Mohamed Elfane, président de la Fédération marocaine de la franchise (FMF), a accordé à la MAP une interview dans laquelle il exprime son point de vue quant à l’impact de la crise sanitaire actuelle sur le secteur du commerce de détail ainsi que sur les perspectives qui se dessinent à l’horizon.
Dans cet entretien, M. Elfane estime que la relance de l’économie se fera progressivement et le secteur ne pourra retrouver sa vitesse de croisière qu’à partir de la fin de l’année prochaine.
Quel état des lieux faites-vous aujourd’hui du secteur du commerce de détail surtout non alimentaire ?
70% des enseignes et commerces opérant sur les grandes métropoles ont connu une baisse d’activité mais arrivent à maintenir le cap. Des fermetures, des plans d’ouvertures suspendus, des emplois perdus….. Les enseignes broient du noir dans ce manque d’incertitude et de visibilité.
Face à ce contexte de grande crise, le Comité exécutif de la FMF, porte-parole des acteurs du secteur, se mobilise auprès des acteurs pour la préservation et le maintien des emplois afin d’éviter un plan de licenciement prévisionnel estimé à 20% des emplois du secteur d’ici la fin de l’année 2020.
Le secteur, considéré comme l’un des plus pourvoyeurs d’emploi au Maroc, subit aujourd’hui de plein fouet les effets et répercussions de cette conjoncture.
Quel est l’impact des mesures prises jusqu’à maintenant en appui à ce secteur ? quelles sont les mesures additionnelles que vous estimez nécessaires pour relancer les ventes ?
La FMF, à travers l’ensemble de ses membres, a tenu plusieurs réunions en interne et avec des partenaires externes pour proposer des mesures concrètes de soutien au secteur pour l’aider à redémarrer progressivement. Ces mesures ont ensuite été présentées et adressées aux organisations professionnelles et autorités compétentes avec un suivi régulier de notre part. Nous en citons les principales :
– Valider l’annulation de la Taxe professionnelle pour l’année en cours et l’exonération de 50% de cette taxe pour l’année prochaine;
– Permettre la récupération à très court terme du butoir de la TVA due par l’Etat aux entreprises du secteur à travers le mécanisme bancaire déjà en place;
– Accompagner la reprise de la consommation à travers la suppression des parts patronales des charges sociales en vue d’alléger d’une part la trésorerie de l’entreprise pour la préservation des emplois et le maintien du niveau des salaires des collaborateurs. Également, il est à souligner l’importance de la suppression ou de la réduction significative de la TVA sur la consommation.
– Anticiper les pertes d’emploi prévisionnelles à travers la mise en place de l’indemnité de perte d’emploi pour contrer le chômage qui tendra à l’augmentation d’ici la fin de l’année;
– Élargir le programme de consultance technique spécial COVID-19 lancé en faveur des TPME industrielles pour la relance de leur activité avec une prise en charge de 80% aux entreprises opérant dans la franchise et le commerce en réseau.
– Relancer la commande publique au niveau régional et national, tout en s’appuyant sur un quota de 30% en faveur des prestataires TPME en vue de les encourager et leur faciliter des débouchés pour leur activité.
– Remédier à la problématique des loyers auprès des bailleurs privés (particuliers) :
– Élargir les critères d’éligibilité pour l’accès au programme INTILAK afin de dynamiser la création d’entreprises et d’emploi.
Quelles sont les perspectives de ce secteur à la lumière de la crise actuelle et la prolongation de l’état d’urgence ?
La relance de l’économie ne se fera pas en rebond, mais progressivement. Les différents secteurs de l’économie ont été touchés à des degrés différents et devront avoir pour chacun un plan de relance spécifique qui privilégiera le maintien des emplois, le renouveau avec la croissance et la stabilité des fondamentaux de l’entreprise.
Notre secteur est parmi ceux qui ont été le plus impactés par cette crise du fait de la fermeture de nos commerces, source exclusive de nos chiffre d’affaires. Selon nos estimations, et avec la mise en place de mesures exceptionnelles par les autorités compétentes, le secteur ne pourra retrouver sa vitesse de croisière qu’à partir de la fin de l’année prochaine.
LR/MAP