre le Mali et la fantomatique République arabe sahraouie démocratique et ont alors demandé audience à un conseiller du ministre malien des Affaires étrangères. Le sang de ce dernier n’a fait qu’un tour. Il a compris que c’est la visite du roi qui est en train d’être sabotée et a prévenu tout de suite qui de droit. Ordre a été donné sur le champ de les expulser. Ils sont tous repris l’avion. Et le site de conclure: «C’est finalement une ambassade qui a réglé leurs notes. On a pu alors découvrir, le véritable visage des commanditaires de l’opération».
Ce site ne dit pas de quelle ambassade il s’agit, mais d’autres médias maliens ont révélé que c’est de l’ambassade d’Algérie qu’il est question. L’objectif était que le groupe des six soit reçu par un officiel malien afin qu’ils puissent annoncer que le Mali avait reçu le Polisario avant la visite royale et, sachant quelle serait la réaction du Maroc, torpiller cette dernière.
Deuxième tentative de parasitage
Un deuxième parasitage a été tenté. Le Roi est donc arrivé au Mali mardi 18 février. Le lendemain, mercredi 19 février, le représentant du Polisario à Paris, était reçu –une première- au sein du parlement français. Une audition, à huis-clos, organisée par le groupe parlementaire de la Gauche démocrate et républicaine (GDR) qui avait créé l’année dernière un groupe d’études dédié au Sahara.
Mais la rencontre, médiatisée par la seule presse algérienne, n’a eu aucun écho…
Quelques autres nuages planaient par ailleurs sur le périple royal.
D’abord, l’état de santé du Président ivoirien qui venait de subir une intervention chirurgicale en France et dont était annoncée une nécessaire convalescence, sur place, jusqu’à la mi-mars. Les médias y sont alors allés de leurs supputations, l’un d’eux (Koaci.com) annonçant même l’annulation de l’étape ivoirienne (ce qui, on l’a vu, n’a pas été le cas).
Ensuite, la situation en Guinée et, particulièrement à Conakry où était attendu le Souverain marocain et où avaient lieu de violentes émeutes pour cause de coupures de courant dans la banlieue de la capitale dont souffrent les habitants depuis la mi-décembre. Les autorités guinéennes ont cependant tenu à rassurer sur l’accueil qui serait réservé au Roi et multiplié les signaux de leur attachement à cette visite, la première d’un Roi marocain en Guinée.
…Les vrais nuages allaient se déclarer dans d’autres cieux !
L’ affaire du DGST Abdellatif Hammouchi
C’est en France qu’allait en effet avoir lieu le premier gros clash.
Pourtant, ceux qui avaient craint, in peto, que l’Hexagone prenne ombrage d’une arrivée en force du Maroc dans un pays qui doit sa récente libération (d’abord) à l’armée française, ont été rassurés par la déclaration du porte-parole du Quai d’Orsay, du vendredi 21 février, dans laquelle il saluait «le rôle que le Roi du Maroc peut jouer pour faciliter la reconstruction et la réconciliation nationale au Mali. C’est un rôle très positif, constructif et important».
Or, dès le lendemain, éclatait l’affaire du Directeur général de la surveillance du territoire, Abdellatif Hammouchi. 9 policiers s’étaient présentés à la résidence de l’ambassadeur du Maroc en France, Chakib Benmoussa, pour notifier au chef de la surveillance du territoire, Abdellatif Hammouchi qui, semble-t-il, n’était même pas présent en France, une convocation du Parquet, après que l’association Acat (action chrétienne pour l’abolition de la torture) ait déposé deux plaintes contre lui pour «complicité de torture». Plaintes qui ont pour cause un séparatiste sahraoui, marié à une Française, condamné à 30 ans de prison au Maroc, suite aux événements de Gdim Izik ; et deux Franco-Marocains, condamnés à 5 et 10 ans de prison pour crimes de droit commun et extradés en France pour purger leur peine.
Une dépêche de la MAP, datée du 22 février, raconte et commente cette affaire: «Les informations sur une demande d’audition du Directeur général de la Surveillance du Territoire (DGST) au sujet d’une prétendue « complicité de torture au Maroc » introduite par une soi-disant association des droits de l’homme en France, avec à la clé un traitement médiatique spécial sur le fil de l’agence de presse française AFP, semblent cacher des desseins inavoués de certains milieux qui cherchent à tout prix à nuire à la relation exceptionnelle qu’entretiennent Rabat et Paris.
L’absurdité de cette affaire aussi bien au niveau de la procédure adoptée qu’à celui des cas judiciaires évoqués, ne peut que susciter des interrogations sur l’identité de ceux qui orchestrent cette vile besogne, cherchant vainement à altérer l’image du Maroc en France et les efforts que le Royaume ne cesse de consentir pour la défense des droits de l’Homme et la promotion des libertés collectives et individuelles. La réaction du Maroc à ce sujet ne s’est d’ailleurs pas fait attendre. « La rapidité déconcertante avec laquelle cette affaire a été traitée, son mode de médiatisation, la violation des règles et usages diplomatiques universels et le non-respect des conventions entre les deux pays, suscitent de nombreuses interrogations sur les motivations réelles de cette affaire et ses véritables commanditaires », a souligné vendredi soir (21 février) l’ambassade du Maroc à Paris». La dépêche MAP poursuit: «Cette affaire est d’autant plus curieuse, que la représentation diplomatique marocaine, ainsi que le DGST n’ont été informés de l’existence de cette plainte que par voie de presse avant que des policiers ne se rendent à la résidence de l’ambassadeur du Maroc, où le ministre de l’Intérieur Mohamed Hassad, tenait une conférence de presse sur sa participation à une réunion à Paris aux côtés de ses homologues français, espagnol et portugais» (fin de la dépêche MAP).
