Bien des secteurs économiques ont été mis à genoux par la crise du Grand Confinement, mais aucun n’a été autant décimé autant que le tourisme. Les Etats-Unis sont loin d’être épargnés par la force de frappe de l’épidémie.
Selon l’Association des voyagistes américains, plus de la moitié des 15,8 millions d’emplois liés à cette industrie dans le pays ont disparu pendant la pandémie de coronavirus. Le chômage au niveau du secteur avait atteint 51% depuis le début de cette crise.
“38% de tous les chômeurs aux États-Unis sont issus de l’industrie du voyage. C’est deux fois plus que la Grande Dépression et c’est de loin la pire année pour l’industrie du voyage”, a déclaré le PDG de l’Association, Roger Dow. Il faudrait, selon lui, six mois à l’industrie pour se remettre sur pied.
Même son de cloche chez Patricia Stout, présidente de l’Alamo Travel Group, qui a indiqué que même si les offres de voyage étaient intéressantes, les affaires étaient en baisse.
“Les appels (de clients) sont d’environ 20 par jour. Nous avions l’habitude d’avoir environ 600 appels par jour dans notre entreprise”, a déclaré Stout, qui a révélé que les ventes étaient en baisse de 75%.
Préparés par la firme Tourism Economics, les chiffres douloureux sur les pertes emplois liés au tourisme ont été publiés quelques jour avant l’actuel week-end des vacances du Memorial Day, qui marque le début non officiel de la saison estivale, pour laquelle de nombreuses entreprises de voyage se seraient généralement préparées avec une série d’embauches saisonnières.
Pour le Memorial Day de cette année, Tourism Economics anticipe que les dépenses de voyage aux États-Unis ne correspondent qu’à un tiers des niveaux de l’an dernier, soit 4,2 milliards de dollars contre 12,3 milliards de dollars en 2019.
Si le tourisme ne représente que 8,6% du PIB en 2019 selon le Conseil mondial pour le voyage et le tourisme (WTTC), la nature de cette industrie fait qu’elle est concentrée dans quelques Etats dont l’économie dépend largement. C’est le cas notamment à Hawaï et au Nevada qui ont vu leurs économies frappée par un chômage généralisé sans perspective d’amélioration.
Au Nevada, où Las Vegas est toujours fermé, 30% de la main-d’œuvre s’est inscrite au chômage.
“Même pour les clients désireux de prendre des vacances, les entreprises et les États prévoient d’étouffer la demande à dessein – en plafonnant la capacité admise – pour des raisons de sécurité”, fait observer le site d’information Axios.
C’est le cas notamment au célèbre MGM Resorts de Las Vegas qui a annoncé prévoir une réouverture avec seulement 25% des chambres disponibles à la réservation. Pareil pour le tout aussi fameux Caesars Palace qui désactivera une machine à sous sur deux et n’autorisera que la moitié du nombre de clients habituels dans ses casinos.
L’industrie de voyages “pourrat subir une contraction plus longue et plus douloureuse”, a déclaré cette semaine le président de la Réserve fédérale de Philadelphie, Patrick Harker.
“Les répercussions sur les compagnies aériennes, les hôtels et les restaurants destinés aux voyageurs pourraient être graves et durables”, a-t-il ajouté.
D’après le PDG d’Airbnb, Brian Chesky, la pandémie du coronavirus va totalement chambouler les habitudes estivales des touristes cet été.
“Je pense que les voyages vont changer”, a déclaré Chesky. “Ce sera plus petit, plus intime. Ce sera des petites villes, des communautés plus petites, plus intimes, plus locales.”
Chesky a également relevé que la propreté est une priorité absolue pour les voyageurs américains en ce moment, selon un sondage Airbnb.
La société de location d’appartements a mis en place un nouveau protocole de nettoyage en mai. Les lignes directrices incluent l’utilisation d’équipements de protection individuelle et de désinfectants approuvés par les organismes de réglementation et une période d’attente de 24 heures entre les locations.
“L’ensemble de notre industrie du voyage va maintenant être maintenue à un niveau de qualité plus élevé”, a souligné Chesky.
Les frontières étant fermées, les avions cloués au sol, les Américains, à l’instar des habitants de nombreux pays, n’auront ainsi d’autre choix que de (re)découvrir les vastes étendues de leur pays. Mais une chose est sûre, après des mois de confinement, toute excursion aura un goût de voyage de rêve.
LR/MAP