Souffrances. En un quart de siècle, Ali Najab en a vu de toutes les sortes et en permanence. Fait prisonnier par les soudards du polisario, ce brave capitaine de l’armée de l’air marocaine sera condamné à endurer les affres de la prison et les barbaries de ses geôliers qui sont à la solde du régime algérien.
Ce n’est que près de 16 ans après sa libération que le capitaine Najab décide de partager avec le public marocain et international ses souffrances et le déchirement familial qu’il a dû subir dans les geôles des séparatistes polisariens en terre algérienne.
“25 ans dans les geôles de Tindouf” est l’intitulé de cet ouvrage autobiographique qui raconte, avec beaucoup d’amertume, mais aussi avec le recul et la rigueur qui se doivent pour un document historique qui devra devenir une référence, l’horreur de la prison et la bestialité du geôlier. C’est un livre écrit aussi avec la finesse d’un écrivain et la force d’un soldat fier et viscéralement attaché à sa patrie.
Tout au long de plus de 562 pages que renferme l’ouvrage, Ali Najab emmène le lecteur à travers les détails d’une vie qui était promise à un avenir prometteur. Depuis son enfance et ses premiers pas dans la tribu des Aït Ourain, au pied de l’Atlas, jusqu’à son engagement dans l’armée de l’air en 1965 et ses formations au Maroc, en France, aux États-Unis et en Iran, le capitaine Najab relate ses périples et ses jours de joie.
Après son affectation dans les provinces du Sud comme pilote de chasse, chef de détachement d’une escadrille d’avions F-5 et chef des moyens opérationnels de la base de Laâyoune, le pilote, qui était en mission de reconnaissance, est la cible, le 10 septembre 1978, d’un missile ennemi près de Smara, qui le contraint de s’éjecter de son l’appareil, tombant ainsi entre les mains de ses futurs geôliers.
Cet accident aérien “fut un tournant décisif, voire fatal, dans ma vie et dans ma carrière militaire”, écrit M. Najab, qui veut faire de son livre “celui de tous les prisonniers”, une “tribune” pour ces “compagnons d’infortune” qu’il a côtoyés et qu’il a vu subir les traitements inhumains de leurs bourreaux et parfois en mourir, abandonnés sans soins jusqu’à la mort, ou simplement passés par les armes.
Réparti en 21 chapitres, le livre propose au lecteur des épisodes importants, comme l’institutionnalisation de la torture dans les prisons du polisario à Tindouf et à Boufarik (dans le nord de l’Algérie), l’utilisation des prisonniers dans les programmes de propagande anti-marocaine diffusés à la radio ou devant la presse, ou encore la soumission des prisonniers aux travaux forcés.
Il s’arrête aussi sur la tentative, “soldée par l’échec”, d’enrôler dans son armée des prisonniers marocains d’origine sahraouie, ou encore sur une liste des articles des conventions de Genève “opposables à l’Algérie et au polisario, largement violées”.
L’auteur a choisi le “devoir de mémoire”, écrit l’historien et universitaire Jamaâ Baida dans sa préface de l’ouvrage. En effet, le capitaine Najab se dit “personnellement perturbé” quand il rencontre “des jeunes qui connaissent l’histoire du FC Barcelone et du Real de Madrid, mais ne connaissent rien ni du conflit du Sahara ni de l’histoire du Maroc tout court”.
“25 ans dans les geôles de Tindouf” s’inscrit donc dans ce devoir de renseigner les jeunes sur le passé de leur patrie, dans un récit “fort instructif”, qui a aussi le mérite de dévoiler des “aspects peu connus de la guerre du Sahara”, se félicite Dr. Baïda.
De l’avis de Hubert Seillan, avocat au barreau de Paris, qui a écrit un avant-propos de ce livre, le capitaine Najab renseigne également sur la notion de la liberté. L’ex-prisonnier a démontré à ses tortionnaires qu’”on n’encage pas la liberté”, écrit Me Seillan.
L’homme, souligne-t-il, “est resté debout. (…) Fier de ses forces intérieures. Sa pensée, fluide et limpide, maintenant libérée des scories des souffrances endurées, lui donne une belle écriture, bien structurée”.
Édité en 2019 chez La Croisée des Chemins, l’ouvrage sera présenté le mardi 7 janvier 2020 à 17H à la bibliothèque nationale du Royaume du Maroc.
Avec MAP
Ah oui. Ce courageux pilote qui largait des bonbons aux sahraouis s’est fait abattre traîtreusement. Non. Il n’avait pas de bombons, mais des bombes. Cela semble être une tradition dans l’armée de l’air marocaine. Bombarder des populations ne disposant pas d’aviation de préfèrence. Yémen et Sahara occidental.
Moi je trouve ces sahraouis bien gentils. Moi perso si j’attrape un pilote qui aurait bombarde mon pays, il ne passera pas 25 ans dans les geôles et n’écrirai aucun livre. Non vraiment gentils ces sahraouis.