CESE : Le Maroc face aux nouvelles formes de protestation

CESE : Le Maroc face aux nouvelles formes de protestation

Le Conseil Economique Social et Environnemental (CESE), a organisé mardi 29 octobre 2019 à Rabat, une rencontre pour présenter les grandes lignes de son rapport annuel au titre de l’année 2018, sous le thème «Les nouvelles formes de protestation au Maroc».

Dans son allocution introductive, le président du CESE a fait savoir que le Conseil élabore ses rapports annuels conformément aux dispositions de l’article 10 de la loi organique qui régit le fonctionnement de cette institution consultative indépendante. Ahmed Réda Chami a souligné que les rapports du CESE sont présentés au Souverain, avant d’être déposés au Secrétariat général du gouvernement et à la présidence du Parlement.   

Zoom sur les nouvelles formes de contestation

S’agissant du thème retenu pour son rapport annuel 2018, le CESE l’a justifié par la multiplication des nouvelles formes de contestation et d’expression citoyenne, ainsi que par la nécessité de lancer une réflexion sur les moyens d’en tirer profit, pour un meilleur développement économique, social, culturel et politique au Maroc. Dans ce cadre, le président du CESE a insisté sur le fait que les Marocains recourent de plus en plus aux réseaux sociaux pour exprimer leurs attentes mais aussi leur mécontentement. Ceci s’explique, selon le rapport du CESE, en grande partie par l’anonymat et l’instantanéité des échanges que procurent les réseaux sociaux. L’absence de passage par des corps intermédiaires traditionnels constitue l’une des principales caractéristiques et l’un des traits dominants de la protestation via le web, a-t-on ajouté de même source. Pour Ahmed Réda Chami, il était grand temps de traiter ce thème, sachant que le monde fait face actuellement, à une  nouvelle vague de protestation. Dans ce contexte houleux et changeant, que doit faire le Maroc? D’emblée, le président du CESE a fait savoir qu’au Maroc, il n’a jamais été question de restriction de libertés publiques ou individuelles. Il a toutefois estimé que les acteurs politiques et de la société civile sont plus que jamais appelés à faire preuve de proximité vis-à-vis des citoyens, notamment les plus jeunes d’entre eux et dont les aspirations sont différentes de celles de leurs aînés.   De son coté, Lahcen Oulhaj, membre du CESE, a présenté une vue d’ensemble des nouvelles formes de protestation que connait le Maroc depuis quelques années. Selon lui, les réseaux sociaux ont grandement contribué à l’émergence de nouvelles formes de contestation jusque-là méconnues des Marocains. Ce changement de comportement, a-t-il précisé, s’est fait ressentir avec force au sein de la société à partir de l’année 2011, au lendemain du déclenchement du printemps arabe en Tunisie. Comme souligné par le rapport du CESE, la balle est désormais dans le camp des pouvoirs publics. Ces derniers sont appelés à faire bon usage des réseaux sociaux pour fédérer et mobiliser un maximum de citoyens autour de projets communs de développement. Actuellement, on constate que, la plupart du temps, les réseaux sociaux sont utilisés par des individus qui font tout pour minimiser les efforts consentis et les progrès réalisé par le Maroc.

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Quelles leçons tirer de la campagne de boycott?

Le rapport annuel 2018 du CESE, s’est également focalisé sur la campagne de l’année dernière, à travers les réseaux sociaux, pour le boycott de trois marques de grande consommation au Maroc. A ce niveau, le CESE a fait observer dans son rapport, qu’au-delà des considérations ayant trait à l’origine de ce mouvement et aux choix des entreprises ciblées par le boycott, l’expansion rapide et importante de l’adhésion populaire à cette campagne, ainsi que son impact significatif indiquent que celle-ci a trouvé un écho auprès de larges franges de la population, dans un contexte marqué par un malaise social généralisé. L’expérience du Boycott a permis de tirer de nombreux enseignements, a ajouté le CESE. Par conséquent, appel a été lancé pour renforcer le cadre institutionnel et réglementaire de protection des droits du consommateur et lui garantir les voies de recours; renforcer le cadre de régulation des marchés pour une concurrence plus saine et pour résorber les abus et pratiques illicites sur les marchés; améliorer l’accès à l’information sur les marchés et mettre en place un observatoire des prix et des marges comme outils d’aide à la décision; accorder un poids plus important à l’anticipation et la gestion de crises et à la communication en situation de crise vis-à-vis du citoyen et ce, aussi bien au niveau des pouvoirs publics que du secteur privé; réformer le cadre juridique et institutionnel pour corriger les situations de conflit d’intérêt pouvant éroder la confiance des citoyens; et enfin, promouvoir la place de la responsabilité sociétale de l’entreprise.

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Renforcer la démocratie participative

Le renforcement des mécanismes de démocratie participative est, selon les rédacteurs du rapport du CESE, le seul moyen pour résoudre la crise de confiance des citoyens envers les institutions. Il s’agit en l’occurrence de faciliter les procédures d’exercice de l’initiative législative et du droit de pétition. Les conditions d’exercice de ces droits sont actuellement très lourdes et ne permettent pas une réelle participation des citoyens à la gestion de la chose publique.

Mohcine Lourhzal

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