Invité du Forum MAP, le ministre de l’Education nationale, Rachid Belmokhtar, a exposé devant un parterre de représentants des médias son projet pédagogique «Vision 2030». Il faudra 15 années pour qu’il donne ses fruits, en cas de réussite.
C’est un projet pédagogique intitulé «Vision 2030». C’est ce que le ministre de l’Education nationale et de la Formation professionnelle a promis aux Marocains. Invité du Forum MAP, Rachid Belmokhtar a plaidé en faveur d’une nouvelle école marocaine à même de dispenser, a-t-il dit, «un enseignement de qualité à l’ensemble des Marocains», de façon équitable et égalitaire.
Une batterie de mesures
Durant presque deux heures, le ministre a décortiqué devant les représentants des médias son nouveau projet pédagogique, assaisonné d’une batterie de mesures et de propositions qui, a-t-il affirmé, garantiraient sa réussite. Belmokhtar a cependant insisté sur la nécessité d’impliquer tous les Marocains dans cette réussite qui changerait l’école marocaine.
Encourager les sciences
Le ministre reconnaît l’existence de failles dans le système éducatif. Aussi envisage-t-il de revoir la formation des enfants durant les quatre premières années du primaire et de ceux qui ne savent ni lire, ni écrire, ni compter. Il propose également de changer la méthodologie, d’encourager les sciences, de mettre en place un système important d’apprentissage des langues et de le faciliter.Il propose également de rehausser le degré de formation des enseignants. Une formation qui doit les préparer à une mission qui n’est pas du tout facile.
Il s’agit également, a souligné le ministre, de moraliser l’école marocaine. «On ne peut plus se taire. C’est un devoir national de dénoncer cette situation de fait. Certains comportements ne sont ni acceptables, ni permis et tout le monde est responsable: l’environnement, les parents et les enseignants», a-t-il insisté.
La tablette, au lieu du livre!
Le cartable, qui pèse lourd sur les épaules de nos enfants au primaire, était présent dans le questionnement du ministre. Celui-ci a prôné de changer et de réduire le nombre des livres, ainsi que les horaires au primaire, en prenant en considération l’âge des élèves. Les activités parascolaires devront être révisées, ce qui aboutirait à introduire les nouvelles technologies avec, en tête, les tablettes; cela revient à troquer le papier contre la technologie. C’est l’enfant, a dit Rachid Belmokhtar, qui doit chercher l’information. Il faut donc le responsabiliser pour qu’il façonne lui-même son avenir. «Il faut, a encore dit le ministre, une évaluation permanente et transversale pour tester l’efficacité du projet Vision 2030, afin de changer réellement l’école». A chaque rentrée scolaire, il y a des difficultés, a reconnu le ministre de l’Education nationale qui a dénoncé les enseignants (sans généraliser, bien sûr) qui n’ont pas encore regagné l’école. Il a appelé à appliquer sévèrement la loi. «Nous ne pouvons pas nous taire lorsque l’avenir de nos enfants est en jeu», a-t-il souligné.
«Je ne veux pas participer à un crime»
S’agissant du refus d’autoriser les enseignants à poursuivre leurs études universitaires, le ministre a durci le ton tout en restant inflexible: «Je n’ai rien autorisé, ni rien interdit. Je ne veux pas participer à un crime. Le gouvernement refuse de son côté de participer à ce crime. Il faut prendre un congé pour terminer ses études». Il a cité le cas d’une enseignante qui avait décroché quatre licences à Fès, alors qu’elle enseignait dans une région loin de 1.200 km de cette ville. Il faut le reconnaître, a insisté le ministre. Et d’ajouter: «On a appris qu’elle n’a pas enseigné durant toute la période où elle postulait pour ses 4 licences. Il y avait donc la complicité du directeur de l’établissement qui lui avait facilité la tâche… On nous dit que l’école est mauvaise. En voilà quelques exemples vivants».
Darija, no comment!
Réagissant à une question sur le récent débat sur la «darija», le ministre a choisi de répondre brièvement: «Je n’ai rien à dire, moi, sur ce sujet. J’ai un projet pédagogique à piloter et à réussir en trouvant les solutions qui permettent à nos enfants de réussir en étant capables de lire, d’écrire et de compter».
Pour une offre publique de qualité
Le ministre a bouclé la boucle au Forum MAP, concernant le secteur privé: «Nous n’avons pas de politique de privatisation. Le Maroc est un pays libéral, il n’y a donc pas lieu de singulariser le Maroc. L’important est que l’offre publique soit de bonne qualité». A propos de la cherté des études au privé, le ministre a réfuté que l’Etat donne de l’argent directement aux écoles privées. «Nous réfléchissons à des innovations pour améliorer le secteur et créer les conditions favorables… Il faut en arriver à ce que le secteur privé puisse accepter un jour de recevoir des enfants dont les parents ne peuvent pas payer les frais de l’enseignement privé et ceci dans le cadre d’un partenariat. Nous ne voulons pas devenir leurs ennemis», a conclu Rachid Belmokhtar.
Mohammed Nafaa