Taxi! Taxi!
Combien de fois n’avons-nous pas utilisé ce mot pour héler un taxi avant de le faire suivre par de gros jurons? En circulant à travers Casablanca, on ne voit que ces «Petits Dragons Rouges». Mais au besoin, il n’y a pas de taxis! Je pense que c’est dû surtout au maraudage, au lieu de se positionner dans les stations de taxis.
Combien avons-nous de Petits Dragons Rouges à Casablanca? 8.500(1). C’est peu ou beaucoup? Faisons une petite comparaison entre notre ville de Casablanca et deux capitales européennes: Madrid et Paris.
Casablanca(2): 8.500 taxis pour une population de 3,335 millions (2004). La moyenne, c’est 1 taxi pour 392.353 habitants.
Paris: 17.130 pour une population de 2,211 millions (2008). La moyenne est de 1 taxi pour 129.000 habitants.
Madrid: 15.646 (2013) pour une population de 3,234 millions (2011). La moyenne est d’un taxi pour 207.000 habitants.
Certaines personnes -et à juste titre- vont poser la question suivante: Pourquoi ai-je ignoré les «Grands taxis», les (Vaches folles, selon les Casablancais)? La réponse est que, pour moi, ce moyen de transport fonctionne de la même manière que Mdina Bus. C’est des Micros-bus qui partent d’un point fixe pour arriver à un autre point fixe et à un tarif fixe et non pas d’un point quelconque à une autre à l’intérieur du périmètre urbain. En plus, le Grand taxi peut, avec une autorisation, faire des courses d’une ville à une autre, ce qui est quasi impossible pour les Petits taxis.
Les chiffres (1 taxi pour un nombre de Casablancais) sont éloquents et ne souffrent aucun commentaire.
Toujours dans l’offre des taxis, nous avons un parc automobile vétuste. Nous avons des Fiat Uno et des Peugeot 205. Quand on sait que la dernière Uno a été importée en 2000 et la dernière Peugeot en 1999(3) et si on considère que toutes les «Peugeot» et toutes les «Uno» qui tournent en ce moment ne datent respectivement que des années 1999 et 2000, c’est dire que pour ces deux modèles, le plus récent a 15 ans d’âge au bas mot.
Sur 132 véhicules (Petits taxis) pointés devant un poste de police, il a été relevé: Fiat «Uno»: 51, soit 38,25%; Peugeot 205: 46, soit 34,5%; divers: 35, soit 26,25%.
Il ressort de ces chiffres que la plus grosse partie de ce parc, 3 voitures sur 4, est vieille de plus de 15 ans. Il faudrait ajouter à cet âge avancé du parc un entretien réduit à sa plus simple expression (pièces de rechange d’origine douteuse, pneus d’occasion acquis sur le marché informel). Ce qui oblige les chauffeurs de taxis à avoir leur atelier ambulant: le coffre du véhicule où on peut trouver une deuxième roue de secours, des bidons d’eau et différents outils.
Nous n’avons pour le moment parlé que des taxis. Voyons maintenant ce qu’il en est des chauffeurs de taxi.
A écouter les usagers, le tableau décrit est NOIR. Le chauffeur de taxi a une vision erronée de son rôle (abstraction faite de son âge). Il est convaincu que nous devons cesser de nous prendre pour des clients qui ont des droits, mais nous estimer heureux d’avoir cette chance rare d’avoir un taxi. Et non l’inverse, c’est-à-dire que le chauffeur de taxi a une petite entreprise et doit s’occuper correctement de sa clientèle. La preuve est que, une fois installé, il ne bouge plus derrière sa manche à balai d’avion, pour aider une vieille personne ou une femme avec un enfant et des bagages. Le client doit se débrouiller tout seul. Et, pour confirmer cette situation, voici différents cas vécus.
Vécu n° 1
Il nous arrive des fois, l’assistante de la Directrice de l’Espace de détente pour Seniors et moi, d’accompagner la directrice de ce centre pour prendre un taxi. Nous sommes obligés soit de la précéder, soit de rester derrière elle. Sinon, aucun taxi ne s’arrête.
Vécu n° 2
Je hèle un taxi. Surprise, il s’arrête!
Le chauffeur: Tu vas où?
Moi: Au Maârif.
Le chauffeur: Je ne vais pas au Maârif.
Il démarre en me plantant sur place.
