Au 10ème jour de la mobilisation des étudiants contre une réforme électorale qu’ils jugent anti-démocratique, gouvernement local et manifestants se sont mis d’accord sur les termes des négociations qui devraient débuter. Les étudiants ont obtenu satisfaction sur toutes leurs exigences, a annoncé Lester Shum, le vice-président de la fédération des étudiants de Hong Kong lors d’une conférence de presse. C’est donc une victoire, mais une victoire relative car les engagements pris ne concernent que le cadre des négociations et ne présument en rien de leur issue. «En raison du fait que Hong Kong résiste face à la Chine, sa fiabilité en tant que partenaire est remise en cause» par Pékin, constate Francis Lun, analyste financier et PDG de Geo Securities basé à Hong Kong. «Cela va renforcer l’évolution qui veut que Shanghai remplace un jour Hong Kong comme la capitale financière de la Chine», un passage de relais qui pourrait, selon lui, «intervenir très vite» si l’ancienne colonie britannique continuait sa fronde. Mais les experts ne pensent pas que cela puisse se traduire par une réelle marginalisation de Hong Kong à court terme. D’abord, parce que cela contredirait la ligne martelée par Pékin, selon laquelle le territoire est une partie importante de la Chine.
Punir Hong Kong avec des mesures de rétorsion serait de surcroît contre-productif pour le régime communiste, car cela «radicaliserait l’opinion publique» sur le territoire, estime Julian Evans-Pritchard, économiste pour la Chine chez Capital Economics. «Evidemment, ils sont mécontents de la tournure de ces manifestations, mais en même temps ils tentent de reproduire sur le continent beaucoup des réformes économiques mises en œuvre à Hong Kong», note-t-il.
Patrice Zehr