Le Wali de Bank Al-Maghrib (BAM), Abdellatif Jouahri, a mis en exergue, lundi à Rabat, les implications et effets « disruptifs » de la transformation digitale et des innovations technologiques sur la sphère financière africaine, en particulier.
S’exprimant lors de la troisième édition du Symposium Régional de haut niveau sur la stabilité financière, M. Jouahri a ainsi appelé le système financier africain à s’adapter constamment pour faire face à l’émergence de nouveaux risques et vulnérabilités pesant sur la stabilité financière.
Au Maroc, les autorités financières ont établi en 2018 une feuille de route pour la surveillance du cyber-risque au sein du système financier national en s’inspirant des standards internationaux en la matière, a indiqué le Wali de BAM, faisant savoir qu’un diagnostic de la maturité des établissements financiers en matière de cybersécurité est en cours de préparation selon une démarche concertée entre les trois régulateurs.
Selon M. Jouahri, l’essor des Fintech et des Insurtech, l’utilisation des Big Data, les modes de financements alternatifs « crowdfunding », le développement du paiement mobile et l’utilisation des technologies de la blockchain sont autant d’exemples sur l’implication importante de ces innovations technologiques dans les secteurs bancaire, assurantiel et des marchés de capitaux.
A cet égard, les risques induits par ces technologies disruptives se sont amplifiés avec la digitalisation accrue et rapide des services financiers, a-t-il relevé, citant particulièrement, des risques d’utilisation des technologies informatiques à des fins de blanchiment de capitaux et du financement du terrorisme, de protection des consommateurs et de recrudescence des cyberattaques ciblant le secteur financier.
Institutionnalisé tous les deux ans, ce Symposium Régional est organisé par la Banque centrale avec le concours du Conseil de Stabilité Financière (Financial Stability Board – FSB) et l’implication de manière régulière, à compter de cette troisième édition, de l’Association des Banques Centrales Africaines (ABCA).
Intervenant à cette occasion, le Président de l’ABCA et Gouverneur de la Banque nationale de Rwanda, John Rwangombwa, a souligné que les institutions africaines doivent agir ensemble pour faire de l’intégration africaine un véritable atout permettant de construire des systèmes financiers africains « plus sûrs » et « plus résilients », rappelant à cet effet la conclusion récente de l’accord créant une zone de libre-échange continentale africaine.
De même, un engagement total des banques centrales africaines est requis afin de pouvoir réfléchir sur les mesures nécessaires à même de préserver la stabilité financière dans le continent, a-t-il estimé.
Pour sa part, le Secrétaire général adjoint du FSB, Rupert Thorne a passé en revue un historique des activités du Conseil ainsi que son large programme de réformes et leur évaluation ayant pour but de mettre en place des institutions financières résilientes et de prévenir la survenance de crises systémiques.
M. Thorne n’ a pas manqué de souligner que l’émergence de nouvelles technologies invite les pays à élargir leur périmétrie de régulation en vue de parvenir à une surveillance et un contrôle des plus « rigoureux », tout en mettant en garde contre les effets « peu désirés » liés au recours aux stable-coins, un type de cryptomonnaie dont la valeur est stable.
Initié en coordination avec le ministère de l’Economie, des Finances et de la réforme de l’Administration, l’Autorité Marocaine du Marché des Capitaux (AMMC) et l’Autorité de Contrôle des Assurance et de la Prévoyance Sociale (ACAPS), ce Symposium offre aux différents participants l’occasion de débattre des nouvelles vulnérabilités et risques émergents impactant la stabilité financière, notamment ceux induits par la révolution digitale et les changements climatiques.
Selon les organisateurs, le programme de l’évènement inclut une session dédiée au partage d’expériences en matière de cadre de résolution et de gestion de crises du secteur financier.
Avec MAP