Pour Shara Sido, une déplacée kurde syrienne, la nouvelle, glaçante, est tombée sur son téléphone portable: un message «Venez chercher votre fils», assorti d’une photo montrant un cadavre ensanglanté.
Cette femme de 65 ans impute le meurtre de son fils aux groupes armés syriens soutenus par la Turquie, accusés par des ONG d’exécutions, d’expropriations et de «crimes de guerre potentiels» dans les régions conquises en octobre dans le nord de la Syrie. Ils ont tué mon fils de sang-froid», lance la sexagénaire, en montrant à l’AFP, sur son téléphone, la photo du «monstre» qui, selon elle, a dit avoir tué «par erreur» son fils.
Mais Shara Sido ne croit pas à une méprise. «Ils viennent tuer les Kurdes», accuse-t-elle. Cette mère de cinq enfants vivait à Ras al-Aïn, une ville frontalière majoritairement kurde, passée sous le contrôle des troupes pro-Ankara, à l’issue d’une vaste offensive en octobre.
Craignant pour sa famille, elle s’est réfugiée dans la ville de Qamichli, plus à l’est, capitale de facto de la minorité ethnique, emportant à la hâte quelques affaires. Mais quand son fils, Rezan, 38 ans, est retourné à Ras al-Aïn pour récupérer des papiers administratifs et des vêtements, il a été tué avec quatre autres personnes venues avec lui s’enquérir du sort de leur maison.
«Je vais dénoncer leurs crimes au monde», s’exclame la sexagénaire.
PZ