La crise économique s’aggrave au Liban. La monnaie locale a perdu six fois sa valeur en quelques mois, ce qui a entraîné le pays dans une spirale inflationniste que rien ne semble pouvoir arrêter. Karim Émile Bitar, directeur de recherche à l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris), craint «un scénario à la Venezuela».
Les chiffres officiels de la Banque mondiale affirment que plus de 50% de la population libanaise vit sous le seuil de pauvreté et plus de 30% sous le seuil d’extrême pauvreté. « Ce sont des chiffres véritablement alarmants, avec une hyperinflation qui pourrait encore aggraver ces chiffres, soutient Karim Émile Bitar. Donc, on n’est pas loin d’un scénario à la Venezuela. On pourrait voir d’ici la fin de l’année une inflation qui pourrait encore décupler. « Dans un communiqué, la Haut-Commissaire aux droits de l’Homme de l’ONU, Michelle Bachelet, a alerté sur une situation « hors de contrôle » où certains des Libanais les plus vulnérables « risquent de mourir de faim en raison de cette crise ».
Selon Karim Émile Bitar, ce sont les « décennies d’incompétence, de corruption au sommet de l’État » qui ont provoqué cette crise. « La plupart des hommes politiques sont actionnaires des grandes banques du pays et il s’est avéré qu’il y avait une sorte de pyramide de Ponzi qui avait été érigée, une pyramide à la Madoff, indique le directeur de recherche à l’Iris. Aujourd’hui, l’État est en banqueroute, la plupart des banques sont en faillite. Le Liban a vécu au-dessus de ses moyens pendant très longtemps ».
P. Zehr