Le département de Rachid Belmokhtar (photo) a décidé de prendre le taureau par les cornes. Il vient d’incriminer la pratique des cours de soutien.
Enfin, le ministère de l’Education nationale et de la Formation professionnelle se penche sur cette douloureuse pratique qui, depuis des années, saigne à blanc le budget des parents et grève leurs modestes revenus, à savoir les cours de soutien. Il a quand même fallu des années avant que cette pratique ne tombe dans des oreilles à ouïe développée et que le premier responsable de l’Education nationale de ce pays s’en saisisse et prenne des mesures.
Une première décision a été l’annonce d’une circulaire ministérielle, laquelle a été généralisée à toutes les académies régionales de l’Education nationale et de la Formation professionnelle, leur demandant de prendre les mesures qui s’imposent pour impliquer les parents d’élèves et leur permettre de dénoncer les enseignants qui sont responsables de telles pratiques qui grèvent les budgets des parents d’élèves. La circulaire appelle les académies à traiter avec rapidité, vigilance et sévérité les réclamations des intéressés. Elle insiste par ailleurs sur les poursuites disciplinaires à l’encontre de tout contrevenant pris en flagrant délit de donner des cours de soutien qui sont la plupart du temps très bien rémunérés et sur la mise en œuvre des dispositions juridiques et organisationnelles en vigueur.
Cette circulaire qui, de toute évidence, a tardé à voir le jour, est la résultante de nombre de réclamations des parents d’élèves que les enseignants saignent tout au long de la scolarité de leurs enfants.
En effet, les prix des cours de soutien varient de 50 à 400 dirhams l’heure, surtout pour ce qui a trait aux matières scientifiques, mathématiques, de physique-chimie ou d’économie. Là, les enseignants qui chapeautent ces disciplines s’en mettent plein les poches. «Normal, nous a dit un parent d’élèves -il a trois enfants de différents niveaux- que le prof, qui me soulage de 1.000 DH par heure ou par mois pour d’autres, circule en 4×4, habite un luxueux appartement et mène la vie comme un bourgeois gentilhomme».
Ils sont nombreux à tenir ces propos. L’un deux nous a confié: «Chaque année, je me promets de mettre fin à mon statut d’assujetti avec ce prof, mais je me heurte à ses menaces à peine voilées qui me forcent à rester esclave de son cours de soutien. Le prof de mon enfant m’a dit: »Votre enfant est trop faible en maths et si vous arrêtez de lui faire prendre des cours de soutien, c’est sûr qu’il ne passera pas le cap du bac. C’est vous qui voyez… ». Il était tellement convaincant que j’ai cédé malgré moi et mis la main à la poche».
La circulaire du département de Rachid Belmokhtar insiste aussi sur l’intensification des contrôles pédagogiques et des exercices, ainsi que sur la façon de les corriger et de les noter pour éviter tout ce qui est de nature à entraver le principe d’équité des opportunités entre les élèves et ce qui les pousse à recourir aux cours de soutien.
D’après le ministère de l’Education nationale et de la Formation professionnelle, les mesures qui seront prises contre les enseignants qui dispenseront à l’avenir des cours de soutien -franchement souhaitées par ceux qui s’y plient pour garantir à leurs enfants de continuer leur parcours dans les meilleurs conditions- visent à limiter (sinon à y mettre fin) de telles pratiques que la loi et la morale incriminent.
C’est au tour maintenant de la société civile, des enseignants eux-mêmes parents et des associations de parents d’élèves de se solidariser et d’œuvrer de concert pour que cette pratique disparaisse et pour que le prof devienne celui dont on avait dit qu’il «aurait pu être prophète».
Mohammed Nafaa