La ZLECAF | Une opportunité stratégique pour l’Afrique post Covid-19

Zone De Libre échange Continentale Africaine Zlecaf

L’Afrique, aux multiples atouts et aux immenses potentialités (démographiques, naturelles, géostratégiques, etc.) largement sous exploitées et très en dessous des attentes et des aspirations des Africaines et des Africains, est déterminée à développer sa riposte à travers le plan d’action continental qu’est le programme de développement durable à l’horizon 2030 et l’Agenda 2063.

Dans l’optique de réalisation de ce plan Marshall africain aussi révolutionnaire que prometteur, est née l’idée de la création de la zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF).

Les premières réflexions autour de la création de cette zone datent de 2012, lors de la tenue de la 18ème session ordinaire de la Conférence de l’Union Africaine qui constitue l’organe suprême de l’UA et où siègent les chefs d’États et les chefs de gouvernements des États membres (ou en l’occurrence leurs représentants habilités).

En 2018, le projet se concrétise par la signature d’une quarantaine de pays, dont le Maroc, lors du Sommet de Kigali au Rwanda. En Juin 2019, le parlement marocain adopte le projet de loi numéro 11.19 portant sur la ratification de l’Accord de création de la ZLECAF, signé le 21 mars 2018.

La ZLECAF vise à faciliter et à renforcer l’intégration économique et commerciale interafricaine. Les communautés économiques régionales (CEN-SAD, COMESA, CAE, SADC, CEEAC, UMA et la CEDEAO) sont les pierres angulaires de la ZLECAF.

La ZLECAF est un ambitieux Framework qui permettrait au continent africain de renforcer son positionnement sur l’échiquier international, de stimuler la croissance économique et de se développer plus rapidement de façon durable, inclusive et intégrée.  

Actuellement, le commerce interafricain ne représente que 15% de l’ensemble des échanges totaux du continent. Ce constat est encore plus accentué en Afrique du Nord où les échanges extérieurs nationaux au niveau de cette zone ne dépassent pas 5%. Avec la nouvelle zone de libre-échange, le taux des échanges commerciaux interafricains pourrait passer à plus de 52% avec l’élimination des droits de douane et des barrières tarifaires à l’importation.

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La ZLECAF sera la zone de libre-échange la plus peuplée au monde avec un marché d’un potentiel de 1,2 Milliard d’habitants avec un produit intérieur brut cumulé de 2.500 Milliards de dollars.

Selon un rapport de la banque mondiale, la ZLECAF pourrait apporter à l’Afrique 450 Milliards de dollars de revenus supplémentaires.

Via la mise en œuvre de cette zone, l’Afrique devrait mieux confronter ses défis et pallier ses nombreuses fragilités: chaînes de valeur très sous-développées, marchés fragmentés, barrières tarifaires et réglementaires, faible pouvoir de négociation à l’échelle internationale, micro-économies nationales, etc.

LA ZLECAF constitue une véritable opportunité pour contrer les impacts néfastes socio-économiques de la crise sanitaire mondiale et inédite du COVID19.

Le COVID19 a retardé le lancement effectif de cette zone désormais fixé au mois de Janvier 2021 avec un démarrage progressif des échanges commerciaux.

La ZLECAF serait un véritable catalyseur pour la reprise économique. Elle ouvrirait la voie vers d’autres marchés et possibilités de développement, notamment, pour le secteur privé qui a été très lourdement touché: arrêt de certaines activités, difficultés d’approvisionnement, apparitions de tendances nationalistes protectionnistes impactant les exportations et les importations, changement des habitudes de consommation, etc.

Ce projet continental permettrait, à court et à moyen termes, d’amortir la crise économique engendrée par la pandémie. Et, à long terme, permettrait au continent de développer une certaine forme de résilience économique face à d’éventuelles futures crises, qu’elles soient de nature épidémiologique ou autre.

Afin de garantir la réussite de ce tournant historique qui changerait à jamais la réalité africaine, les États signataires de cet accord, devront œuvrer pour créer les convergences nécessaires sur plusieurs niveaux. A titre d’exemple, les cadres actuels réglementaires et économiques hétérogènes des pays complexifient la donne.

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L’atteinte des objectifs fixés par ce projet est strictement tributaire de l’existence d’une réelle volonté politique portée aux plus hautes sphères des États membres et partagée par l’ensemble des constituantes des nations (gouvernements, institutions, secteur privé, etc.).

Un travail important est à réaliser pour l’harmonisation des pratiques, des normes et des réglementations législatives. L’adhésion, en l’occurrence, des parlements nationaux est capitale pour réaliser cette mission.

Il faudrait mettre en place, entre autres, les règles d’origine afin de protéger, de manière prioritaire, les pays membres.

La ZLECAF devrait s’appuyer sur un dispositif de suivi aux missions et aux prérogatives bien claires. Ce dispositif devrait être doté d’un modèle de gouvernance adapté et rationnel.

D’un autre côté, toutes les réflexions nationales sur la revue et l’amélioration des projets de développements nationaux devraient se faire dans le cadre d’un modèle de développement continental afin de créer l’interopérabilité requise et souhaitée entre les différentes politiques économiques des nations membres.

La création de la ZLECAF est une nécessité hautement stratégique.

Dans un contexte international globalisé de plus en plus complexe et présentant de nombreux défis communs, les États ont tendance à s’organiser en des configurations de collaboration multilatérale.

La Zone de libre-échange continentale a la capacité d’élargir et de booster considérablement les perspectives de développement panafricain post COVID19. C’est une occasion idoine et une voie d’excellence vers le progrès et la prospérité de tout le continent.

Mlle Ibtissame Azzaoui

Ingénieur d’Etat, Lauréate de l’Ecole Centrale Paris et de l’EHTP

PhD Researcher

Députée et membre de la commission des affaires étrangères  

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