Si la grippe espagnole ne fut pas la première pandémie mondiale, elle reste à ce jour la plus meurtrière de notre Histoire. Survenue entre 1918 et 1919, elle aurait tué de 50 à 100 millions de personnes dans le monde –dont 2,5 millions en Europe- selon les estimations. Alors que les pharmacies françaises ont été dévalisées de masques avant qu’ils ne soient réquisitionnés par le gouvernement, le quotidien français L’Excelsior publiait le 26 février 1919 des photos des Londoniens adoptant «une mode bien autrement curieuse»: «Le port du masque respiratoire pour éviter la contagion».
«Dans les quartiers les plus fréquentés, on voit maintenant passer des dames, des soldats, des graves civils protégés contre le mystérieux microbe, en la plus étrange des mascarades», décrit le journal, archivé par Retronews, qui précise à ses lecteurs que «le masque n’empêche pas de parler».
Au plus fort de l’épidémie, les journaux relayaient aussi des conseils pour tenter d’endiguer la propagation du virus. «Collectivement il faut –c’est l’évidence même– éviter les assemblées et les rassemblements. Les lieux publics ne devront plus être balayés à sec, pas plus, du reste, que les appartements privés», informe notamment un article du Journal paru le 18 octobre 1918.
Le quotidien précise ensuite que comme «la contamination se fait, incontestablement, par les expectorations qui véhiculent le germe pathogène», il convient de surveiller la bouche, la gorge et les narines. Les conseils donnés sont les suivants: «Gargarismes et aspirations nasales d’eau chaude additionnée de quelques gouttes d’eau oxygénée ou d’eau de Javel. Introduction dans le nez de vaseline au menthol, mais la sensation est bien désagréable, les poudres ordinaires contre le coryza peuvent la remplacer. Nettoyage soigneux des dents après chaque repas préserveront les accès d’entrée».
PZ