Fizazi commente la prière qui fera date

Roi MohammedVI et Fizazi imam salafiste

Le 28 mars dernier, SM Mohammed VI a effectué la prière du vendredi à la mosquée Tarik Ibn Zyad de Tanger où l’imam qui assurait le prêche n’était autre que le cheikh salafiste Mohamed Fizazi, condamné à 30 ans de prison en 2003 suite aux attentats de Casablanca et gracié en 2011. Un événement que commente pour nous l’imam Fizazi lui-même.

Interview

Comment vous représentiez-vous SM le Roi Mohammed VI et comment l’avez-vous trouvé après vous être retrouvé près de lui?

Pour moi, personnellement, je connaissais le Roi en tant que chef d’Etat et Homme politique. Mais je n’avais de lui aucune connaissance -j’entends de près, bien sûr. Et c’est la prière qui m’a permis de mieux le connaître. De connaître le Roi, être humain et non pas le Roi Sultan. Pour ce qui est de son côté humain, j’ai saisi sa grandeur d’âme, son humilité, sa haute éducation et sa modestie. Il vous procure une sensation de quiétude et de sécurité au moment même où vous le rencontrez. C’est mon opinion du Roi.

Et quand vous vous êtes retrouvé devant le Souverain, le saluant?

Le salut est venu après la Khotba (Prêche) du vendredi et après la prière. J’avais donc eu assez de temps pour être à l’aise en sa présence, sans une quelconque barrière, ni humaine, ni de fer. Le salut est donc venu à point nommé couronner cette relation spirituelle dans l’enceinte de la maison de Dieu (Mosquée Tarik Ibnou Ziad à Tanger).

Mais vous retrouver tellement près du Roi n’est pas évident ?

Effectivement, parce que vous vous retrouvez en face de la plus Haute autorité du pays, devant un homme qui n’a au-dessus de lui que le Tout-puissant. Le moment est donc exceptionnel.

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Qui a choisi le thème de la Khotba de ce vendredi?

Vous savez, le thème de la Khotba est lié à la personne du Roi. C’est lui qui a choisi de prier dans cette mosquée, alors qu’une autre était prévue, avec un autre Khatib et un autre thème: «Al-imame bil-ghaïb». Donc, lorsque le Souverain a choisi la mosquée Tarik Ibn Ziad où je fais le prêche, tout a changé. Moi, personnellement, j’avais préparé une autre Khotba avec comme thème le verset coranique «Inna Ibrahima kana Oummatan». Mais une fois avertis de la décision royale, nous avons, le ministre des Affaires islamiques et moi-même, préparé de façon consensuelle une autre Khotba.

Et qu’est-ce qui a prévalu dans le choix de la nouvelle Khotba?

Il fallait qu’elle soit politique, parce que le moment était exceptionnel. Le Khatib (prêcheur) aussi. Il était opportun dans ce cas de figure qu’il y ait des messages ciblés et c’est ce qui s’est fait.

Quels étaient ces messages?

Le premier message était que le Maroc est assez grand pour tous et que nous tous sommes sous la tutelle royale. Deuxièmement, le Roi est ce grand parasol qui couvre de son ombre toutes les couches de la société…

Quelle lecture faites-vous de cet événement?

En ce qui me concerne, il faut voir avant et après l’événement. Pour ce qui est avant, le message royal est clair comme l’eau de roche, parce que je considère que j’étais victime (madloum) d’une grande injustice qui m’a atteint jusqu’à la «moelle épinière», en ce sens que j’ai été condamné à tort à 30 années de prison. Et j’ai purgé huit longues années (du 28 mai 2003 au 14 avril 2011). Je dis donc -et je suis catégorique!- qu’il est impossible, voire inimaginable que le Roi, que Dieu le protège, puisse prier derrière un terroriste et un meurtrier. Il se trouve des gens pour dire que le Roi m’a emprisonné. Moi, je dis le contraire: c’est le Roi qui m’a fait sortir de prison.

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Et le message après l’événement?

Ce message est destiné à qui de droit, à savoir les «Al-jamaâte al-moutachaddida» (les groupes extrémistes), parce que la voie est claire. C’est celle de la réconciliation avec la société marocaine, avec les institutions. Ce n’est pas une affaire de barbe longue ou de djellaba courte, mais de citoyenneté mûre. Le Maroc est le pays de la diversité et le Roi est le Roi de tous les Marocains.

Quel est à votre avis l’impact du geste royal sur l’avenir salafiste?

Premièrement, je corrige: je ne représente pas le salafisme. Quant à l’événement, il n’a pas un impact seulement sur les salafistes, mais sur tout le monde. Donc, c’est sûr que nos adversaires idéologiques sont désarçonnés et mal à l’aise. Quant à l’élite fidèle à son pays et à son Roi, elle a plutôt apprécié l’événement à sa juste valeur et l’a placé dans son vrai contexte, à savoir, l’union dans l’intérêt de la Nation. A l’international, les USA, la Grande-Bretagne et d’autres pays du monde ont salué l’initiative et la sagesse royales.

Interview réalisée par Mohammed Nafaa

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