Dans une tentative de sauver la saison touristique et de réaliser une relance économique, l’Espagne a décidé de lever l’état d’alerte qui a duré 98 jours et revenir à la «nouvelle normalité» avec l’espoir de récupérer le temps perdu sur fond de craintes d’une nouvelle vague de l’épidémie liée au coronavirus.
L’Espagne, qui a entamé dimanche cette nouvelle phase en ouvrant les frontières de toutes les provinces et communautés autonomes les unes aux autres et en rétablissant la libre circulation terrestre et aérienne avec les pays de l’espace Schengen, ambitionne d’accélérer la cadence de ses actions pour redonner vie à toutes les composantes de son économie.
L’approche adoptée par les autorités espagnoles pour faire face aux répercussions sans précédent de cette crise sanitaire sur le tissu économique repose sur deux piliers principaux. Il s’agit de la reconstruction et la relance économiques.
« L’heure est à la reconstruction et cela doit être fait le plus rapidement possible. Il ne s’agit pas de restaurer un bâtiment pour qu’il récupère son état antérieur, mais de reconstruire notre économie », a lancé le président du gouvernement, Pedro Sanchez, dans la Déclaration institutionnelle annonçant la levée officielle de l’état d’alerte.
Pour ce faire, le gouvernement espagnol s’est penché sur des plans de soutien des secteurs vitaux du tissu économique national, notamment l’éducation, la santé, l’industrie automobile et le tourisme, qui représentent les domaines les plus touchés par la crise sanitaire actuelle.
Adoptés en coordination avec les centrales syndicales, les investisseurs et les partenaires sociaux et économiques, ces plans constituent une réponse immédiate et une véritable tentative d’absorber les pertes importantes subies par les secteurs concernés au cours de l’année en cours en raison de l’arrêt des activités.
L’un des pays les plus endeuillés par le Covid-19, l’Espagne aspire, à travers ces plans, à avancer sur la voie du renouvellement de ses structures et de la reconstruction de son économie nationale.
Dans ce sillage, une attention particulière est accordée au secteur touristique qui représente 12% du PIB. En effet, l’exécutif de Pedro Sanchez a annoncé le lancement d’un plan de relance du secteur pour 4,262 milliards d’euros.
Ce plan vise la transition vers un modèle économique plus durable et inclusif, en profitant du positionnement du secteur comme une industrie stratégique et s’articule autour de cinq lignes d’action : le rétablissement de la confiance de la destination touristique de l’Espagne, la mise en œuvre de mesures visant à réactiver le secteur, l’amélioration de la compétitivité de la destination touristique, l’amélioration du modèle de connaissance et d’intelligence du tourisme et une campagne de marketing et de promotion.
« Nous sommes des leaders mondiaux. Ainsi, chaque pas que nous donnons sera un pas sûr, avec responsabilité et prudence, pour donner la preuve que l’Espagne demeure une destination sûre et fiable », a relevé le chef du gouvernement lors de la présentation de ce plan d’action touristique.
Un plan ambitieux de soutien de 3,75 milliards d’euros a été également mis en place pour venir en aide à l’industrie automobile, l’un des piliers essentiels de l’économie espagnole. Cette nouvelle stratégie est en droite ligne avec le plan de transition écologique du gouvernement qui souhaite qu’en 2040 tous les nouveaux véhicules soient à « zéro émission » dans le pays.
Conscient des difficultés des communautés autonomes pour gérer une crise sanitaire de cette envergure, le gouvernement a décidé la mise en place d’un fonds de 16 milliards d’euros au profit des régions.
Ce fonds vise à financer les dépenses qui découlent de la gestion de la pandémie, en particulier dans le système de santé, à augmenter les postes dans le secteur de l’enseignement, à compenser la baisse des recettes fiscales et à garantir la prestation des services publics essentiels.
La mise en place de ce fonds reflète l’engagement du gouvernement en faveur de la santé et de l’enseignement en tant que piliers de la croissance et du bien-être social.
« Sans un système de santé fort, public et universel; sans un système éducatif répondant aux besoins de notre société, nous ne pourrons pas réaliser les progrès en matière de reprise dont l’Espagne et l’Europe ont besoin », a souligné la porte-parole du gouvernement, Maria Jesus Montero.
Après cet effort, la question se pose maintenant sur la capacité de l’Espagne de renouer avec la croissance à court terme et de dépasser les conséquences d’une pandémie qui a bouleversé l’économie mondiale.
LR