Les élections ne sont pas très loin. Il s’en dégage d’ores et déjà une odeur de brûlé. Entre le Parti de l’Istiqlal et le PJD, les couteaux sont déjà tirés et tous les coups sont permis.
Le PJD (Parti Justice et Développement) a voulu en faire une affaire d’Etat. Le très controversé député du parti, Abdelaziz Aftati, aurait même évoqué le terme d’«Etat profond» qui aurait eu recours à ce procédé millénaire pour remercier certaines personnes ou certaines institutions (il s’agit dans le cas présent du Parti de l’Istiqlal). Celui-ci a bénéficié de la décision du ministère de l’Intérieur de découper 500 hectares sur les terres de la Commune d’Ouled Taïeb au profit de la Commune urbaine de Fès que dirige le secrétaire général du Parti de l’Istiqlal, Hamid Chabat.
Déclaration de guerre
Le PJD en a donc fait une affaire. Une campagne a été orchestrée par le chef du groupe parlementaire à la Chambre des députés, Abdallah Bouanou, qui a refusé d’avaler la couleuvre. Du coup, la guerre des déclarations a été déclenchée, soutenue par les médias istiqlalien (Al Alam) et du PJD (Attajdid) et tous les mots ont été sortis et utilisés pour appuyer les thèses respectives.
Un camouflet
«Al Alam», habitué de longue date à ce genre de guéguerres, a sorti les armes lourdes pour neutraliser ses adversaires. Son quotidien arabophone a considéré que Abdelilah Benkirane, chef de gouvernement et patron du PJD, a infligé un véritable camouflet aux députés.
L’Intérieur a tranché
Bouanou et Aftati ont été les instigateurs de cette polémique, laquelle, somme toute, ne rend pas service aux amis de Benkirane, mais bien plus les met dans une mauvaise posture. Le ministère de l’Intérieur a coupé court à cette polémique en tranchant en faveur de l’istiqlalien Hamid Chabat et en officialisant la décision du ministre de l’Intérieur, Mohamed Hassad, de découper 500 hectares des terres de la Commune Ouled Taïeb au profit de la Commune urbaine que dirige l’adversaire n°1 du PJD, le SG de l’Istiqlal. Le tout a été couronné par la publication de la décision en question au Bulletin officiel du 30 octobre 2014.
La guerre reprend de plus belle
Considérant cet acte de véritable rapt, les députés Abdallah Bouanou et Abdelaziz Aftati n’ont pas avalé leur langue, jurant que l’affaire n’est pas close et que la guerre, bien au contraire, reprendra de plus belle et qu’il y aura assurément d’autres suites pour élucider le dossier.
L’Etat profond
En réponse à une question du «Reporter» concernant la décision de découper les 500 ha par laquelle le scandale est arrivé, le député Aftati a minimisé la présumée implication du chef de gouvernement dans la prise de cette décision en avançant: «La décision publiée dans le Bulletin officiel ne concerne nullement Abdelilah Benkirane, mais plutôt l’Etat profond».
Les Istiqlaliens affichent, en ce qui les concerne, une grande sérénité. «Nous sommes dans la légalité, forts de la décision de qui de droit (le département de l’Intérieur) et du Secrétariat général du gouvernement qui a validé le dossier en nous donnant raison», nous a confié un député istiqlalien. Un autre député du PI voit dans «ce tapage» les prémices d’une campagne électorale prématurée. Preuve en est que les PJDistes font véhiculer des rumeurs et allégations selon lesquelles ce qu’ils qualifient d’«Etat profond» (Addaoula Al Amika) aurait fait une transaction avec les Istiqlaliens, à savoir la validation de la décision de découper 500 ha des terres d’Ouled Taïeb à leur profit, en contrepartie d’une alliance avec le PAM (Parti Authenticité et Modernité)… Et le député istiqlalien de conclure: «Les frères de Abdelilah Benkirane peuvent continuer de rêver, mais ils ne mettront jamais les pieds en terre fassie; l’histoire serait trop cruelle si elle leur accordait cette faveur».
Mohammed Nafaa