Le jour-même, la ministre déléguée aux Affaires étrangères et à la coopération, Mbarka Bouaida, convoquait, au siège du ministère, l’ambassadeur de France à Rabat, Charles Fries, «pour lui signifier la protestation vigoureuse du Royaume du Maroc». Un communiqué du ministère des Affaires étrangères et de la coopération ajoutait que Mbarka Bouaida avait précisé que «le Maroc rejette, catégoriquement, aussi bien la procédure cavalière et contraire aux usages diplomatiques utilisée que, davantage encore, les cas judiciaires, sans fondements, évoqués». Et que «cet incident grave et inédit dans les relations entre les deux pays est de nature à porter atteinte au climat de confiance et de respect mutuel qui a, toujours, existé entre le Maroc et la France». Avant de conclure que le Royaume du Maroc «exige, avec insistance, que des explications urgentes et précises soient données à cette démarche inadmissible et que les responsabilités soient identifiées».
L’incident diplomatique semblait embarrasser la France. Aussitôt, le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères (Quai d’Orsay) déclarait: «En réponse à la demande des autorités marocaines, nous avons immédiatement demandé que toute la lumière soit faite, le plus rapidement possible, sur cet incident regrettable, dans l’esprit de l’amitié confiante qui lie la France et le Maroc».
Dans le même temps, l’ambassadeur du Maroc en France, Chakib Benmoussa, était reçu, toujours dans «l’esprit de l’amitié confiante qui lie les deux pays».
Mais cela ne suffisait pas.
Nicolas Hulot, envoyé spécial du Président français pour la planète, qui devait participer à un forum au Maroc, a été prié de reporter sa visite en attendant les clarifications demandées.
L’affaire de l’ambassadeur de France à Washington
Tout le monde en était là quand, au lieu de s’éclaircir le ciel des relations maroco-françaises s’est davantage obscurci ! En cause une interview au journal «le Monde» de l’acteur espagnol Javier Bardem, un fervent supporter des séparatistes du Polisario, dans laquelle il déclare que l’ambassadeur de France à Washington, François Dellatre, lui aurait confié que «le Maroc est comme cette maîtresse avec laquelle on dort toutes les nuits, dont on n’est pas particulièrement amoureux, mais qu’on doit défendre». Propos qui auraient été tenus en 2011.
Cette fois-ci, c’est un communiqué du ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, Mustapha Khalfi, qui fait savoir la réaction du Maroc.
«Le gouvernement du Royaume du Maroc déplore profondément les mots blessants et les expressions humiliantes attribués à l’ambassadeur de France à Washington», dit le communiqué. Propos, ajoute le porte-parole du gouvernement, qui «ont été évoqués par un acteur espagnol, notoirement connu pour son hostilité viscérale à l’intégrité territoriale du Royaume, lors de déclarations dans des médias français, dans le cadre d’une campagne calomnieuse orchestrée contre la cause sacrée de tous les Marocains».
Et après avoir qualifié ces propos de «scandaleux et inadmissibles», le Porte-parole du gouvernement décline les attentes du Maroc. «Le gouvernement marocain demeure persuadé que la France saura réparer le mal qui a été causé par ces propos, qui ont blessé l’ensemble des Marocains et Marocaines. La France saura trouver la manière la plus adéquate, au-delà du simple démenti du porte-parole du ministère des Affaires étrangères français, sans réaction du diplomate concerné, pour lever le tort subi par ces propos et ce, qu’ils lui aient été fallacieusement attribués ou effectivement prononcés», peut-on lire dans le communiqué.
Pendant ce temps-là, le Roi poursuivait sa visite au Mali, les deux parties signant 16 conventions prometteuses, avant de s’envoler pour la Côte d’Ivoire, où il est arrivé dimanche 23 février.
Allo, François Hollande à l’appareil…
Le lendemain, 24 février, c’est un communiqué du Cabinet Royal qui annonce: «Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu L’assiste, a reçu aujourd’hui un appel téléphonique de Monsieur François Hollande, Président de la République Française. Au cours de cet entretien, les deux chefs d’Etat ont évoqué le contexte actuel des relations maroco-françaises suite aux faits survenus ces derniers jours. A la lumière des clarifications apportées à ce sujet, les deux chefs d’Etat ont convenu de poursuivre les contacts durant les prochains jours au niveau des deux gouvernements et d’œuvrer dans l’esprit des relations d’exception qui lient le Maroc et la France».
Cela se passe de commentaires…
Félicitations américaines
Le même jour, les Etats Unis faisaient savoir qu’ils se félicitaient des efforts déployés par le Maroc au Mali.
Le Porte-parole du Bureau des affaires africaines au Département d’Etat, Will Stevens, déclarait: «Nous nous félicitons des efforts déployés par le Royaume du Maroc en soutien au processus de négociation entre le gouvernement du Mali et les groupes au nord du pays», soulignant que «la stabilité du Mali demeure importante pour la paix et la sécurité globales du Sahel et de la sous-région dans son ensemble».
«What else ?», dirait Georges Clooney dans une célèbre capsule publicitaire…
La tournée royale se poursuit dans une ambiance festive. Pas moins de 24 accords ont été signés à Abidjan. Et ceux qui ont voulu gâcher la fête n’ont fait que confirmer la force du Maroc. Aujourd’hui, ils sont Gros-Jean comme devant.
Dossier réalisé par BA, HD et KB
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Entretien téléphonique entre le Roi et le Président ivoirien SM Mohammed VI a eu, lundi 24 février, un entretien téléphonique avec le chef de l’Etat ivoirien, Alassane Ouattara. |
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La caravane des initiatives et actions sûres du Maroc avance, et les chiens aboient. Bonne évolution et grands succès pour les relations Maroco-africaines.