Dans une guerre sans ligne de front contre l’extrémisme et le djihadisme, les Européens mobilisent de nouveaux alliés en ligne: Google, Twitter, Facebook et Microsoft étaient les invités d’un discret dîner de ministres de l’Intérieur à Luxembourg. Ni les géants américains de l’Internet, ni la Commission n’ont fait trop de publicité à l’invitation lancée à la veille d’une rencontre des chefs policiers de l’UE, elle-même consacrée à la radicalisation de jeunes Européens qui partent combattre en Syrie et en Irak. Mais ce qui a provoqué le déclic est évident:
c’est la diffusion sur la Toile des scènes de décapitation de quatre otages occidentaux, des vidéos qui provoquent le plus souvent l’effroi mais aussi une fascination morbide chez les candidats au djihad.
«L’État islamique sait ce qu’il fait et maîtrise sa communication, même dans l’horreur, dit Gilles de Kerchove, coordinateur de l’UE pour la lutte contre le terrorisme. Les djihadistes veulent avant tout faire parler d’eux». Ils ont trouvé en l’Internet un puissant outil de recrutement. Pour le contrer, ce dîner visait à trouver un forum de dialogue entre ceux qui ont pour mission de réprimer et ceux qui, par intérêt bien compris, s’inquiètent de tout empiétement sur la liberté.
Le temps joue cependant contre la riposte européenne. Même sur le net, les Européens ont une guerre de retard.