Après Rabat et Genève, au tour de Casablanca, au Musée du Judaïsme marocain, d’inviter à la présentation des mémoires juives de l’Oriental…
Il s’agit d’un collectif de 213 pages, édité par «La Croisée des chemins», à l’initiative d’une institution publique, en l’occurrence l’Agence de l’Oriental. «Les Mémoires juives de l’Oriental marocain» est un ouvrage qui invite le lecteur à découvrir les particularités de la mémoire juive du Maroc oriental. Un ouvrage qui offre des détails sur la vie de la communauté juive dans les villes de Berkane, Figuig, Ahfir ou encore Debdou.
Ainsi, après Rabat et Genève, les initiateurs ont organisé, mercredi 28 mai 2014, une rencontre à Casablanca, au Musée du Judaïsme marocain, pour la présentation du livre. C’est un ouvrage de 213 pages qui revisite la facette orientale de l’histoire du patrimoine hébraïque marocain consacré par la nouvelle Constitution comme «l’un des affluents séculaires de l’identité nationale».
Dans une allocution à l’ouverture de la cérémonie de présentation, Jacques Tolédano, président exécutif de la Fondation du patrimoine culturel judéo-marocain, a précisé: «Ce travail collectif met en valeur les moments de cohésion, de cohabitation et de tolérance qui ont régné des siècles durant dans le Royaume du Maroc, notamment dans la région de l’Oriental». Un ouvrage qui s’est intéressé, sur la base de photos, de témoignages et de données historiques, au patrimoine hébraïque dans la région de l’Oriental.
«Loin de l’académique et de l’analyse savante, ce n’est pas un livre d’Histoire. C’est un livre qui se regarde comme il se lit. C’est un livre de la vie des gens», explique Mohamed Mbarki, DG de l’Agence de l’Oriental. D’emblée, cet ouvrage offre aux lecteurs des détails sur les hauts lieux du judaïsme marocain, notamment Ahfir, Berkane et Figuig, ou encore Debdou, une petite commune ayant accueilli plus de 150 familles fuyant Séville à l’ère de l’Inquisition. «C’est le résultat d’un travail qui a nécessité deux années de recherches, de voyages et de collaboration à l’échelle aussi bien nationale qu’internationale», a précisé l’éditeur, Abdelkader Retnani.
Serge Berdugo, président du Conseil d’administration de la Fondation, a déclaré à cette occasion: «Des traces laissées sur la pierre, une rue de mellah, un balcon en fer forgé, des cimetières et des mausolées: le dialogue se réengage entre les porteurs de la mémoire, la mémoire que paysages et pierres ont préservée et la parole leur est redonnée dans ce livre… Ils nous rappellent notamment que Figuig était une petite Kairouan, Debdou un haut lieu d’études talmudiques… Debdou, symbole aussi, grâce à sa source Aïn Sbilia porteuse de tant de légendes qui relient l’Andalousie à l’Oriental et Séville, ville d’origine de tant de juifs, à cette ville où ils ont trouvé abri… Des noms de familles, des noms de Saints, des coutumes et des cérémonies, tout un décor est planté pour faire revivre le souvenir de »Jours heureux » et pour redonner sens à une longue expérience où juifs et musulmans chérissaient les mêmes saints et fréquentaient les mêmes mausolées… Aujourd’hui, nous sommes heureux de constater que la mémoire est portée et partagée par juifs et musulmans, par des Marocains tout court…».
Lors de cette rencontre, il a été annoncé la création dans cette petite commune de Debdoub d’une maison de la culture dédiée au judaïsme. A souligner que les auteurs de l’ouvrage sont Mohamed Mbarki, Abdelkader Retnani et Abdelilah Idrissi. Cet ouvrage vient combler une lacune, surtout quand on sait que la mémoire juive de l’Oriental reste la moins connue et ce sont donc des données historiques sur le patrimoine hébraïque dans la région de l’Oriental qui viennent enfin de voir le jour.
Ont assisté à la cérémonie de présentation de ce livre le wali du Grand Casablanca, gouverneur de la préfecture de Casablanca, les consuls des Etats-Unis d’Amérique, de France, d’Espagne et d’Italie, l’ambassadeur marocain en Suisse, un parlementaire de la région de l’Oriental et le président de la commune de Debdou. Ces deux derniers ont apporté un cadeau à cette occasion. Il s’agit d’un tableau illustrant une synagogue qu’ils ont offert au Musée du judaïsme marocain.
Bouchra Elkhadir
Pourquoi le livre n’a-t-il pas été présenté dans l’Oriental? L’ouvrage vient d’être traduit en anglais comme nous l’a déclaré l’éditeur, Abdelkader Retnani. Il sera présenté aux États-Unis, précisément à New York et Washington. Le livre sera traduit après en arabe et en amazigh. Concernant la non présentation du livre à Oujda, A. Retnani a déclaré au Reporter qu’une présentation de l’ouvrage dans cette ville figure dans le programme et qu’une délégation de l’association des anciens juifs marocains d’Oujda (dont le siège est à Paris) prévoit de faire un voyage vers cette ville pour assister à cette présentation. Et, pour réussir cette rencontre, il faudrait une organisation, y compris un vol spécial Paris-Oujda. |
BE