Quelque 60 millions d’Italiens sont priés de rester chez eux à compter de mardi, conformément à un décret pris par le gouvernement de Rome, sans précédent dans le monde, afin de lutter contre le coronavirus dont la progression, proche de la pandémie selon l’OMS, a déjà tué plus de 4.000 personnes.
« Tutti a casa » (tous à la maison), « tout ferme »: les titres de la presse italienne résument ainsi mardi le nouveau décret signé par le chef du gouvernement Giuseppe Conte, qui étend à toute l’Italie les mesures drastiques confinant depuis dimanche un quart de la population dans le nord du pays. L’Italie, pays membre du G7, devient ainsi le premier pays de la planète à généraliser des mesures aussi draconiennes pour tenter d’enrayer la progression du coronavirus, qui a déjà fait 463 morts et plus de 9.000 cas dans la péninsule. Dès lundi soir, à Rome ou Naples, des supermarchés ont été pris d’assaut par des Italiens apeurés, par les conséquences de ce nouveau décret, inédit en Europe et dans le monde.
La France, cinquième pays le plus atteint avec plus de 1.400 cas, dont depuis lundi le ministre de la Culture Franck Riester, et 25 morts, avait interdit dimanche les rassemblements de plus de 1.000 personnes.
Le gouvernement japonais a approuvé mardi un projet de mesures d’état d’urgence qui permettraient aux autorités d’exiger le confinement et de réquisitionner des bâtiments pour les utiliser comme hôpitaux.
L’Irlande a annulé le défilé prévu à Dublin pour la Saint-Patrick le 17 mars.
Le bilan s’est aussi alourdi aux Etats-Unis, qui comptent plus de 500 cas de contamination. Plusieurs Etats, sur la trentaine affectés, ont décrété l’état d’urgence pour débloquer des ressources fédérales.
Les autorités sanitaires américaines ont exhorté lundi les personnes les plus susceptibles de tomber gravement malades, notamment les plus âgées, à faire des stocks de provisions et de médicaments afin de se préparer à rester chez elles. Boston a aussi annulé son défilé de la Saint-Patrick.
La Chine a certes confiné elle aussi plus de 50 millions de personnes à leur domicile, dans la province d’où était partie l’épidémie, mais aucun pays n’a pris de telles mesures à l’échelle de tout son territoire.
L’épidémie de coronavirus a franchi mardi le cap des 4.000 morts, avec 17 nouveaux décès en Chine, selon un comptage mondial établi par l’AFP.
Menace très réelle
Si l’OMS a estimé que la Chine (plus de 80.700 cas) était en train de maîtriser l’épidémie, elle a parallèlement averti lundi que la menace d’une pandémie était devenue très réelle, jugeant toutefois qu’elle pourrait être contrôlée.
Le nombre des cas dépasse dorénavant les 113.000, dans 101 pays et territoires, selon un bilan établi lundi à 17H00 GMT par l’AFP. L’Allemagne a annoncé ses deux premiers décès, le Canada son premier. Les nouvelles contaminations de lundi (4.233 dans le monde) sont aussi liées à la progression de la maladie en Iran, où près de 600 porteurs du virus supplémentaires ont été enregistrés. Toute l’Union européenne est désormais touchée, avec l’annonce lundi de deux premiers cas à Chypre.
Avec AFP