Vécu n° 3
A la sortie d’une gare, c’est toujours le même scénario. A l’arrivée des voyageurs, les chauffeurs de taxis les accueillent en vociférant des noms de quartier. Une famille s’est présentée au chauffeur de taxi en lui disant:
Le père de famille: Nous allons vers cette destination.
Le chauffeur de taxi: Tu es seul?
– Comme tu vois, nous sommes trois.
– Je n’ai qu’une seule place libre.
Et le chauffeur continuait de glaner ses trois clients.
N’importe qui d’entre nous peut subir le même sort, car ces faits sont pratiqués au su et au vu de tout le monde et même devant des agents de police. Une question s’impose d’elle-même. Ce monde de «Petits Dragons rouges» obéit-il à des règles ou, comme tout porte à le croire, c’est la jungle?
En effet, il existerait un arrêté municipal (n° 9/62 du 25 septembre 1962). Je reconnais tout de suite que je n’ai pas réussi à avoir une copie de cet arrêté et ce, malgré la participation volontaire de plusieurs amis. Je me suis contenté d’un petit livret remis aux nouveaux candidats au permis de confiance. Ce livret contient un résumé de 26 articles de l’arrêté municipal (n° 9/62). De ces 26 articles, j’ai retenu 15 articles ayant un lien qui porte directement sur les relations client/chauffeur de taxi (voir encadré).
Proposition de solutions
1- Appliquer scrupuleusement les textes en vigueur.
2- Multiplier les points de réclamation pour les rendre plus accessibles aux usagers mécontents.
3- Le pointage des taxis et des chauffeurs ne doit plus être une simple inscription d’un numéro dans une case. Mais aussi l’occasion d’un contrôle même rapide du chauffeur et du véhicule. Sans oublier des contrôles inopinés dans différents points de la ville.
4- Le soir, avec l’effet contre-jour des lumières du taxi, il est difficile de voir si le taxi est libre ou non. Pour cela, il faudra équiper les taxis d’une lumière verte ou bleu pour «libre» et rouge pour «occupé»…
5- Il faudra revoir l’emplacement du compteur pour qu’il devienne visuellement accessible afin de couper court à toutes fraudes.
6- Exiger des chauffeurs de garder les coffres de voiture vides et propres pour les bagages des clients.
7- Les numéros des taxis doivent être peints en grand pour être lisibles même de loin. Quand le taxi roule dans l’autre sens, il faudrait pouvoir lire son numéro pour une éventuelle réclamation.
8- Il faudra revoir à la baisse l’âge des voitures utilisées comme taxis, surtout qu’ils ont une aide financière de 30.000 DH pour l’achat d’une voiture neuve.
9- Pour décompresser le secteur des petits taxis: voir de quelle manière il serait possible d’appliquer l’expérience française des «V.T.C» (Véhicule de tourisme avec chauffeur) sans licence de taxi (avec des voitures de tourisme récentes, relativement neuves) propres, avec des chauffeurs propres aussi. C’est tout le contraire de ce que nous offrent nos Petits Dragons rouges! Le client comme le chauffeur ont une application sur leur smartphone. Cette application les met en contact. Ces chauffeurs, ainsi que leurs voitures sont listés par les autorités locales. Leur service ne coûte pas un centime de plus que celui des autres taxis.
10- Revoir cette liste de rentiers et donner directement les licences aux vrais professionnels contre un montant annuel comme impôt. Quitte à leur restituer une partie ou la totalité sous forme de Retraite et Assurance Maladie Obligatoire.
11- Les chauffeurs de taxis doivent être en mesure de remettre aux clients des tickets ou des bons de caisse.
Ahmed Bayoud
(1) M. Mustapha Chaaoun, président du Syndicat National Indépendant des chauffeurs de taxis.
(2) Le nombre des taxis et les populations des capitales ont été relevés sur Wikipédia.
(3) M. Amine Chergaoui, Directeur de l’AIVAM.
Les 15 articles portant directement sur les relations Client/Chauffeur de taxi Article 21 – Points de stationnement Article 27 – Tenue et uniforme Article 28 – Interdiction de fumer et de manger pendant le service Article 29 – Racolage Article 30 – Publicité Article 31 Article 32 – Impolitesse – Grossièreté – Brutalité Article 33 – Maraude – Vitesse de marche Article34 – Chargement de voyageurs Article 35 – Prise en charge Article 36 – Refus de prise en charge Article 37 – Itinéraires Article 38 Article 40 Article 41 |