La France joue la carte du déconfinement progressif

La France joue la carte du déconfinement progressif

Les Français doivent se retrousser les manches et un maximum d’entre eux doit reprendre le travail, après le déconfinement prévu le 11 mai, pour faire redémarrer la machine économique mise à mal par les mesures de confinement dictées par l’épidémie de coronavirus. L’injonction est de Bruno Le Maire, ministre de l’Economie et des Finances qui n’a pas peur de parler de la pire récession qu’ait connue la France depuis 1945.

En effet, depuis le confinement du pays le 17 mars dernier, l’économie française est presque à l’arrêt, fonctionnant à minima. Selon la Banque centrale du pays, la majorité des secteurs économiques ont connu de fortes et brutales pertes d’activité et les plus touchés sont notamment la construction, le commerce, les transports, l’hébergement et la restauration.

De même des fleurons de l’industrie du pays, notamment les secteurs de l’automobile, du transport aérien… font face à des difficultés telles que l’Etat a accouru à leur rescousse en mobilisant des prêts garantis se chiffrant à des dizaines de milliards d’euros.

Quant au nombre de personnes mises au chômage partiel en raison de la baisse d’activité liée à l’épidémie de coronavirus, il a explosé pour atteindre les 11,3 millions de Français, soit plus d’un salarié sur deux, selon les derniers chiffres du ministère du Travail.

Une situation qui sape le moral des Français. Selon une toute récente enquête de l’Institut français de la statistique (Insee), la confiance des ménages dans la situation économique a chuté fortement” en avril. En perdant 8 points par rapport à mars, l’indice de confiance des ménages a enregistré “la chute la plus brutale depuis la création de l’indicateur en 1972.

Face aux conséquences économiques et sociales de l’épidémie du Covid-19, le Parlement vient de donner dans l’urgence son feu vert à un deuxième plan d’urgence de 110 milliards d’euros proposé par le gouvernement. Ce plan porte notamment à 24 milliards d’euros les crédits destinés à financer le chômage partiel et hisse à 7 milliards d’euros le fonds de solidarité en faveur des très petites entreprises et des indépendants. Mais cette manne financière ne pourrait pas suffire et l’exécutif songe à la rallonger.

Toutefois et en l’absence d’un vaccin ou d’un traitement capable d’enrayer la maladie qui a fait plus de 24.000 morts, selon le dernier bilan des autorités sanitaires, le gouvernement ne peut plus se permettre de faire perdurer les mesures de confinement qui coûtent cher à l’Etat et qui plombent la croissance économique.

Selon l’Insee, l’économie française tourne actuellement aux deux tiers de sa capacité et un mois de confinement coûterait environ 3 points de PIB à la France sur un an. Un pourcentage qui monte à 6 points pour deux mois de confinement.

Une autre estimation de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), a révélé que l’épidémie de coronavirus provoque une perte de 60 milliards d’euros de PIB en France, par mois de confinement. «Les mesures de réaction à l’épidémie de COVID-19 sur le territoire français vont avoir un impact économique considérable du fait des mesures sanitaires absolument nécessaires. Nous estimons que l’impact du confinement serait d’un peu plus de 30 points de PIB mensuel par mois de confinement, soit une perte de 2,6 points de PIB annuel, soit 60 milliards d’euros par mois de confinement », a indiqué l’OFCE.

Ce jeudi, une première estimation de l’Insee a révélé que le produit intérieur brut français s’est contracté de 5,8% au premier trimestre, sous l’effet de la quasi-paralysie de l’activité découlant de l’instauration du confinement le 17 mars. Il s’agit de la baisse la plus forte dans l’historique des évaluations trimestrielles du PIB débutées en 1949, et elle dépasse largement les reculs du premier trimestre de 2009 (-1,6%) ou du deuxième trimestre de 1968 (-5,3%), a précisé l’Insee.

L’exécutif, qui tablait sur taux de croissance de 1,3 % en 2020, avant la crise du coronavirus, a reconnu que la France devrait enregistrer cette année sa pire année de récession économique depuis la fin de la deuxième guerre mondiale. Il a, dans ce contexte, revu à la baisse, à -8 pc, ses prévisions de croissance pour 2020, avec un déficit public de 9,1 % du PIB et une dette atteignant 115 % du PIB.

Dès lors, comment relancer l’économie sans risquer de déclencher une deuxième flambée de l’épidémie et s’attirer les foudres de l’opinion publique et de l’opposition? C’est le dilemme auquel fait face l’exécutif qui ne cesse de prôner la levée progressive et ordonnée du confinement et en appelle à la responsabilité des Français.

Il faut bien déconfiner pour éviter le risque d’écroulement de l’économie et de l’emploi, mais progressivement, prudemment et si les conditions sont réunies et que le nombre de cas et d’hospitalisations continue de baisser, a déclaré le Premier ministre en présentant son plan devant l’hémicycle.

Et si les indicateurs ne sont pas au rendez-vous, nous ne déconfinerons pas le 11 mai ou alors plus strictement, a prévenu Edouard Philippe, écartant tout retour immédiat au monde d’avant, après six semaines de mesures restrictives sévères.

Selon les observateurs, il est très peu probable que la sortie du confinement s’accompagne d’un retour immédiat, à la normale, de l’activité économique. Il faudra du temps pour que la chaîne de production reprenne son rythme d’avant confinement et que les habitudes de consommation soient remises en place.

La sortie du confinement sera donc progressive comme le souhaite le gouvernement. Les Français, dans l’expectative de voir son déroulement, devront réapprendre à vivre avec un virus qui est là, en gardant à l’esprit que leur vie future ne sera pas celle d’avant.

Avec MAP

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