Où en est vraiment le sous-continent indien ?

Inde elections 2014

Inde: l’élection de tous les records

L’Inde est souvent présentée comme la plus grande démocratie du monde. C’est par référence, bien sûr, à sa population et au nombre des électeurs qui se rendent aux urnes.
Mais l’Inde est également et sans conteste, au-delà de son système électoral démocratique, une démocratie bien particulière.

Ce pays, le plus important du sous-continent indien, connaît une démographie mal contrôlée, des fossés économiques et des divisions ethniques et culturelles.

La montée des hindouistes prévue par les sondages aux dépens des laïcs de la famille Gandhi-Nehru peut changer bien des choses au niveau des rapports intercommunautaires, comme des relations avec les pays voisins du sous-continent issus, eux aussi, de la fin de l’empire des Indes britanniques: le Pakistan et le Bengladesh, sans oublier le Cachemire, deux pays musulmans et un territoire contesté face à une puissance hindouiste qui est également, au niveau de sa population, l’un des pays comptant le plus de musulmans dans le monde… Le troisième après l’Indonésie et le Pakistan.

Les élections législatives indiennes se sont ouvertes lundi 7 avril. Il s’agit du plus grand scrutin jamais organisé dans le monde: en tout, près de 814 millions d’électeurs indiens sont appelés aux urnes afin de choisir quel parti et quel Premier ministre dirigeront le pays à la fin mai. Le vote se déroulera en neuf étapes, jusqu’au 12 mai, pour permettre aux électeurs de déposer leur bulletin dans l’un des près d’un million de bureaux de vote du pays. Les premiers à voter (dès le lundi 28 avril) sont les habitants des Etats de l’Assam et du Tripura, enclavés dans le nord-est du pays et souvent négligés par le pouvoir central. Les résultats seront proclamés le 16 mai et le nom du prochain Premier ministre sera connu le 28 mai, après cinq semaines de vote et de nombreuses journées de négociations entre les partis et les responsables politiques.
Celui qui fait figure de favori pour ce poste s’appelle Narendra Modi. C’est le leader du BJP, parti nationaliste hindou. Il est accusé par son adversaire, le Parti du Congrès, d’être une menace pour la tradition laïque de l’Inde et de représenter «une combinaison dangereuse de fanatisme religieux, de pouvoir et d’argent». Végétarien strict, adepte d’une pratique quotidienne du yoga, Modi a adhéré très jeune à une organisation nationaliste hindoue avant de rejoindre le BJP à un moment où les relations entre communautés religieuses étaient dégradées.
Depuis 2002, il tente d’éloigner les suspicions sur son absence de réaction lors des émeutes du Gujarat qui ont fait plus de 1.000 morts, essentiellement musulmans. Modi, qui venait de prendre la tête de l’Exécutif de cet Etat, n’a pas été mis en cause judiciairement, mais l’une de ses proches a été condamnée à la perpétuité.
Pendant la campagne, Modi s’est présenté comme un nationaliste modéré, surtout préoccupé par le développement de l’économie et les questions de bonne gouvernance. «Ma religion, c’est la nation et l’Inde avant tout», déclare-t-il lors des meetings, ajoutant que la Constitution est son «seul livre saint» et que la construction de toilettes doit passer avant celle de temples. Sur les émeutes de 2002, il a dit ressentir de la «douleur» et de la «tristesse».
Mais sa décision d’être candidat à la députation dans la ville sainte de Varanasi (Bénarès) est une façon de rappeler à ses soutiens qu’il n’a pas oublié ses racines. Il a aussi évoqué ces «75% du peuple» de l’Inde -c’est-à-dire les hindous- qui ont été oubliés par le Parti du Congrès au pouvoir depuis 10 ans. Les musulmans représentent, eux, 13% environ de la population de l’Inde.
Ce danger communautaire est d’autant plus grand que l’Inde est face à des difficultés croissantes. L’Inde est peut-être à un tournant de son histoire. Elle traverse une profonde crise politique et économique qui l’a fait douter d’elle-même. Après une décennie à plus de 9%, la croissance s’est effondrée à moins de 5%. Il y a aussi l’érosion tout aussi spectaculaire de la roupie (la monnaie indienne a perdu 15% de sa valeur face au dollar) et l’inflation qui s’est mise à monter en flèche (de plus de 8%).
Le Parti du Congrès est au pouvoir depuis 2004. La formation de centre-gauche, qui a conduit l’Inde à l’indépendance et présidé à sa destinée depuis un demi-siècle, s’est révélée incapable d’enrayer sa chute. La classe moyenne est démoralisée. Les 355 millions d’Indiens qui vivent toujours sous le seuil de pauvreté (selon les chiffres des Nations Unies pour 2010) sont désespérés.
Le gouvernement, dirigé par Manmohan Singh, enfile les scandales de corruption et le Congrès est sans héritier charismatique.
Rahul Gandhi n’est l’homme du Congrès que par la grâce de son nom. Il est le dernier rejeton d’une dynastie qui a présidé pendant 50 ans au destin du sous-continent: son arrière-grand-père, Jawaharlal Nehru, a été le Premier ministre de l’Inde indépendante, sa grand-mère, Indira Gandhi et son père, Rajiv Gandhi, ont dirigé à leur tour le pays. Et c’est aujourd’hui sa mère, Sonia Gandhi, qui dirige le Parti du Congrès. Pour les Indiens, le falot Rahul Gandhi est le signe que cette lignée a fait son temps.
L’Inde peut basculer chez les hindouistes et rendre le monde un peu plus dangereux.

