C’est un bien triste record mondial dévoilé par l’ONU à l’occasion de la journée mondiale des réfugiés (20 juin): fin 2019, quelque 79,5 millions de personnes, soit plus de 1% de l’humanité, étaient des réfugiés, des demandeurs d’asile ou des personnes « déracinées » dans leur propre pays avec de moins en moins de perspectives de rentrer dans leur région d’origine, des chiffres qui ont doublé en vingt ans.
“Cette année, nous célébrons la Journée mondiale du réfugié dans un contexte de crise mondiale préoccupant. Nous sommes confrontés à un nombre record de personnes forcées de fuir leur foyer, alors que le monde fait face à la pandémie du COVID-19, une maladie qui nous affecte encore tous fortement. La crise sanitaire a pris d’autres dimensions et beaucoup parmi les plus vulnérables – dont les réfugiés et les déplacés – font face à une pandémie de pauvreté”, a affirmé vendredi le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Filippo Grandi, dans une déclaration pour la Journée mondiale du réfugié 2020.
Selon le tout dernier rapport sur les Tendances mondiales publié par le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, 1% de la population mondiale a été forcée, en raison des guerres, des conflits et de la persécution, de fuir son foyer en quête de sécurité quelque part dans son pays ou dans un autre pays, un chiffre sans précédent, selon le HCR qui dit n’avoir jamais constaté de chiffre plus important que celui-ci.
« Nous assistons à un changement de réalité dans la mesure où les déplacements forcés se sont aujourd’hui non seulement largement accrus, et où ils ne sont plus un phénomène temporaire et à court terme », a déclaré le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Filippo Grandi.
Cette hausse est en partie due à de nouveaux déplacements inquiétants dans des endroits comme la République démocratique du Congo, la région du Sahel en Afrique, le Yémen et la Syrie. Elle reflète également l’inclusion pour la première fois de 3,6 millions de Vénézuéliens qui ont été déracinés à l’extérieur de leur pays mais qui n’ont pas demandé l’asile.
Le phénomène des déplacements de la population ne montre aucun signe de diminution, car le changement climatique, la famine et les conflits contribuent à des crises de plus en plus complexes, estime l’agence. Alors que le monde est aux prises avec un ralentissement économique et social du fait de la pandémie de Covid-19 et de la montée de la xénophobie, et que les pays continuent de restreindre l’entrée sur leur territoire, trouver des solutions durables pour les réfugiés devient un problème aigu.
« Nous avons besoin d’une attitude fondamentalement novatrice et plus tolérante à l’égard de toutes les personnes qui fuient, combinée à une volonté encore plus déterminée de faire cesser les conflits qui durent depuis des années et qui sont à l’origine de ces immenses souffrances », a relevé Filippo Grandi.
À la fin 2019, 4,5 millions de personnes au total avaient fui le Venezuela, c’est le plus grand exode de l’histoire récente de la région et l’une des crises de déplacement les plus importantes au monde, rappelle le HCR.
À la fin 2019, 29,6 millions de personnes, réfugiés ou autres, étaient déracinées à l’extérieur de leur pays, et 45,7 millions de personnes avaient fui en quête de refuge au sein de leur propre pays. Près de 4,2 millions de personnes supplémentaires attendaient l’examen de leur demande d’asile.
Plus des deux tiers des réfugiés dans le monde provenaient de cinq pays seulement : la Syrie, le Venezuela, l’Afghanistan, le Soudan du Sud et le Myanmar. Et les pays les plus défavorisés au monde ont continué d’accueillir la majorité des réfugiés, fait constater l’organisation onusienne.
Pour le patron du HCR, “il a été crucial de mobiliser de l’aide et du soutien pour prévenir et lutter contre la pandémie au cours des derniers mois. Nous avons vu comment les pays et les communautés à travers le monde entier ont inclus les réfugiés dans leurs propres régimes nationaux de santé”.
Il est désormais tout aussi important de garantir l’inclusion des réfugiés et des déplacés également dans les aspects socio-économiques de la réponse à la pandémie, plaide l’instance onusienne.
Selon M. Grandi, le Pacte mondial sur les réfugiés a créé des bases solides pour cette réponse. “Cela a déjà été démontré en pratique par les donateurs bilatéraux, les institutions financières internationales et le secteur privé qui ont répondu à cette crise en allouant des niveaux d’aide sans précédent pour les réfugiés”, a-t-il dit, ajoutant qu’un tel soutien doit se poursuivre et s’intensifier afin que les pays d’accueil aient les ressources nécessaires pour inclure les réfugiés et les déplacés, et veiller à ce que les disparités économiques et sociales ne conduisent pas à des divisions au sein des communautés et entre elles.
Il faut également investir davantage dans les pays d’origine pour faire en sorte que le retour des réfugiés reste une option viable, a-t-il préconisé.
LR/MAP