Abdelkader Amara, ministre de l’Energie, des Mines, de l’Eau et de l’Environnement temporise: les communiqués des sociétés de prospections du pétrole reposent sur des probabilités d’ici 2020. Ce qui ne veut pas dire qu’il n’y a pas de pétrole.
Le Maroc envisage d’ici 2020 d’investir 200 milliards de dirhams dans le domaine de l’énergie, ce qui veut dire en clair, a annoncé Abdelkader Amara, ministre de l’Energie, des Mines, de l’Eau et de l’Environnement, en se voulant aussi précis que persuasif, que «le Maroc est en cours d’implémentation d’une réelle transition énergétique».
Plus qu’un choix
Pour le ministre, qui était mardi 28 octobre l’invité du Forum de la MAP, la transition énergétique s’avère être une obligation beaucoup plus qu’un choix. Il faut donc, a préconisé le ministre, diversifier nos ressources d’énergie et faire cap sur les énergies renouvelables. L’effort consenti par le Maroc a pour objectif de répondre à la hausse incessante de la demande énergique qui atteindrait 70.000 GW en 2025, alors qu’elle ne dépassait pas les 25.000 GW.
Une nécessité dans la douleur
Expliquant le choix du thème du Forum de la MAP lors de cette rencontre, Abdelkader Amara a fait état des nombreux chantiers dont l’objectif premier est justement de faire face à la demande énergétique qui ne cesse de grandir. «La transition énergétique initiée en 2011, a précisé le ministre, n’était pas un choix, mais bel et bien une nécessité qui s’est faite dans la douleur».
En fait, a poursuivi le ministre, ce sont les délestages électriques de 2007-2008 qui ont ouvert les yeux au gouvernement sur la vulnérabilité énergétique du pays et qui, de ce fait, l’ont amené à revoir ses cartes en matière de sécurité énergétique et à assurer aujourd’hui (et dans un avenir proche) la diversification du bouquet énergétique. Là aussi, le ministre Amara n’a pas caché sa confiance quant au potentiel du Maroc en matière d’hydrocarbures. Chiffres à l’appui, il a fait remarquer que les bassins sédimentaires, y compris l’offshore, sont estimés à 900.000 km2 et que 400.000 km2 seulement passent sous la loupe de la prospection pétrolière.
Un bouquet énergétique
Le Maroc dispose d’importantes potentialités volet-énergie renouvelables, particulièrement pour ce qui est des vents et du soleil. Et Amara de poser une question: pourquoi le Maroc n’opte-t-il pas pour d’autres sources d’énergie, pour un autre bouquet énergétique? «Lorsque nous parlons de transition énergétique, a-t-il expliqué, ceci veut dire que nous ferons intervenir les énergies renouvelables dans le bouquet énergétique en question. Il s’agit là d’une décision stratégique qui dépend de la vision du Maroc de son avenir énergétique».
Le dossier Talsint est toujours présent dans les mémoires. Aussi le ministre Amara s’est-il voulu réconfortant tout en évitant de verser dans l’utopie. «Nous n’avons pas de complexe Talsint. Nous en avons au contraire tiré les leçons qui s’imposaient».
Explorer ailleurs
Et pour montrer qu’il faut garder les pieds sur terre, le ministre a précisé: «Il n’y a pas aujourd’hui de prospections pétrolières qui peuvent changer le taux énergétique». Et de poursuivre: «Ce qui détermine la présence ou non de pétrole, ce sont les prospections dans un endroit précis. La découverte ou non de pétrole ou d’hydrocarbures ne veut nullement dire leur inexistence ou non, mais qu’il faut seulement explorer ailleurs. Ceci reste tributaire de notre savoir-faire et de notre capacité de convaincre et de maintenir sur place les grandes sociétés d’exploration pétrolière aujourd’hui au nombre de 34».
Réagissant à ce qui s’écrit dans certains médias, le ministre a répondu: «Il n’y a pas jusqu’à ce jour de découverte qui vaille la peine d’être relatée». Et de remettre les pendules à l’heure pour éviter toute surenchère ou éventuelle polémique sur ce grand dossier. Le ministre a précisé: «Les communiqués émanant des entreprises de prospection reposent uniquement sur des probabilités. Il s’agit là de pratiques naturelles et routinières, ce qui ne veut pas dire pour autant qu’elles ont découvert quelque chose à même d’être commercialisée». Et pour arrêter de rêver, Amara a lancé cette boutade: «Il ne s’agit là que de probabilités et, lorsque nous découvrirons du pétrole, c’est sûr que nous en aviserons la presse».
Les atouts du Maroc
Une chose est sûre, a conclu le ministre Amara: l’intérêt porté au Maroc est dû en fait à sa stabilité politique et aussi au fait qu’il est un pays qui passerait de pays frontière à pays prometteur. Et pour temporiser les ardeurs, il a donné un délai «de 2 à 3 années pour parler de découvertes susceptibles de nous permettre de réduire notre facture énergétique».
Mohammed Nafaa