Appelés à entériner une révision constitutionnelle censée fonder une « nouvelle République », les Algériens ont boudé massivement les urnes lors d’un référendum qui s’est tenu en l’absence de son initiateur, le président Abdelmadjid Tebboune, hospitalisé en Allemagne après avoir été diagnostiqué positif au nouveau Coronavirus (Covid-19).
Les 61.000 bureaux de vote ont fermé dimanche 1er novembre 2020 à 19H00 (18H00 GMT) et l’on semblait s’acheminer dans la soirée vers une abstention record et un revers cinglant pour le régime en place.
Faible taux de participation
Le taux de participation, seul véritable enjeu du scrutin boycotté par l’opposition et les militants du Hirak, n’était que de 18,44 % à 17H00, selon Mohamed Charfi, président de l’Autorité Nationale Indépendante des Elections en Algérie (ANIE).
La victoire du « oui » ne fait cependant guère de doute selon les observateurs de la scène politique algérienne, tant la campagne électorale, qui a laissé la population largement indifférente, a été à sens unique. En effet, les opposants au référendum constitutionnel n’ont pas été autorisés à tenir de meetings publics. En même temps, les partisans du « Hirak », mouvement antirégime inédit et pacifique, ont prôné le boycott tandis que les islamistes appelaient à voter « non ».
Grand absent du scrutin, le président algérien Abdelmajid Tebboune, 74 ans, hospitalisé depuis le 28 octobre 2020 en Allemagne pour des « examens approfondis » après l’annonce de cas suspects de Coronavirus dans son entourage, selon la présidence. Son épouse a voté pour lui par procuration dans une école d’Alger.
La répression contre les manifestants se poursuit
Les réseaux sociaux ont fait état d’incidents et de marches nocturnes, urnes en Kabylie. De nombreux bureaux de vote n’ont pas ouvert dans cette région, selon des médias locaux. Des interpellations ont même eu lieu à Alger et à Tizi Ouzou, selon le Comité National pour la Libération des Détenus (CNLD).
Le président Tebboune a fait de la révision de la Constitution son projet phare et a exprimé sa volonté de tendre la main aux manifestants du Hirak populaire. Mais les manifestants et figures du mouvement de protestation ont rejeté « sur le fond et la forme » une initiative perçue comme un « changement de façade », incitant au boycott du référendum. Tous réclament depuis février 2019, un profond changement du « système » en place depuis l’indépendance. En vain jusqu’à présent, même si le mouvement a poussé Abdelaziz Bouteflika à la démission en avril 2019 après vingt ans de règne.
De fait, la nouvelle Constitution n’offre pas de changement politique majeur. Elle maintient l’essentiel d’un régime corrompu jusqu’à la moelle et élargit même les prérogatives de l’armée. Selon le CNLD, quelque 90 personnes sont actuellement derrière les barreaux, pour avoir appelé au changement radical du système en place depuis l’indépendance de l’Algérie en 1962.
LR/AFP