Valery Giscard d’Estaing | Un président français qui aimait le Maroc

Valery Giscard D’estaing Vge

Lors de la victoire de François Mitterrand à la présidentielle de 1981, l’inquiétude a saisi les Marocains. Ils craignaient l’arrivée au pouvoir d’un président de gauche réputé pro-algérien à la place d’un président de droite considéré comme pro-marocain.

Fort heureusement Mitterrand était suffisamment fin et intelligent pour ne pas céder à ceux qui dans son camp voulaient diaboliser puis ostraciser le régime marocain. Valery Giscard d’Estaing (VGE) aimait le Maroc. Il a été dit un jour que c’était finalement le seul point commun qu’il avait avec Chirac.

Le président Français a révolutionné la communication. J’en prendrai un exemple qui concerne le Maroc et auquel j’ai eu l’honneur de participer. VGE a répondu positivement à une demande du Roi Hassan II. Ce fut la naissance de Medi 1. Aujourd’hui dans un paysage audiovisuel très diversifié, il est difficile de comprendre le choc qu’a été la création de ce nouveau media. Certains de nos lecteurs savent que j’ai participé à son lancement. Le succès de Medi 1 a été incroyable. L’objectif était de changer l’image du Maroc à l’international et de faire évoluer le vocabulaire politique et journalistique. C’était la volonté du Roi passionné comme son homologue français de communication. Le Royaume se dotait d’une radio plus libre que ses autres médias avec une rédaction  et des programmes bilingues. Au début, Medi1 ne traitait que des problèmes internationaux mais avec un langage moderne et une couverture de l’actualité précise et réactive. Cette radio a été le média dominant non seulement au Maroc mais dans tout le Maghreb. Et ce projet-Giscard n’a jamais été remis en cause pendant la période Mitterrand, grâce -il faut le dire- à la compétence et l’habileté de son directeur général, le marseillais Pierre Casalta.

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Le rêve du président français était de moderniser la France.

«Au regard de certains de ses successeurs, son bilan ne manque pas d’allure. L’histoire n’a pas encore rendu justice à ce Président incompris», commente Jean-Michel Salvator dans Le Parisien. «Un peu oublié» des Français, VGE, qui certes a quitté le pouvoir «il y a presque quarante ans», aura été «l’artisan d’une modernisation du pays dont il ne sera jamais crédité», estime-t-il.

Valéry Giscard d’Estaing l’Européen, titre d’ailleurs Le Figaro en Une. «Cette belle conviction européenne, portée haut jusqu’au bout de sa vie politique» est aussi saluée par Paul Quinio, comme «toutes ces réformes sociétales qu’il a rapidement mises en œuvre après son élection». Mais il «n’aura pas tenu la distance de son propre septennat, relégué par le Giscard conservateur, le vrai, plus sincère en tout cas», pense l’éditorialiste de Libération qui, sur le site Internet du journal, titre «Un septennat et au revoir». Pour L’Opinion, quotidien libéral, VGE fut un «modernisateur sous-estimé »  qui «a considérablement dépoussiéré la société et libéralisé l’économie». Pour L’Humanité, journal du parti communiste, «son septennat aura été marqué par des évolutions sociétales comme le droit à l’avortement, mais aussi l’installation du chômage de masse et un abaissement de l’intervention de l’État au nom de la compétitivité économique».

Finalement, le Giscardisme c’est quoi ? C’est «l’incarnation d’une droite libérale et pro-européenne», analyse La Croix. Sa présidence fut également marquée par l’affaire des diamants de Bokassa, «le boulet du septennat giscardien», selon Le Monde.

À l’étranger, que dit la presse ? Pour le Frankfurter Allgemeine Zeitung, «l’unification de l’Europe et l’amitié franco-allemande font partie de l’œuvre de sa vie», Le Soir de Bruxelles se souvient de «l’homme qui voulait moderniser la France» et pour le Corriere della Sera, il fut «un aristocrate qui a su moderniser la société civile». Comme le rappelle aussi L’Équipe, le «troisième président de la Ve République restera le premier à s’être mis en scène en sportif. Skieur et joueur de tennis amateur, il avait amené le Tour de France sur les Champs-Élysées».

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Il est vrai que cette présidence a été oubliée et reprend seulement sa juste place. Mais cela est dû aussi à l’attitude de Giscard lui-même. Il n’a jamais compris sa défaite et surtout il ne l’a  jamais acceptée. Son «au revoir» à la télévision en est le symbole médiatique. Il est resté cloitré puis distant. Il a tenté un  retour par la base, mais son temps était passé. Sa famille politique lui a préféré Balladur qui a échoué face à Chirac. Il n’a surtout jamais pardonné à Chirac sa trahison, on sait que ce dernier par détestation de Giscard, avait poussé ses troupes à faire voter Mitterrand. Mais Chirac estimait que Giscard avec son mouvement de centre droit avait torpillé bien avant, l’héritage gaulliste qu’il représentait. En politique on est toujours le traite de quelqu’un.

Un épisode des vielles haines de la droite française qui paraissent inextinguibles, mais qui tourne une page avec, après la disparition de Chirac, celle de Giscard.

Quand à la comparaison Giscard-Macron, elle est évidente même si les époques ont changé. Le président Macron sait que réformer ne garantit pas la popularité et que la popularité de la nouveauté est bien éphémère.

Patrice Zehr

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