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Les musulmans en Inde

L’islam est en Inde la deuxième religion après l’hindouisme. D’après le recensement de 2001, 13,4% de la population indienne est musulmane, soit environ 138 millions de personnes. Après l’Indonésie et le Pakistan, l’Inde est le troisième pays ayant la communauté musulmane la plus importante. Depuis son introduction en Inde, au début du VIIIe siècle, l’islam a contribué à de nombreux apports à la culture, à la société et à la vie politique indiennes. Mais il y eut aussi des conflits entre musulmans et hindous tout au long de l’histoire de l’Inde, jusqu’à aujourd’hui. La raison principale est que la cessation britannique de l’Inde en 1947 a eu pour conséquence un déplacement de populations musulmanes dans le nouvel Etat du Pakistan, puis dans celui du Bengladesh, de façon que ces deux pays soient majoritairement musulmans, tandis que l’Inde restait majoritairement hindoue.

Les religions en Inde

L’Inde est le foyer de quatre religions: l’hindouisme, le bouddhisme, le jaïnisme et le sikhisme. Dans l’histoire du pays, la religion a souvent joué un rôle important et la diversité et la tolérance religieuses sont des traits significatifs de la culture indienne aujourd’hui reconnus par la loi. L’immense majorité des Indiens se reconnaît dans une religion et celle-ci joue souvent un rôle primordial dans leur vie.
Selon le recensement de 2001, l’hindouisme est de loin la religion la plus pratiquée: elle regroupe plus de 827 millions de fidèles, soit 80,5% de la population. L’Inde compte 138 millions de musulmans, soit 13,4% de la population. Les chrétiens, dont certains font partie des plus anciennes communautés chrétiennes du monde (chrétiens de saint Thomas), sont 24 millions (2,3% de la population). Les Sikhs, qui habitent en majorité au Penjab, sont 19 millions (1,9% de la population). Les bouddhistes sont 7,9 millions (0,8% de la population) et les jaïns 4,2 millions (0,4%).
Le zoroastrisme et le judaïsme ont aussi une longue histoire en Inde et comptent toujours plusieurs milliers de fidèles. Le pays accueille également la plus grande communauté bahá’ie au monde.
La diaspora indienne en Occident a popularisé certains aspects de la spiritualité hindoue, comme le yoga, la médecine ayurvédique, la divination, le végétarianisme, le karma et la réincarnation.

El Habib Belkouch, Président du Centre d’études en droits humains et démocratie

Patrice Zehr

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