Le projet du nouveau découpage territorial du Maroc est enfin dépoussiéré par le ministère de l’Intérieur. Soumis à l’appréciation des partis politiques, il ramène ainsi le nombre de régions à 12, au lieu de 16 actuellement.
Il y a lieu de rappeler d’abord que le rapport présenté à Sa Majesté le Roi Mohammed VI par Omar Azziman, président de la Commission consultative de la régionalisation, avait proposé un nouveau découpage administratif qui préconisait cette réduction du nombre des régions.
Le processus de mise en marche du projet de régionalisation avancée vient en effet de franchir un nouveau pas majeur. Mohamed Hassad, ministre de l’Intérieur (photo), a levé le voile sur la nouvelle carte régionale du royaume et a annoncé que la première mouture du projet a été soumise à l’appréciation des secrétaires généraux des partis politiques, après avoir obtenu l’aval de la plus haute autorité du royaume.
Le premier draft du projet prévoit, comme cela a été recommandé par la Commission consultative sur la régionalisation avancée, une subdivision du royaume en 12 régions dotées, aussi bien les unes que les autres, d’une large autonomie budgétaire, avec une contribution financière de l’Etat à hauteur de 20%.
A cet effet, les Régions seront soutenues sur une période de 12 ans. Un Fonds destiné à la mise à niveau sociale de ces régions sera créé. L’objectif visé par la création dudit fonds n’est autre que de pallier l’incapacité de l’Etat dans les domaines du développement humain, des infrastructures, des équipements, de la santé et de l’éducation. En d’autres termes, c’est un accompagnement financier pour aider les régions à se restructurer, afin de prendre leur destin en main et d’acquérir la capacité d’autogestion tant espérée, en dehors de toute interférence des autorités de tutelle.
Une nouvelle carte
La mouture proposée par l’Intérieur subdivise ainsi le royaume en 12 régions territoriales, avec en premier lieu la région de Tanger-Tétouan qui englobe 2 préfectures, Tanger-Assilah et M’Diq-Fnidek, outre 5 provinces: Chefchaouen, Fahs-Manjra, Tétouan, Ouezzane et Larache. La deuxième Région est celle de l’Oriental et du Rif, avec une seule préfecture (Oujda-Anjad) et 8 provinces (Al Hoceima, Berkane, Jérada, Figuig, Nador, Taourirt, Deriouch et Guercif). La troisième, Fès-Meknès, comporte deux préfectures (Fès et Meknès), ainsi que 7 provinces (Boulmen, El Hajeb, Ifrane, Sefrou, Taounate, Taza et Moulay Yacoub). La quatrième région, Rabat-Salé-Kénitra, est constituée de trois préfectures (Rabat, Skhirat-Témara et Salé), en plus de 4 provinces (Kénitra, Khémisset, Sidi Kacem et Sidi Slimane). La cinquième, Béni-Mellal-Khénifra, est dotée de 6 provinces (Azilal, Béni Mellal, Khénifra, Khouribga, Midelt et Fquih Ben Saleh). La 6ème, Casablanca-Settat, est pourvue de deux préfectures (Casablanca et Mohammedia) et est dotée de 7 provinces (Benslimane, Médiouna, Settat, El Jadida, Sidi Bennour, Berrechid et Nouasseur). La 7ème, Marrakech-Safi, aura une seule préfecture (Marrakech), mais 7 provinces (Haouz, Chichaoua, Kelaat Seraghna, Essaouira, Safi, Rhamna et Youssoufia). La 8ème, Draâ-Tafilalet, se compose de 4 provinces (Errachidia, Ouarzazate, Zagoura et Tinghir). La 9ème, Souss-Massa, a droit à deux préfectures (Agadir-Idaoutanan et Inezgane-Aït Melloul), en plus de 4 provinces (Chtouka-Aït Baha, Taroudant, Tata et Tiznit). La 10ème, Guelmim-Oued Noun, comprend quatre provinces (Tan-Tan, Guelmim, Sidi Ifni et Assa-Zag). Idem pour la 11ème Région, Laâyoune-Saguia Al Hamra, avec ses 4 provinces (Al Massara, Boujdour, Laâyoune et Tarfaya), alors que la 12ème et dernière Région, Dakhla-Oued Eddahab, aura 2 provinces (Aousserd et Oued Eddahab).
Certaines critiques sont déjà portées sur cette nouvelle configuration en ce sens que celle-ci, dans plusieurs cas, ne respecte pas les spécificités régionales, à en juger par ce ralliement de Safi à Marrakech, sachant qu’il est très difficile de concilier les traditions et les particularités de Abda et celles du Haouz. Il y va de même pour Fès et Meknès…
D’autre part, d’un point de vue démographique, l’approbation de ce nouveau projet de découpage administratif devrait faire de Casablanca-Settat la plus grande région du Maroc, avec plus de 6 millions d’habitants et de la région de Dakhla-Oued Eddahab la plus petite sur le plan démographique, avec 150.000 habitants seulement!
En somme, ce projet, bien que rationnel, a encore du chemin à faire et devra faire face à de rudes oppositions, surtout que le pays est à la veille d’une nouvelle échéance électorale et que beaucoup de prétendants n’y voient qu’une réduction du nombre de votants car, estiment encore certains, jamais un «Abdi» ne voterait pour un «Haouzi», comme jamais un «Meknassi» ne viendrait en soutien à un «Fassi»! Calcul étroit! En fait, c’est très avantageux quant au partage équitable des richesses dans un Maroc uni où seule la nécessité de bonne gouvernance et de gestion de la chose locale impose un découpage et rien d’autre!
Hamid Dades